Le moins que l'on puisse dire,
c'est que Jorge Mata, fondateur de MyAlert.com,
voit les choses en grand. Cet ancien ingénieur en télécommunication
chez AT&T Laboratories a lancé en mai 99 un portail
dédié aux utilisateurs de téléphones
mobiles qui propose des services gratuits de messagerie via
SMS ou Wap (proposition d'achats, ventes aux enchères,
alertes et actualité). Son projet est clairement européen.
Cinq marchés prioritaires ont été identifiés
: l'Espagne, où est né le projet, la France,
l'Italie, la Grande-Bretagne et l'Allemagne. "Nous nous
positionnons comme le premier portail mobile à personnaliser",
explique Jorge Mata. Toutefois, dans le "business model",
l'aspect portail représente l'infime partie du chiffre
d'affaires. MyAlert.com compte vendre ces services à
des opérateurs de télécommunications
ou à des acteurs du "m-commerce". Ainsi,
en 2001, la partie messagerie représentera 80% de son
chiffre d'affaires, le reste des revenus provenant de son
portail. Cette année, la société compte
réaliser un chiffre d'affaires de 2,5 millions d'euros.
Son principe est simple : l'internaute remplit un formulaire
d'inscription en ligne sur le site et précise ses centres
d'intérêt. MyAlert.com se charge par la suite
de lui envoyer fréquemment des messages sur son téléphone
mobile susceptibles de l'intéresser. Depuis l'arrivée
de MyAlert.com en France, en octobre 99, des accords ont été
signés avec les trois plus importants opérateurs
de téléphonie mobile (SFR, Bouygues Telecom
et Itinéris). D'autres touchent plus directement des
éditeurs de sites web médias ou d'e-commerce,
comme L'Equipe.fr, Sport O'FM, Chateau Online, Omniticket
(billeterie) mais aussi RESpublica (communauté) ou
La Hénin Vie (assurance).
Pour l'instant, le bureau français
enregistre 112.000 utilisateurs français de MyAlert.com
(sur 1,9 million d'inscrits globalement). "Nous sommes
dans la phase d'acquisition et d'éducation clients.
La prochaine étape sera celle de la consommation",
explique Ilan Levi, directeur France et Bénélux
et ancien collaborateur de France Télécom-Wanadoo.
Seul limite à ce concept : lors de messages commerciaux,
MyAlert.com peut uniquement indiquer un numéro de téléphone
de centre d'appel car il est actuellement impossible de gérer
le "retour tuyau". "Pour le moment, on se rend
compte que le SMS est un outil de communication totalement
sous-exploité. Quant au Wap, nos considérons
que c'est une technologie intermédiaire en attendant
le GPRS et l'UMTS", explique Ilan Levi.
MyAlert.com veut également afficher ses compétences
réseau de télécommunications. Doté
d'une solide équipe de managers, elle dispose d'un
effectif d'une centaine de collaborateurs, principalement
des ingénieurs. Autant d'atouts qui ont séduit
les investisseurs. Dès le début, le projet a
attiré l'attention de "business angels" comme
Pehing Chen (PDG de Broadvision) ou Stefan Roever (PDG de
Brokat). La société a réuni 50 millions
de dollars au cours de ses différents tours de table.
La majorité du capital appartient à des sociétés
d'investissement comme Nomura, 3i, CRI, BBVA, Partech, etc.
Jorge Mata détient encore 27% du capital. "Nous
n'avons pas pour objectif prioritaire d'entrer en Bourse.
Les conditions actuelles du marché ne nous encouragent
pas dans ce sens", indique Jorge Mata. C'est à
partir de 2003 que MyAlert devrait réaliser des bénéfices
net.
Avec quasiment un an d'expérience, Jorge Mata a tiré
quelques leçons de l'utilisation de tels services.
Il semblerait que ceux liés aux communautés
virtuelles remportent la plus grande adhésion. "Nous
observons que des alertes sur des sujets comme le chanteur
Ricky Martin ou l'envoi des titres de une de magazines people
type Ola avant la sortie en kiosque marchent bien, relate
le PDG de MyAlert. Et ça, ce n'était pas écrit
dans le business plan !"
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