Au
cours du Comité Interministériel de l'Aménagement
et du Développement du territoire (CIADT), Lionel
Jospin a annoncé à Limoges que 10 milliards de francs
de prêts bonifiés de longue durée seraient attribués
aux collectivités locales sur cinq ans pour les aider
à déployer des réseaux de télécommunication pour l'Internet
à haut débit. A ces fins, des fonds d'épargne,
provenant de la collecte du Livret d'Epargne Populaire
et gérés par la Caisse des dépôts et consignations
(CDC), seront mobilisés. Ceci permettra de faire
bénéficier les collectivités territoriales
de prêts à des taux préférentiels
de 4,95 % et pour une durée de 30 ans. Dans
le même but, la CDC investira 1,5 milliard de francs
sur ses fonds propres, a aussi indiqué le Premier ministre
au cours d'une conférence de presse à l'issue du CIADT.
"La Caisse des dépôts et consignations (CDC) investira,
sur ses fonds propres, 1,5 milliard de francs au cours
des cinq prochaines années et accordera des prêts de
longue durée bonifiés, en cofinancement avec le secteur
privé, à hauteur de 10 milliards de francs ", a-t-il
annoncé.
Soulignant
que l'accès au haut débit pour tout le territoire à
l'horizon 2005 "ne saurait être garanti par le seul
jeu du marché", Lionel Jospin a affirmé que le gouvernement
"refusait ce risque". "Nous nous donnons aujourd'hui
les moyens de répondre à un défi comparable à ce que
fut hier, pour le développement de notre pays, le raccordement
à l'électricité ou au chemin de fer", a-t-il dit. Pour
y parvenir, un dispositif de soutien aux projets locaux
est mis en place. Il est notamment envisagé la
possibilité d'un recours aux infrastructures
du Réseau de Transport d'Electricité (70.000
km de ligne à haute et très haute tension qui dessert
toutes les agglomérations de plus de 5.000 habitants)
pour le déploiement des réseaux de télécommunication
en fibre optique. La solution serait alors d'enrouler
les fibres optiques le long des lignes électriques
pour desservir une partie des zones encore enclavées.
Selon un porte-parole du Premier ministre, "la
mutualisation des infrastructures est un autre aspect
envisagé en raison des coûts de développement.
Même France Télécom semble indiquer
que pour porter l'ADSL à peu près partout,
il leur manque actuellement 40. 000 km de fibre
optique".
A
côté de ces mesures pour les infrastructures,
le CIADT a également mis l'accent sur un renforcement
des lieux publics d'accès en zone rural et sur
une amélioration de la desserte haut-débit
des établissements d'enseignement supérieur
mais aussi du monde éducatif. Trois écoles
de l'Internet dédiées à la formation
aux technologies et aux applications du Net verront
également le jour, d'ici 2003, à Marseille,
Bourges et Roubaix-Tourcoing. Enfin, le e-learning n'est
pas laissé de côté puisqu'un "campus
numérique", doté d'un budget de 60
millions de francs, devrait voir le jour dans le but
de "rendre accessible au plus grand nombre les
enseignements délivrés dans les universités
françaises et étrangères".
Lionel
Jospin a souligné que "le développement des infrastructures
de télécommunication pour la téléphonie mobile et la
mise en place de réseaux pour l'utilisation de l'Internet
à haut débit sont de plus en plus déterminants pour
l'avenir des zones peu peuplées ou économiquement défavorisées."
Toutefois, il n'a malheureusement pas été
fait état du problème du coût des
abonnements haut-débit. Le gouvernement s'est
contenté de mettre en avant l'échéance
de 2005, sans pour autant s'inquiéter de la question
des conditions d'accès abordables au haut-débit.
Une donnée pourtant cruciale pour la réduction
de la "fracture numérique".
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