Il
n'y a pas que l'euro qui provoque des erreurs de calcul.
Outre-Atlantique, depuis septembre, quelques grands
noms de l'économie Internet se sont sérieusement
fait épingler pour la qualité de leur
"compta". Dernière victime en date :
Homestore.com, le site poids lourd de l'immobilier américain,
coté au Nasdaq et qui affiche 12,8 millions de
visiteurs uniques par mois (source Jupiter MMXI). En
milieu de semaine dernière, le site a annoncé
que sur les neuf premiers mois de l'exercice 2001, son
chiffre d'affaires avait été surévalué
d'un montant compris entre 54 et 95 millions de dollars.
Soit, tout de même, 16 à 25% de surplus
sur le chiffre d'affaires total de la période
concernée.
Derrière
cet écart, qui a provoqué la suspension
du titre pendant une semaine, se trouvent des méthodes
comptables qui fleurent bon les années folles
de l'Internet. Homestore a consolidé dans ses
comptes les revenus issus des échanges publicitaires.
Une manipulation savamment utilisée, avant l'e-krach,
par les dotcoms pour gonfler les chiffres d'affaires.
Aujourd'hui, les sociétés cotées
évitent , en principe, le procédé
tant l'enjeu est lourd. Sentant le problème venir,
Homestore avait poussé vers la sortie son directeur
financier début décembre. Ce premier départ
vient de s'accompagner d'une sanction encore plus marquée :
le patron du site, Stuart H. Wolff, ainsi que l'ensemble
de l'équipe dirigeante en place ont été
débarqués. W. Michael Long, ancien PDG
du site médical WebMD, reprend désormais
les rênes du site immobilier.
Le
problème de comptabilité rencontré
par Homestore n'est pas isolé. Deux autres stars
américaines de l'Internet ont récemment
été obligées de mouliner à
l'envers leurs chiffres. Le fonds d'investissement américain
CMGI, après s'être fait montrer du doigt
par la SEC (Securities and Exchange Commission), a revisité
début décembre son rapport annuel 2001.
En cause : les méthodes de calcul sur les
pertes . Alors que CMGI indiquait initialement
un trou de 110,3 millions de dollars sur son exercice,
celui-ci ressort après vérification à
5,49 milliards.
Deux
mois avant CMGI, Enron, la place de marché spécialisée
à l'origine sur les marchés du gaz naturel et de l'électricité,
a décelé un bug dans sa "compta"
qui a fait plonger la société dans la
faillite. Le titre de la société a piqué
de -80% à Wall Street après la découverte
d'une charge exceptionnelle de 1,2 milliard de dollars
dans les comptes. Cette charge, sur laquelle enquête
la SEC, serait le fruit d'opérations comptables suspectes
et d'investissements opérés via un fonds privé, dirigé
par l'ancien directeur financier d'Enron. Quelle qu'elle
soit, la rigueur sied parfois difficilement à
la Net-économie.
|