Nathalie
Lemonnier, directrice du développement multimédia chez
Louis Vuitton (groupe LVMH), vient de publier "Valoriser
son site web". Commandé
par Bernard
Siouffi, délégué général de la Fevad,
alors que Nathalie Lemonnier travaillait encore au sein
du pôle marchand de M6, ce livre ne se limite pas
au marketing direct. Il aborde l'ensemble des aspects
permettant de définir une stratégie marketing
en ligne ainsi que les moyens pour générer du trafic et
gérer ses relations clients. Nathalie Lemonnier
revient sur les stratégies des grands groupes à
l'égard d'Internet ainsi que sur les outils d'une
bonne stratégie commerciale et de communication.
JDNet.
La première partie
de votre livre traite des principales stratégies
e-business, marchandes ou marketing. Quelle est celle
privilégiée aujourd'hui par les grands
groupes de distribution et les entreprises du luxe ?
Nathalie Lemonnier. D'abord, il faut préciser
qu'aujourd'hui les grandes entreprises, et notamment
celles du luxe, ne regardent plus le Web comme un outil
promotionnel dont l'image serait inférieure aux
plaquettes papiers. En raison des progrès techniques
et de son interactivité, Internet a acquis une
plus-value par rapport au papier. Les grands groupes
se sont presque tous dotés d'un site. Outil promotionnel,
Internet est devenu surtout un outil de communication
et d'image. Pour beaucoup de grandes marques, comme
L'Oréal ou LVMH, il est également devenu
un support de relation directe avec leurs clients. C'est
aussi un moyen, pour les maisons de luxe, d'accroître
leur visibilité à l'international. Quant-aux
projets de e-Commerce, il faut convenir qu'ils restent
rares dans le domaine du luxe. Ce canal de distribution
continue de faire peur, principalement pour trois raisons.
Les sociétés de luxe ne pratiquent pas
le même pricing dans toutes les zones géographiques.
A cela, viennent s'additionner des problèmes
logistiques et des questions de concurrence frontale
avec le réseau de distribution traditionnel.
Selon
vous, comment Internet doit-il être intégré
à l'organisation d'une société
traditionnelle ?
Tout d'abord, il faut prendre le temps de définir
sa stratégie Internet, c'est-à-dire sa
cible, son offre et sa grille tarifaire, ses objectifs
et chiffrer les investisements nécessaires en
fonction de l'internalisation ou l'externalisation de
certains services. Ensuite, celle-ci doit s'intégrer
dans la stratégie globale de l'entreprise. La
société Louis Vuitton par exemple, a choisi
de créer un département Internet rattaché
à la direction générale, au même
titre qu'il existe un département marketing.
Ce département n'est pas isolé. Il existe
des interactions très fortes avec la communication,
le marketing, la logistique, etc. Les relations que
nous entretenons avec la direction des systèmes
d'information sont très fortes de manière
à avoir une base de données complètement
intégrée, enrichie par tous les services
et les différents canaux de contact avec la clientèle.
Cette intégration dans la politique globale d'un
grand groupe apporte la légitimité nécessaire
au développement d'un projet Internet. Sans la
volonté du Top Management, on ne peut pas réussir.
Selon-vous,
une bonne politique commerciale ou de communication
sur Internet est construite, aujourd'hui, autour de
quels outils ?
En
terme de communication, je crois davantage dans le marketing
direct que dans la publicité, même si elle
reste importante pour créer de la notoriété
autour d'un nouveau site. Dans ce cadre, l'e-mailing
est un outil très intéressant pour des
sites de e-commerce. Mais pour être efficace et
ciblé, il faut que l'internaute se soit identifié
au préalable et ait sélectionné
un certain nombre de thématiques pour lesquelles
il souhaite recevoir de l'information. La création
sur le site d'un espace réservé à
l'internaute et sur lequel vous pouvez lui proposer
un scénario spécifique en fonction de
son profil est également une très bonne
solution. Le seul impératif est de pouvoir créer
des profils d'internautes pertinents et donc de pouvoir
récupérer de l'information. Sur ce point,
il est important de bien communiquer avec le client
et de faire en sorte que ce transfert d'informations
se solde par un réel avantage pour lui. En ce
qui concerne les outils commerciaux, il est important
de ne pas tomber dans le piège des outils promotionels.
Pour construire sur le long terme, mieux vaut miser
sur les services qui apportent une valeur ajoutée
spécifique au produit. Les outils de marketing
croisés sont également très intéressants,
mais ils ne sont efficaces que s'ils sont très
ciblés.
"Valoriser
son site web",
par Nathalie Lemonnier
Editions d'Organisation (collection "Pratique du
marketing direct")
216 pages, 29,7 euros Sur
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