Le Net
Quand les start-up se fédèrent pour passer le cap
Se retrouvant dans une impasse financière, certaines start-up n'hésitent plus à contacter leurs concurrentes pour tenter l'aventure ensemble. Une démarche qui intéresse les financiers. --> (Lundi 8 janvier 2001)
         

L'impossible tour de table. Tel est aujourd'hui le quotidien de bon nombre de start-up qui voient fondre leur trésorerie et vivent parfois au rythme de quelques rallonges financières injectées par des investisseurs. Une perfusion en attendant des jours meilleurs... "Il faut arrêter de se voiler la face, lance Antoine Bloch, le PDG d'Oraos, site dédié à l'art. Le marché de l'Internet, que chacun attendait il y a un an pour le début 2001, n'est pas au rendez-vous. Aujourd'hui, comme beaucoup d'autres start-up, nous avons juste quelques mois de visibilité devant nous. Si rien ne bouge, nous allons tous dans le mur." Lancé en juin dernier avec un fonds d'amorçage de 4,25 millions de francs, Oraos a pourtant réussi à boucler en septembre un tour de table de 10 millions de francs supplémentaires. "En novembre, nous avons lancé un catalogue de VPC papier. En un seul mois, cette opération nous a rapporté deux fois plus de chiffres d'affaires que notre boutique en ligne. Les réalités de l'e-commerce sont donc très floues..."

L'union fait la force...

Pour sortir de cette spirale start-down, Antoine Bloch a décidé d'entreprendre une démarche plutôt novatrice : contacter ses concurrents afin de se fédérer. "Pris individuellement, nous sommes tous des poids plumes. Mais en se regroupant et en jouant la complémentarité, nous pouvons peser suffisamment sur notre secteur pour devenir solvables." Antoine Bloch a ainsi approché une dizaine d'autres sites ancrés dans les domaines de l'art et de la culture. Certains n'ont pas répondu, d'autres "n'ont pas voulu jouer cartes sur table" et quelques-uns ont mordu. A l'image de Bookstorming, site sur l'édition du monde de l'art, et de Chronic'art. "La démarche m'a un peu surpris, explique Cyril De Graeve, directeur de la rédaction de Chronic'art. C'est une voie qui nous semble intéressante. Mais rien n'est fait et les choses ne sont pas simples..."

Derrière cette idée de fédération, "dans laquelle chacun apporte ses forces et non pas ses faiblesses", note Antoine Bloch, se profile évidemment le concept d'économie d'échelle. Même local, même infrastructure technique et... une seule équipe. Une véritable chasse aux coûts fixes tout en additionnant les audiences et bases de données respectives. Bref, un modèle proche des méga-fusions actuelles, mais à l'inverse. "D'abord, nous nous fédérons pour assainir les paramètres puis nous créons une véritable entité... J'espère y arriver d'ici février ou mars." Avec pour idée, ensuite, de peser suffisamment lourd pour intéresser un gros acteur de l'Internet en phase de croissance externe.

Une démarche qui séduit les financiers

Cette démarche intéresse aujourd'hui au plus haut point les investisseurs et capitaux-risqueurs, qui se retrouvent généralement avec des lignes mortes dans leur portefeuille. "La chute des valorisations laisse présager une arrivée en force de l'économie traditionnelle dans l'Internet, explique ainsi Damien Sauer, chargé d'affaires en fusions et acquisitions chez MGT, société spécialisée dans les levées de fonds. Pour survivre, il faut donc faire partie des leaders." Mais attention, la fédération de start-up n'est pas pour autant une recette miraculeuse, "deux boiteux ne donnant pas quelqu'un qui marche bien, poursuit Damien Sauer. Il faut une vraie complémentarité dans les activités et une véritable entente entre les deux managements."

Mais gardant le souvenir des sommes investies en 1999 et 2000 pour créer de nouvelles marques, les financiers préfèrent opter pour une formule 'A+B=A', A étant le leader, que 'A+B=C'. "Les besoins en trésorerie étant alors moins forts et les différents investisseurs se retrouvant de fait fédérés, le re-financement devient dès lors plus facile."

Ces opérations de consolidation, qui risquent de placer des troupes supplémentaires sur le carreau, dessinent donc une nouvelle porte de sortie sur un marché, l'Internet, qui a souvent vu arriver une brochette de concurrents directs dans un laps de temps très resserré. "Le mécanisme devrait séduire certains secteurs d'activité comme l'e-commerce, souligne Damien Sauer. Car, tout comme dans la distribution où les marges sont faibles, dans l'e-commerce, seuls les volumes permettent de s'en sortir. Mieux vaut donc se fédérer. Les opérations devraient s'enchaîner en 2001." La e-coopérative serait-elle née?

[Ludovic Desautez, JDNet]
 
 
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