Le quatrième trimestre
2001 du capital-risque aux Etats-unis aura finalement
réservé quelques surprises, selon l'étude
de référence publié hier par la
National Venture Association (NVCA) et Price WaterHouseCoopers.
Les montants investis auraient en effet atteint 7,138
milliards de dollars, contre 7 milliards au troisième
trimestre, et seraient ainsi en progression entre deux
trimestres, un phénomène qui ne s'était
plus produit depuis la fin 1999. 856 sociétés
ont également trouvé des capitaux, contre
810 au trimestre précédent, stoppant ainsi
une sévère érosion du nombre de
sociétés financées. Cette érosion
avait débuté avec l'e-krach du printemps
2000. La tendance suit d'ailleurs l'économie
en général, où les analystes estiment
qu'un point bas a été touché au
cours du dernier trimestre 2001.
Selon la NVCA, le total
des investissements en capital-risque pour l'année
2001 s'élève donc à près
de 36,5 milliards de dollars (pour 3.298 sociétés
financées), et se place en troisième position
dans toute l'histoire du secteur, derrière les
années 1999 et 2000. Mais loin derrière.
Ce total s'affiche en effet en recul de près
de 63% par rapport à 2000 où 100 milliards
de dollars avaient été collectés
par 7.094 sociétés. L'autre élément
d'étonnement concerne les stades d'intervention
des capitaux-risqueurs, qui ne varient guère
même si un point d'inflexion semble se dessiner
depuis deux trimestres. En 2001, l'"Early Stage"
(1er tour de table), l'"Expansion Stage"
(2ème tour) ou le "Later stage"
(Pré-Ipo) ont capté environ respectivement
23%, 55% et 19% des sommes investies, soit la même
proportion que l'année précédente.
Mieux, entre 2000 et 2001, le nombre de sociétés
financées en Early stage a progressé
de 149%, contre une hausse de 63% pour les sociétés
en Expansion stage.
En revanche, si on analyse
uniquement le quatrième trimestre 2001, on s'aperçoit
que les montants investis enExpansion stage ont
représenté 64,3% du total du trimestre
contre 53,9% au troisième trimestre. La part
des investissements dans l'Early stage passant
de 21,3% à 15,6%. Une situation qui s'explique
par le fait que beaucoup d'investisseurs sont de plus
en plus concentrés sur le refinancement de leur
portefeuille existant. La tendance pourrait se poursuivre
encore un ou deux trimestres et gêner les sociétés
actuellement en quête d'un premier tour de table.
L'entrée dans le capital sera en tout cas moins
coûteuse pour les capitaux-risqueurs, puisque
le tour de table moyen est passé de 10 millions
de dollars en 2000 à un peu plus de 7 millions
de dollars en 2001.
Le plus grand chamboulement
aura eu lieu dans les secteurs d'intervention, avec
notamment une nette poussée des biotechnologies,
sur lesquelles se rabattent les investisseurs lassés,
voire lessivés, par l'Internet. Au quatrième
trimestre 2001, la biotechnologie a ainsi recueilli
1 milliard de dollars, soit quasiment un bond de 50%
par rapport à la moyenne des précédents
trimestres. Au global, le secteur des sciences de la
vie est un des rares à progresser, en terme de
montants investis, avec 18,5% du total des investissements
en 2001 contre 7,97% l'année précédente.
A l'opposé,
la grande victime de l'année aura été
la distribution, qui englobe notamment l'e-Commerce.
Sur la première marche du podium en 2000, avec
18,3 milliards de dollars d'investissements, les sociétés
du secteur ne recueillent que 3,6 milliards de dollars,
soit une chute de plus de 83%. On remarquera toutefois
que ce secteur revient à une taille plus juste
et plus en phase avec la réalité puisque,
dans l'histoire, la distribution n'a jamais vraiment
constitué le coeur de l'activité des capitaux-risqueurs,
qui ont toujours privilégié les technologiques.
Internet avait donné quelques illusions trompeuses
en 2000 dans ce domaine en élevant les sociétés
d' e-Commerce au rang de technologiques.
Du coup, le secteur du
logiciel récupére son dû en 2001.
Si les montants d'investissements ont chuté entre
deux années, de 16,9 milliards de dollars à
6,851 milliards de dollars, le secteur reprend sa première
place, un rang qu'il a quasiment toujours occupé
depuis vingt ans. Il précède les télécoms
et les infrastructures réseaux qui, malgré
une chute des montants de 50% par rapport en 2000 et
les déboires des grands groupes cotées
en Bourse, restent attractifs aux yeux des investisseurs.
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