Ce soir, à 20h45, la chaîne de télévision Arte diffuse une soirée Thema baptisée "Nouvelle économie : la grande illusion". Au programme, "Le cycle du chameau", un documentaire sur une tranche de vie de la start-up FranceMP3.com, un forum télévisé "Chat sur le Net" (21h40) et un deuxième documentaire sur les coulisses de la Silicon Valley, réalisé cette année (21h55). Fabienne Dupont, la réalisatrice du "Cycle du chameau" (en référence au mouvement de haut et de bas qu'ont connu de nombreuses start-ups), a suivi entre septembre 2000 et mars 2001 la vie de FranceMP3, co-fondée par Eric Legent et Laurent Maubon en août 1999 et rachetée en juillet dernier par l'Italien Vitaminic Spa. Le regard de la caméra est plutôt critique même si la réalisatrice, qui a notamment tourné des reportages pour le magazine Strip Tease (France 3), affirme n'avoir pas cherché à émettre de jugement.

Dans quelles conditions avez-vous tourné ce documentaire ?
Fabienne Dupont. J'ai effectué un travail de repérage à partir de février 2000 et j'ai eu l'accord d'Arte pour tourner le documentaire six mois plus tard. Mon film commence en septembre 2000 au moment où FranceMP3 cherche un repreneur. Une levée de fonds n'était plus d'actualité. Au départ, mon intention était de montrer la motivation -réelle - de jeunes salariés pour travailler dans ce type de structure. Ils étaient persuadés qu'ils allaient pouvoir concurrencer les grands groupes traditionnels. J'ai choisi FranceMP3 car le thème central, la musique en ligne, est plutôt "sexy". De plus, il existait une structure d'entreprise et des collaborateurs venus d'horizons éclectiques. Entre septembre 2000 et mars 2001, j'ai donc eu la chance de tourner librement dans les locaux de FranceMP3, ce qui est rare dans le monde des entreprises. Le film étonne par la proximité que j'ai avec les gens et l'immersion de la caméra.

Quelles sont les grandes étapes du documentaire ?
En tout, il y a trois époques. A mon arrivée, en septembre 2000, il subsiste encore quelques espoirs et l'ambiance est un peu insouciante. A l'époque, il semblait évident qu'un repreneur stratégique allait s'intéresser à FranceMP3. Ensuite, entre novembre 2000 et janvier 2001, le doute est venu s'installer avec l'arrivée des échéances financières. Puis, au début de l'année, les investisseurs consentent à réaliser une levée de fonds de 8 millions de francs, ce qui a permis à France MP3 de tenir quelques mois en plus moyennant un plan social. J'ai suivi trois salariés directement concernés par cette mesure pour suivre leur comportement vis-à-vis de la situation.

Quel regard portez-vous sur FranceMP3 ? Prenez-vous position ?
Je ne prends pas position dans le documentaire sur l'évolution de FranceMP3. Mais il est vrai que le film n'est pas tendre avec ses fondateurs. J'ai pu voir le travail effectué par ces professionnels de la musique et je me suis concentrée sur l'aspect humain. Mais, dès le départ, la
start-up était mal positionnée : il n' y a jamais eu de business model évident et je pense que c'est encore vrai maintenant. De nature, je suis assez sceptique. J'aurais beaucoup aimé tourner la période où les convictions des cofondateurs s'affichaient clairement. Mais, semaine après semaine, je me suis aperçue que j'allais plutôt assister au revers de la médaille qu'à la période mirifique.