Depuis
hier se déroulent à Autrans dans l'Isère,
les "Sixièmes Rencontres des acteurs de
l'Internet" permettant à près de
400 personnes issues du secteur public, de la technologie
ou de la société civile de débattre
des évolutions et des nouvelles orientations
de l'Internet en France. Après le haut débit
l'an dernier, les Rencontres cette année se pencheront
notamment sur les usages que l'on peut faire d'Internet.
Bruno Oudet, président de l'Internet Society
en France (ISOC) et inspirateur de cette manifestation,
évoque cette sixième édition qu'il
veut placer sous le signe du rajeunissement .
JDNet.
En quoi le programme d'Autrans 2002 est-il lié
au climat actuel ?
Bruno
Oudet. Derrière le phénomène
start-up qui a marqué 2000 et masqué la
réalité d'internet, la température
est toujours aussi forte malgré le contexte économique.
Si les pionniers ont moins d'agilité et ont vieilli,
ils sont progressivement remplacés par une nouvelle
génération qui ressuscite les notions
de partage et de solidarité d'Internet. Notre
objectif cette année était donc d'abord
de rajeunir la manifestation et de mettre en avant cette
nouvelle génération. Nous allons par exemple
organiser la première rencontre nationale des
animateurs d'accès public à Internet.
Chez ces jeunes, qui sont en train de créer un
nouveau métier, on retrouve une certaine fraîcheur
qui s'était un peu perdue lors des dernières
années. Nous souhaitons qu'ils se rencontrent
physiquement pour aller plus loin dans leur démarche.
L'autre grand thème est également lié
à l'actualité puisqu'il s'agit de parler
des usages d'Internet. Malgré le discours pessimiste
ambiant, le mouvement de fond continue. Si le taux de
progression du nombre de connectés s'est ralenti,
il continue à croître à un rythme
appréciable. Mais pour attirer de nouveaux internautes,
il faut maintenant donner envie en montrant les potentialités
de l'outil. C'est pour cela que nous allons parler d'usage
cette année.
En
cette année d'élections présidentielle,
vous comptez faire intervenir des hommes politiques ?
Nous allons essayer. Nous allons notamment organiser
un débat où six personnes suggéreront
dans un message à la nation, ce qu'elles aimeraient
voir appliquer par la présidence en matière
d'Internet. Pour l'instant chez les hommes politiques
seul Michel Barnier a accepté l'invitation. Nous
avons également lancé dix invitations
à l'adresse des candidats mais nous ne savons
pas encore s'ils viendront. Cela aurait été
intéressant que des candidats explicitent leur
programme dans ce véritable lieu de débat
qu'est Autrans. En fait, je pense qu'il faudra attendre
qu'un des candidats dévoile son programme en
matière d'Internet pour voir arriver les autres...
Quel
message souhaiteriez-vous faire entendre au futur président
de la République à l'occasion des ces
Rencontres ?
Encourager le changement et fournir des éclaircissements
aux Français sur les formidables potentialités
d'Internet. Quand Claude Allègre a parlé
de "dégraisser le mammouth" en évoquant
l'Education nationale, j'avais écrit dans une
revue qu"Internet donnerait des rollers au mammouth".
J'en suis toujours convaincu. Seulement, il faudra du
temps pour changer les mentalités. C'est ce sentiment
de changement grâce à Internet qui doit
être encouragé et suivi. On ne veut plus
de grandes gesticulations et de projets inaugurés
en grandes pompes qui ne mènent à rien.
Le changement ne s'impose pas de façon autoritaire,
il se fait par petites touches pédagogiques.
il faut expliquer l'utilité d'Internet. Si les
Français ne voient pas d'intérêt
concret, ils ne s'y mettront pas.
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