Après quatre jours
de fermeture, la Bourse américaine a rouvert
ses portes hier à New York. Contrairement aux
discours les plus sombres, les indices Dow Jones et
Nasdaq ont cédé environ 7% et en se réalignant
mécaniquement sur l'historique des quatre dernières
séances des places européennes. François
Chaulet, directeur général de Richelieu
Finance, analyse la réaction des marchés.
JDNet.
Malgré
des anticipations très pessimistes, les indices
américains n'ont pas véritablement sombré
à l'ouverture. Comment l'expliquez-vous ?
François Chaulet. D'abord la réaction
rapide de la Réserve fédérale américaine
(Fed) qui a fortement baissé ses taux. Ensuite
plusieurs mesures vigoureuses qui avaient été
prises aux Etats-Unis pour éviter la panique.
Outre la baisse des taux, l'injection de liquidités
par la Fed a également eu un impact. Les courtiers
se sont parallèlement certainement entendu pour
éviter des ventes massives qui auraient pu provoquer
la panique. Enfin, on notera également que la
SEC (équivalent de la COB en France, NDLR)
a autorisé rapidement beaucoup de sociétés
à procéder à des programmes de
rachats de leurs propres actions.
Mais toutes ces mesures
ne vont-elles pas avoir un effet masquant sur les indices
alors que les investisseurs semblent avoir de moins
en moins confiance ?
Non, je ne le pense pas. Les financiers n'ont d'ailleurs
pas été illogiques dans leur comportement.
S'il y a des secteurs touchés directement par
les attentats, à l'image des compagnies aériennes
ou des assurances, les prévisions sur le reste
de l'économie n'ont guère évolué
malgré le contexte actuel. On peut donc dire
que les mauvaises nouvelles sont pleinement inscrites
dans les cours. En tout cas, si les investisseurs avaient
voulu vendre massivement, ils auraient pu le faire hier
à l'ouverture. Or ils ne l'ont pas fait. Il n'y
a pas d'arrière-pensées de leur part selon
moi. Les cours actuels reflètent, à mon
sens, pleinement l'état d'esprit du marché.
A
la différence du secteur de l'assurance ou de
l'aviation, les technologiques ne sont pas directement
touchées par les attentats. Et pourtant les titres
ont encore énormément baissé cette
semaine alors qu'un palier semblait atteint ?
Pour une bonne partie des valeurs internet, la raison
est simple. Dans les période d'incertitude et
de peur, les investisseurs veulent des placements dans
des sociétés qui dégagent des bénéfices
et qui sont sûres de leur apporter des dividendes.
Or beaucoup de sociétés Internet ne gagnent
pas d'argent ou n'ont toujours pas prouvé leur
capacité à dégager des bénéfices.
Par ailleurs il existe une sorte de cercle vicieux sur
ces valeurs. Avec la chute continue des valorisations,
elles n'intéressent plus guère les gérants
de fonds en raison de leur petite taille. Fi System
en est un exemple puisque la valeur va peut être
sortir du SRD, ce qui risque de pénaliser le
titre. La sanction sur les technologiques est donc logique
même si elle peut paraître disproportionnée.
La majorité des web-agencies se payent ainsi
à peine 0,5 fois le chiffre d'affaires 2001.
Or, quel que soit l'avenir, ces sociétés
sont tout de même sur des marchés porteurs.
Mais on ne peut pas reprocher aux investisseurs de ne
pas vouloir courir le risque à l'heure où
le casque à boulons est de rigueur en Bourse.
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