"Halte
au feu !" Pierre Aussure, directeur général
du cabinet de recrutement TMP Worldwide Executive Search,
a décidé de monter au créneau contre
le violent retour de bâton dont est victime la
Nouvelle Economie depuis plusieurs mois. Dans son ouvrage
"Ne jetez pas le cyberbébé avec l'eau
du bain", publié aux éditions Dunod,
il défend l'apport de la dynamique Internet dans
l'économie traditionnelle. A ses yeux, certains
modèles défrichés par les start-up
depuis 1996 sont amenés à se généraliser
dans les années qui viennent. Pour ce spécialiste
du recrutement direct de cadres dirigeants, professeur
à Sciences Po, l'hystérie puis le lynchage
Internet souffrent donc des mêmes maux :
l'excès et le manque de clairvoyance.
JDNet.
Le sous-titre de votre ouvrage s'intitule "Mirages
et réalités de l'Internet pour les entreprises".
Que rangez-vous aujourd'hui dans la famille des mirages
et dans celle des réalités ?
Pierre
Aussure. Il me semble que le grand mirage de la
Nouvelle Economie était de croire qu'il était
possible d'imposer facilement et rapidement de nouvelles
marques. Qui plus est, beaucoup de sociétés
ont mis la charrue avant les boeufs en ne se souciant
pas de l'apport réel qu'elles proposaient aux
consommateurs. Ces entreprises ont souvent découvert
trop tard les problèmes liés, par exemple,
à la logistique. A l'inverse, la Nouvelle Economie
porte en elle de multiples sociétés qui
sont viables et qui répondent à des besoins
réels. Derrière des valorisations que
se sont effondrées, se trouvent aujourd'hui certaines
sociétés qui affichent des comptes d'exploitation
positifs. C'est la première réalité
de l'Internet. Il y a également toute la mutation
insufflée parmi les dotcorps qui savent de plus
en plus tirer profit de l'e-transformation. On le voit
bien avec des groupes comme PPR, Tesco ou encore General
Electric.
Comment
expliquez-vous que la Net-économie, après
avoir été adulée, se retrouve clouée
au pilori malgré les réalités que
vous venez d'évoquer ?
Nous
sommes typiquement dans un schéma spéculatif
avec ses conséquences traditionnelles. Ce mécanisme
est amplifié par les médias qui, aussi
bien avant qu'après l'explosion de la bulle Internet,
ont joué sur l'excès. Dans le même
temps, l'hystérie dont a été victime
l'Internet a été caricaturée par
la réussite fulgurante de quelques personnes
souvent jeunes. Ces succès ont clairement provoqué
de la jalousie qui s'exprime à plein aujourd'hui.
Mais une fois ces deux étapes oubliées,
nous irons vers l'Internet industriel dont la croissance
sera modérée et stable.
Dans
votre ouvrage vous parlez d'une "Net génération",
qui insuffle un nouveau dynamisme dans les sociétés
traditionnelles. Comment qualifiez-vous cette "Net
génération" ?
La
"Net génération" est sans aucun
doute le plus grand apport de la Nouvelle Economie.
Elle se caractérise par une tranche d'âge,
les 25-35 ans, et une nouvelle façon d'aborder
l'univers professionnel. Ce sont des gens autonomes,
rapides, productifs, qui ont un sens de la hiérarchie
réduit et qui abordent le travail de façon
ludique. Bref, ce ne sont pas des carriéristes
mais des gens qui s'investissent dans des projets parce
qu'ils y adhérent. On le voit déjà
en Californie, ces nouveaux profils permettent aux entreprises
traditionnelles de mettre en branle un nouveau management
bien plus léger, décentralisé et
performant.
|