"Il y a en ce moment
un maillon manquant entre les laboratoires technologiques,
très performants en France, et les capitaux-risqueurs
traditionnels. Nous voulons avec ce nouveau fonds tenter
de combler ce manque". Si l'amorçage n'attire
guère les investisseurs en ce moment, il en reste
encore quelques-uns pour s'y engager avec enthousiasme.
Jean Michel Barbier, le président de Tech fund
Capital Europe Managment, fait désormais partie
de cette catégorie après avoir bouclé
à la fin de l'année 2001, la première
partie d'un fonds commun de placement à risque
(FCPR), Tech Fund Capital Europe, auprès d'investisseurs
et d'industriels.
L'homme
connaît bien son affaire puisqu'il a été
à l'origine de la création du fonds de
capital risque de Thomson, Thomson CSF Ventures, dont
il a occupé la présidence 14 ans durant.
De cette expérience, il a d'ailleurs tiré
quelques enseignement que le fonds devrait utiliser
à son avantage.
"Les entrepreneurs en France ont trop souvent appris
par l'erreur. L'enjeu avec notre structure est donc
de raccourcir le temps d'apprentissage pour éviter
les erreurs en apportant du financement mais aussi et
surtout de l'aide et du conseil" estime-t-il, même
s'il refuse de prononcer pour sa structure le terme
d'"incubuteur" auquel il substitue volontiers
le mot "d'accélérateur".
Pour cela, Jean Michel
Barbier place beaucoup d'espoirs dans ses alliés
américains qui l'ont aidés à lancer
le fonds et qui disposent déjà d'une structure
aux Etats-Unis dans la Silicon Valley. "Ce sont
des personnes qui ont un profil opérationnel.
Ils connaissent donc le monde de l'entreprise et les
technologies et n'ont pas la philosophie qui consiste
à penser qu'un succès remboursera neuf
échecs. Dans notre esprit le maximum de sociétés
doivent réussir." Le fonds a déjà
eu le loisir d'expérimenter sa méthode
avec une jeune société française
portée par d'anciens ingénieurs de Thomson,
6Wind. Après un tour d'amorçage en fin
d'année 2000, auprès de Tech Fund, cette
société vient de récolter 7,5 millions
d'euros lors d'un premier tour de table pour développer
ses produits de migration du protocole Internet IPv4
vers IPv6.
Si Tech Fund Capital Europe
sera très orientée vers ce type de technologies
de l'information, son gestionnaire n'exclut pas de dénicher
des projets dans le domaine de l'énergie, EDF
faisant notamment partie de ses actionnaires. "Le
transport de l'énergie est riche en projets et
il y a des implications pour le secteur des télécoms"
estime Jean Miche Barbier. Pour détecter ces
projets, l'ancien président de Thomson CSF Ventures,
compte activer son réseau et a déjà
enrolé Laurent Kott, délégué
général aux transferts technologiques
de l'Inria dans son comité consultatif.
En se rapprochant des laboratoires,
Tech Fund Europe devrait rentrer en concurrence avec
d'autres fonds qui disposent déjà d'accords
dans ce domaine. Mais Jean Michel Barbier veut plutôt
les considérer comme des alliés. "Nous
ne sommes pas assez nombreux en France à faire
de l'amorçage. Je pense qu'il vaut donc mieux
travailler ensemble. Les capitaux-risqueurs, qui interviennent
plus en aval, le souhaitent également dans la
mesure où ils ont tout intérêt à
ce que nous réussissions pour trouver de bons
dossiers à financer en bout de chaîne."
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