La passe de trois. Après les Editions Didier Richard et Adomos, MandrakeSoft est la troisième société à avoir réussi à entrer sur le Marché libre en moins d'une semaine dans un contexte pourtant difficile. Même si l'opération s'est effectuée sur un marché non réglementé, la performance du spécialiste des produits Linux est à souligner. Quatre sociétés américaines évoluant dans le même secteur, Lineo, LynuxWorks, Linuxcare and Turbolinux, avaient en effet dû repousser leur introduction sur le Nasdaq au cours du mois écoulé.

MandrakeSoft, qui bénéficiait d'une valorisation flatteuse à 20,6 millions d'euros soit près de 5 fois son chiffre d'affaires prévisionnel pour 2001, a réussi à placer auprès des investisseurs les 688.480 titres nécessaires à son inscription au prix de 6,2 euros. L'opération permet à l'entreprise présidée par Jacques Le Marois (Lire l'interview du JDNet) de récupérer 4,3 millions d'euros pour financer une partie de son développement.

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L'objectif de la société, qui emploie plus de 100 personnes en étant présente dans cinq pays, est désormais de convertir sa base d'utilisateurs en acheteurs réguliers de ses services et de ses produits. MandrakeSoft revendique notamment 33,9% du marché américain des ventes de détail de produits Linux au premier trimestre 2001. Son principale concurrent, l'américain Red Hat qui pèse plus de 100 millions de dollars de chiffre d'affaires, disposerait lui d'une part de marché de 32,3% selon PC Data. Pour rentabiliser son activité, Mandrake Soft dispose de plusieurs sources de revenus comme la vente de sa version Linux, commercialisée sous différentes formes, ou la fourniture de services associés comme le conseil stratégique et l'intégration sous Linux. Plusieurs sociétés d'envergure comme Donato Pizza, récemment rachetée par Mac Donald's, ou la Macif font déjà partie de son portefeuille de clients.

Malgré cela, la société qui vise un chiffre d'affaires de 4,3 millions d'euros cette année anticipe dans le même temps une perte d'exploitation de plus de 13,3 millions d'euros. La rentabilité n'est attendue qu'en septembre 2003 avec un chiffre d'affaires de 37,4 millions d'euros. Comme il est de coutume, la Commission des opérations de bourse (COB) avait d'ailleurs assorti son visa d'un avertissement sur les pertes de la société. Par ailleurs Mandrake Soft fait l'objet de poursuites aux Etats-Unis de la part du groupe de communication Hearst. Celui-ci affirme être propriétaire de la marque de bandes-dessinées "Mandrake The Magician" et estime que la confusion sur les marques pourrait lui porter préjudice. L'entreprise française a toutefois précisé dans son prospectus d'introduction "que dans l'hypothèse peu probable où elle serait contrainte d'abandonner l'exploitation de la marque, l'impact sur l'activité serait peu significatif". La société a d'ores et déjà provisionné 800.000 de dollars pour régler le litige.

A l'issue de son inscription le capital de Mandrake Soft sera entre les mains du management (30,52%), de fonds de capital risque comme Viventures (8,05%), BBS Finance (7,43%), Axa Placement Innovation (7,05%) et de personnes privés (18,79%). Les premières négociations sur le titre devraient débuter vendredi à la Bourse de Paris.