L'Electronic
Business Group, qui réunit des entreprises de l'Internet,
du commerce électronique et des NTIC, organise aujourd'hui
un "grand débat" sur la situation économique.
Ayant pour thème les perspectives de développement
du secteur des technologies de l'information, il verra
notamment le Premier ministre Lionel Jospin y faire
une intervention. L'EBG estime que "depuis 1996,
les nouvelles technologies (...) ont ouvert des perspectives
nouvelles, que nous n'avions pas connues depuis des
années", selon une lettre envoyée à
ses membres par son président, François-Henri
Pinault. Celui-ci affirme que "le monde ne s'est
pas arrêté en ce mois d'octobre 2001. Au contraire,
les choses sérieuses commencent maintenant." Une
lettre relayée par un tribune du même François-Henri
Pinault publiée dans Le Monde le 8 novembre sous
le titre "Que cesse le chant des pleureuses!".
Pierre Reboul, son délégué général,
explique les raisons de cette initiative.
JDNet.
Pourquoi l'EBG veut-il provoquer ce "grand débat" et
en quoi consiste-t-il?
Pierre Reboul. Les mêmes qui ont encensé Internet
il y a deux ans, en lançant des projets sans modèle
économique, prononcent aujourd'hui le deuil des nouvelles
technologies sans davantage de recul, et sans la moindre
mesure. Ces personnes exercent une responsabilité qu'elles
ne méritent pas. Parce que la crise économique que nous
connaissons n'est pas une conséquence des attentats
du 11 septembre, mais résulte de l'effondrement de la
bulle spéculative. Dans la mesure où les technologies
tiraient depuis cinq ans l'ensemble de l'économie, la
crise de confiance s'est progressivement étendue à tous
les secteurs. La responsabilité de l'EBG consiste à
bloquer ce mouvement, pour présenter les réalités telles
qu'elles sont, c'est à dire remplies de promesses et
d'avenir. Nous étions restés silencieux au moment où
la bulle à son plus haut préparait des lendemains funestes,
nous ne pouvons aujourd'hui laisser dire que les technologies
et la communication n'ont pas d'avenir. C'est tout l'inverse.
François-Henri
Pinault dénonce "les non-sens qui nient la réalité"
et souhaite "éviter de diffuser un discours
béat, mais témoigner des réalités et de dresser une
prospective liée à nos métiers". Quelles sont ces réalités?
De nombreux projets se sont lancés ces dernières années.
Ils sont liés à la vente de produits auprès du grand
public (BtoC), auprès du public professionnel (BtoB),
aux achats stratégiques (marketplaces métier), aux achats
non stratégiques (e-procurment), aux médias (presse
en ligne, vidéo en streaming) etc... La plupart des
médias ne retiennent qu'une chose : ces projets ne marchent
pas parce qu'ils n'ont pas atteint leurs objectifs.
Or, c'est faux, de nombreux projets ont tenu leur objectif.
Quant à ceux qui accusent un retard, ils se sont vu
attribuer des objectifs trop élevés, dans la période
spéculiative. Sont-ils condamnés pour autant ? Naturellement
non. Les technologies de l'information ne remplacent
pas l'économie traditionnelle, elle en constituent un
complément.
Pour rester optimiste, il
suffit de distinguer l'état de fait, très marqué par
le traumatisme reçu, de la prospective. Places de marché,
vente à distance, médias électroniques... Chacun trouvera
sa place à son rythme. La bulle ayant explosé, l'économie
doit retrouver la "croissance tranquille", seule capable
de bâtir. Ce n'est parce que l'on injecte 300 millions
dans un projet qu'il occupera une place dominante. C'est
la passion, le bon sens, l'évolution naturelle des usages
qui structurent une économie .
Quelles
sont vos principales attentes, notamment vis à vis des
pouvoirs publics, puisque le Premier ministre doit intervenir
lors de cette réunion, et quelles autres initiatives
comptez-vous prendre dans les mois à venir ?
Nous souhaitons être écoutés des pouvoirs publics, parce
que nous sommes des distributeurs et des industriels,
et que notre attitude est responsable. Et nous allons
à notre tour écouter le Premier ministre pour nous assurer
que le gouvernement ne se laisse pas tenter par le pessimisme,
aussi mauvais conseiller que la spéculation. Par ailleurs,
nous travaillons sur un plan intitulé "ADSL pour tous",
qui devrait contribuer à la généralisation du haut débit
en France. Il s'agit d'établir une charte publique,
en trois points, qui constituent des garanties dans
les domaines : des prix (et donc de la concurrence),
de la qualité de service (du débit) et du déploiement
national. L'application de cette charte sera garantie
par l'EBG, un acteur neutre, à la fois de France Telecom
et des opérateurs alternatifs. Lorsque les ménages et
les PME utiliseront Internet avec le confort du haut
débit, ils ne pourront se passer ni des services interactifs,
ni des informations qu'ils trouveront. Internet deviendra
alors le média que nous souhaitions, et dont nous commençons
à percevoir les contours.
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