L'association Croissance
Plus, qui regroupe des président d'entreprise
de croissance et des partenaires économiques et
qui a pour but d'améliorer l'environnement des
entreprises innovantes vient de publier un "livre
blanc", fruit de six mois de travail. Jugeant que
"la situation des entreprises innovantes françaises
est extrêmement préoccupante", il préconise
notamment un plan
de réformes complet "pour dégripper
la chaîne du financement"
ainsi que des mesures sociales et éducatives. Sylvain
Forrestier, le président de l'association Croissance
Plus,
en appelle à la responsabilité des pouvoirs
publics.
JDNet.
Vous dîtes, dans votre Livre blanc, qu'aucune
initiative forte n'a été prise en matière
de politique économique. N'est-ce pas exagéré
?
Sylvain Forrestier. Non, c'est la vérité.
Le modèle des sociétés technologiques
reposent principalement sur les capitaux propres. Dans
notre secteur, c'est la seule chose qui manque actuellement.
Les infrastructures sont bonnes, les personnels de plus
en plus qualifiés et l'envie d'entreprendre est
réelle. Le problème est donc de libérer
les capitaux pour les diriger vers les entreprises innovantes.
Nous souhaitons qu' il y ait, notamment, des mesures
fiscales fortes. Or il n'y a rien eu de concret dans
ce domaine depuis longtemps. Je rappelerais que 50 %
des créations d'emplois aux Etats-Unis lors des
dernières années étaient issus
des NTIC. Le secteur peut être une locomotive
pour le reste de l'économie surtout dans les
temps actuels.
Vous
proposez un large train de mesures. Laquelle est selon
vous la plus urgente et la plus facilement réalisable
?
La priorité doit aller la création d'un
nouveau contrat de capitalisation investi en unités
de comptes. Concrètement lors d'un investissement
dans un contrat d'assurance-vie, peu d'argent est drainé
vers les entreprises de technologie cotées ou
non cotées. Nous souhaitons donc qu'il y ait
des avantages fiscaux sur un nouveau type de contrat
à condition par exemple que 10 % des sommes
soient investis dans des entreprises innovantes. Le
reste des placements du contrat étant à
l'appréciation du gestionnaire de fonds. Des
mesures fiscales sur l'épargne des personnes
physiques, comme les business angels, seraient également
facilement réalisables et porteuses. Je ferais
par ailleurs remarquer que, dans nos propositions, nous
n'avons pas besoin d'argent public pour relancer le
secteur. Or depuis quelques temps l'Etat enchaîne
des "mesurettes" qui coûtent très
chères aux contribuables et qui ne servent pas
vraiment les nouvelles technologies. L'argent existe
mais il est mal dépensé, à notre
sens.
Où
se situe le blocage selon vous ?
C'est difficile à dire. Lors de notre précédent
livre blanc en 1997, qui était beaucoup moins
ambitieux, nous avions été par exemple
largement entendus puisque nous sommes à l'origine
de la création des BSCPE. Actuellement, le principal
problème à mon sens est la proximité
de l'élection présidentielle qui gèle
quasiment toute tentative de réforme. Par ailleurs,
si nous avons une bonne audience auprès des membres
du gouvernement, il subsiste d'énormes tiraillements
au sein de la majorité plurielle sur ces questions.
C'est dommage car c'est maintenant que le secteur a
besoin de réformes urgentes.
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