Après
la déconfiture des incubateurs aux Etats-Uinis,
voici venu sa suite logique: le temps des procès.
Selon le "Wall Street Journal", la cour de
justice de Los Angeles a depuis vendredi sur son bureau,
un dossier qui pourrait solder définitivement
l'aventure du plus emblématique d'entre eux,
IdeaLab. Les investisseurs de ce dernier, qui ont apporté
en deux ans près d'un milliard de dollars à
la structure, réclament aux fondateurs, Bill
Gross, et à sa compagne, Marcia Goodstein, la
liquidation de la société ainsi qu'un
dédommagement financier de 500 millions de dollars
grâce à la vente des actifs de l'entreprise.
Dell Computer, Moore Global Investments ainsi que d'autres
investisseurs reprochent notamment à ces anciennes
stars de la Nouvelle économie, d'avoir échoué
dans leur mission de faire émerger des sociétés
rentables et d'avoir utilisé l'incubateur "pour
financer leur train de vie". Cette plainte intervient
seulement quelques jours après une tentative
de la part des fondateurs d'offrir une porte de sortie
aux investisseurs. IdeaLab avait proposé de racheter
les parts de ces actionnaires mécontents à
hauteur de 10 cents par dollar investi, soit près
de 103 millions de dollars à débourser
par la société. Vendredi dernier, seuls
10% des investisseurs avaient accepté cette proposition,
les autres la jugeant "beaucoup trop faible".
Selon
le quotidien financier américain, les plaignants
estiment qu'Idealab dispose encore de 500 millions de
dollars en cash et en actions, dont 117 millions de
dollars de titres "Overture" (Ex-Goto.com),
l'une des rares réussites de l'incubateur (la
firme est cotée sur le Nasdaq).
Pour mettre une pression supplémentaire sur les
fondateurs, les investisseurs affirment également
que Bill Gross et Marcia Goldstein, se sont octroyé
récemment "une hausse de 100% de leur salaire"
dans une période où il faudrait plutôt
réduire les coûts. Dans la même veine,
le couple est également accusé par les
plaignants de s'être offert un prêt de 50
millions de dollars grâce à Idealab. Dans
les colonnes du "WSJ", Bill Gross a nié
avoir utilisé les deniers de la société
pour garantir et rembourser son prêt et affirme
que le modèle économique de la société
se porte bien. "Neuf sociétés financées
l'an dernier sont encore en vie et ont reçu des
fonds propres de la part d'autres investisseurs",
avance-t-il en estimant que "cette plainte sans
fondement est seulement destinée à faire
pression sur nous pour que nous relevions l'offre de
rachat au delà de 10 cents". "Mais
nous nous battrons de toutes nos forces contre cette
attaque", prévient-il
Ce réglement de comptes entre entrepreneurs et
investisseurs illustre bien les conséquences
de l'éclatement de la bulle internet. La plupart
des actionnaires qui ont déposé plainte
sont en effet entrés au capital de la société
en février 2000, à une époque,
où riches de plusieurs dotcoms, comme Etoys ou
GoTo.com, l'incubateur avait atteint une valorisation
astrononique. Mais après une entrée en
Bourse ratée en octobre 2000, Idealab a enchaîné
les faillites, à l'image de Etoys, et a enregistré
une sévère décote de son portefeuille
qui ne retrouvera sans doute jamais sa valeur de début
2000, loin s'en faut. Désormais les investisseurs
essayent donc désespérement de sauver
les meubles, quitte à liquider rapidement la
société pour récupérer un
peu de cash.
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