Après
l'engouement pour le Wap, les services liés à
la télévision interactive ont pris le
relais auprès des sites Internet français.
Ils sont même rapidement devenus la "killer
application" des sites en mal de diversification
de leurs revenus. Sur la papier, tout comme l'Internet
mobile, le potentiel semble en effet au rendez-vous :
selon les premiers résultats de Medicabsat (outil
audiométrique de mesure d'audience des chaînes
du câble et du satellite développé
par Médiamétrie),
la France compte plus de 11,3 millions d'abonnés
de quatre ans et plus au câble, à Canal
Satellite ou à TPS.
Boutiques virtuelles, petites annonces en ligne ou services
financiers présents sur Internet ont donc décidé,
depuis l'année dernière, de franchir le
pas (voir
la liste des sites
présents dans les services interactifs
des différents bouquets).
Des
temps de téléchargement trop longs
|
Sur
TPS, se retrouve par exemple le courtier en ligne Fimatex,
qui propose à ses clients, depuis janvier dernier,
de passer des ordres grâce à leur écran
de télévision. Mais le premier bilan est
plutôt mitigé. "Nous voulions être
les premiers sur ce secteur, explique Charlotte Ravisé,
responsable communication chez Fimatex, mais les résultats
n'ont rien d'extraordinaire, même si nous ne nous
sommes fixés aucun objectif. Le chargement des
pages reste encore trop lent et nous considérons
de toute façon qu'il s'agit d'un service de substitution,
comme le Wap, quand nos clients sont privés d'accès
Internet."
Ces
problèmes de lenteur et d'ergonomie (qui rappellent
une fois de plus le Wap), que connaissent les différents
opérteurs satellites et câbles, couplés
à des problèmes financiers ont fait déchanter
certaines boutiques virtuelles. Chez TPS, comme le remarque
un porte-parole, les prétendants se sont font
ainsi plus rares: "Nous avions l'an passé
des start-up comme CDandCo,
mais avec l'éclatement de la bulle Internet,
elles ont préféré limiter les dépenses
et donc fermer leur boutique. Lastminute
a également décidé de cesser sa
vente dans nos boutiques virtuelles après son
rachat de Dégriftour.
Mais il y a des signaux encourageants ces derniers temps
et Bricolage.fr
doit rejoindre notre espace marchand le 15 octobre."
50
commandes par mois pour Aquarelle
|
Chez
Canal Satellite, les boutiques virtuelles issues de
sites Internet sont aujourd'hui plus nombreuses. Parmi
elles, Aquarelle
fait figure de pionnier. "Nous avons signé
il y a trois ans un partenariat avec Canal Satellite,
explique Guillemette Bourdon, responsable marketing
du fleuriste en ligne. Mais le résultat de cette
présence est relativement mitigé car les
ventes sont très fluctuantes. Le mécanisme
est assez pervers : le trafic et les commandes n'augmentent
que lorsque nous sommes mis en avant sur le magazine
des abonnés." Or la présence dans
ce guide des programmes du bouquet satellite dépend
des choix marketing de Canal Satellite ou d'éventuels
achats d'espaces à des tarifs négociés.
Cette création "artificielle" de trafic
aboutit sur des résultats très mitigés
en terme de vente : Aquarelle déclare enregistrer
50 commandes en moyenne par mois.
Cette
main mise de Canal Satellite sur la promotion des services
interactifs se retrouve également dans la gestion
des prises de commande. "Les abonnés peuvent
seulement commander des bouquets pour eux-mêmes
à partir de notre boutique interactive, poursuit
Guillemette Bourdon. Pour faire un cadeau, il est nécessaire
de téléphoner au service client de Canal
Satellite." A
la base du problème : le service de relations
clients de Canal Satellite qui gère toutes les
commandes effectuées dans les boutiques interactives.
Il les répercute ensuite vers les sites Internet
ou les autres sociétés marchandes présentes
sur le bouquet. Selon un porte-parole de Canal Satellite,
ce système a été instauré
"pour préserver les données des abonnés
et les enrichir" aux seules fin de Canal Satellite.
Les marchands n'ont en effet aucun accès direct
avec les clients sinon par leur seul nom et adresse.
Une situation qui rend encore plus ardue l'acquisition
client. "Les abonnés à Canal Satellite
ne perçoivent pas clairement l'existence du site
derrière la boutique virtuelle et ne viennent
donc pas surfer sur le site ultérieurement, ce
qui est pourtant notre principal objectif", déplore
donc Guillemette Bourdon.
70%
des commandes par téléphone
|
Même
son de cloche chez le déstockeur MisterGoodDeal,
qui voit le nombre de ses commandes fluctuer très
largement en fonction de sa mise en avant ou non sur
le magazine des abonnés. "Les abonnés
sont une cible particulièrement difficile à
travailler car nous avons moins de marge de manuvre
que dans une galerie marchande d'un fournisseur d'accès,
explique Tanguy Pincemin, responsable de la communication
et des partenariats du site. Mais nous ne sommes présents
que depuis la fin du mois de février sur le bouquet
et il nous faut encore apprendre à utiliser ce
nouvel outil. Cela sera sans doute plus facile quand
un nouveau système sera développé
par Canal Satellite, avec plus de possibilités
de gestion de notre part."
Du
côté de Canal Satellite, le porte-parole
reconnaît "qu'il faut encore beaucoup apprendre
et qu'il reste beaucoup de choses à faire dans
le domaine des services interactifs." Actuellement,
70% des commandes enregistrées par le service
clientèle de Canal Satellite pour des produits
présents dans les boutiques virtuelles sont encore
prises par téléphone. Seules 30% des ventes
sont donc réalisées au travers du terminal,
pour un panier moyen de 500 francs. Une
interactivité a deux vitesses.
Voir la
liste des sites présents dans les services
interactifs
|