Avec 8 millions de d'américains
qui ont utilisé les services de sites de photos
en ligne l'an dernier, le marché de la photographie
est actuellement l'un des plus convoités sur
Internet aux Etats-Unis. Ces chiffres ont poussé
une centaine de start-up et plusieurs compagnies d'envergure
comme Fuji ou Kodak à rapidement avancer leurs
pions sur l'échiquier pour ne pas perdre la bataille
de l'audience. (Lire le
tableau des acteurs aux Etats-unis) Mais si
le nombre d'utilisateurs a crû de manière
exponentielle, certains sites figurant même dans
les meilleurs audiences du Web toutes catégories
confondues, les revenus ont suivi une courbe beaucoup
plus douce.
La course effrénée à la conquête
d'utilisateurs ayant en effet masqué la fragilité
de certains business models.
Utilisation
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Appareils
photos numériques
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Services
de photos en ligne
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En
2000, 35% des américains ont visionné
un album photo en ligne
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9,4
millions d'appareils vendus en 2000. La croissance
en 2001 devrait être comprise entre 12 et
18 %
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Les
revenus du développement en ligne devraient
croître de 57% par an jusqu'en 2006 et représenter
4,4 milliards de dollars en 2005
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En
2000 15% des internautes ont créé
un album photo en ligne sur les sites communautaires
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Sur
Internet, la vente de produits associés
à la photographie devrait attendre 1,4
million de dollars en 2003
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En
2003, 11,5 millions d'Américains devraient
utiliser Internet pour gérer leurs photos
numériques. Les sites de photos en ligne
devraient accueillir près de 60 millions
de visiteurs uniques par mois.
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Source
Infotrend Research Group et Jupiter Communications
Pour les sites de partages de photos comme Photopoint
ou les services de développement en ligne comme
Zing.com, la publicité
est en effet longtemps restée la pierre angulaire
des modèles de revenus. Les sites entendaient
ainsi attirer une maximum d'utilisateurs en cassant
les prix du développement et en compensant les
faibles marges par de la publicité notamment
de la part des constructeurs. Mais avec le ralentissement
de la croissance de la publicitaire, une concurrence
accrue, et des dépenses marketing considérables,
les start-up ont rapidement déchanté.
L'un des sites les plus populaires, Zing.com a ainsi
fermé ses portes au début du mois de juillet
malgré le soutien de plusieurs investisseurs
de renom comme Kleiner Perkins. Photopoint a quant à
lui été absorbé par le fabricant
de logiciels Pantelic Software qui avait été
à l'origine du projet. Pour les autres, qui ont
eu les moyens financiers de tenir le choc et qui disposent
malgré tout d'une notoriété considérable,
la diversification des sources de revenus est devenue
essentielle. Shutterfly
une des rares start-up, survivantes du secteur, affirme
ainsi pouvoir être rentable dès le début
2002 en assurant que, désormais, "ses clients
payent 85% des tirages alors que l'an dernier 85% des
tirages étaient gratuits". A l'instar d'autres
acteurs le site propose désormais
la vente de CD regroupant les tirages numériques
ou la vente de produits dérivés comme
des tee-shirt frappé d'une photo choisie par
l'utilisateur. Et si le partage des photos, un service
qui a popularisé les sites du secteur, n'est
pas encore payant, les analystes pensent que cela ne
devrait plus durer longtemps.
Malgré ce logique mouvement de consolidation
le marché reste en tout cas explosif aux Etats-Unis.
Selon Infotrends, les revenus issus des services de
photographie en ligne devraient croître de 57%
par an jusqu'à 2006. Cette courbe de croissance
suit notamment celle de la vente d'appareils photos
numériques : 9,4 millions d'appareils ont été
vendus en 2000 aux Etats-Unis et plus du double devraient
encore trouver preneur cette année. Le marché
devrait ainsi atteindre 3,8
milliards de dollars en 2002 avec un taux d'équipements
des foyers américains proche de 20%.
Face
à ce phénomène couplé, les
géants de la photographie ne restent pas les
bras croisés et certains ont déjà
pris une longueur d'avance sur Internet à l'image
de Kodak. Profitant
de la faiblesse financière des start-up, la firme
a fait ses emplettes. Après avoir investi l'an
dernier dans Snapfish
au côté de Compaq, et racheté
en mai 2000 Picturevision, éditeur de Photonet.com,
le groupe a réalisé la plus grosse acquisition
de l'année dans le secteur en rachetant Ofoto.
Cette start-up, qui avait obtenu 41 millions de dollars
de financement au mois de février, fait partie
des leaders du secteur. Et pour affirmer encore un peu
plus sa suprématie, Kodak dispose d'un accord
exclusif avec AOL pour la fourniture de services de
photographie en ligne aux abonnés baptisé
"You've
Got Pictures".
Du
coté des autres poids lourds du secteur, la stratégie
est un peu moins voyante. Fuji a pour l'instant surtout
axé son développement en ligne sur le
BtoB. Avec Myfujifilms,
la société veut fournir à l'ensemble
des professionnels des outils en ligne pour renforcer
les services offerts sur les sites. Nikon et Sony misent
pour leur part sur deux sites Nikonnet
et
Imagestation dédiés au développement
en ligne. Flairant la bonne affaire, des start-up, initialement
orientées vers le consommateur final, se sont
d'ailleurs positionnées sur la fourniture de
services à ces groupes. C'était le cas
de Zing, qui opérait le site de Nikon et qui
s'est récemment fait souffler le marché
par Arcsoft. ClubPhoto
a également signé un partenariat avec
Kodak pour proposer des services de gestion et d'hébergement
aux photographes professionnels.
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