La
fin d'une époque pour la Net-éco. Face
à l'inaccessibilité et à la morosité
persistantes des marchés financiers, les grands
comptes américains s'interrogent aujourd'hui
sur l'intérêt réel des spin-off
Internet. Les principaux griefs reprochés à
ces stars d'hier : des pertes financières
répétitives, une image de marque écornée,
des partenariats commerciaux et capitalistiques trop
larges, des ressources humaines trop indépendantes
et des développements qui finissent par faire
doublon avec la maison-mère. A cette liste, s'ajoute
désormais l'attrait
croissant du "click & mortar" et du multi-canal.
Deux concepts qui tendent à remarier maison-mère
et filiale Internet.
Aux
Etats-Unis, le coup d'envoi symbolique de ce vaste mouvement
a été lancé en avril dernier. NBC,
le réseau de télévision appartenant à General Electric,
décide alors de rapatrier l'ensemble de ses activités
Internet, intégrées dans NBCi,
afin de procéder à une restructuration de fond. Cette
filiale, qui dispose de plusieurs portails majeurs (NBC.com,
Snap.com, MSNBC.com, Xoom.com...), affiche sur l'exercice
2000 une perte nette de 187,5 millions de dollars pour
un chiffre d'affaires de 122,9 millions. Coté
sur le Nasdaq, le titre NBCi a caracolé à
100 dollars en janvier 2000 avant de plonger, en mars
dernier, sous la barre du dollar. De quoi émoustiller
la maison-mère. NBC
a donc lancé une OPA sur sa propre filiale Internet
afin de récupérer les 61,4% du capital qui n'étaient
plus sous son contrôle. Coût prévu de l'opération :
85 millions de dollars. Dans les mois à venir,
NBC compte profiter de sa nouvelle main mise pour remettre
de l'ordre dans ses activités Internet. Licenciements,
fermeture de certaines activités et réintégration
dans les métiers historiques du groupe seraient
déjà au programme.
Plus
récemment, courant juillet, le secteur des cybermarchés,
marqué par la fermeture de Webvan, a lui aussi
entamé la chasse aux spin-off. Le distributeur
néerlandais Ahold,
qui dispose de 58% du cybermarché Peapod,
a ainsi lancé une OPA afin de reprendre l'ensemble
du capital du site coté sur le Nasdaq. Ici, la facture
atteindrait les 35 millions de dollars. Dans la foulée,
et coup sur coup, les deux distributeurs Wal-Mart
et Kmart viennent d'annoncer également leur volonté
de reprendre le contrôle de leurs activités
Internet. Wal-Mart va ainsi racheter les parts détenus
par le fonds Accel Partners dans Walmart.com.
De son côté, Kmart compte reprendre les
40% de Bluelight
(son spin-off Internet) qui ne lui appartiennent pas.
Parmi les investisseurs présents dans ces 40%
se trouve notamment Softbank. Un
virage brutal qui pourrait bien mettre la puce à
l'oreille à certaines dotcorps européennes.
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