Porté aux cieux
en 2000, pour sa capacité à permettre
aux grandes entreprises de mieux aborder l'Internet
ou l'e-commerce, le spin-off n'a guère
concrétisé ses promesses depuis. Cette
technique, qui consiste à créer au sein d'une
grande entreprise une filiale qui prend son autonomie
juridique pour développer une nouvelle activité,
a en effet été plus utilisée à
des fins de spéculation financière que
dans une optique industrielle. Certains grands groupes,
qui s'y étaient engouffrés opportunément
pour faire gonfler leur valeur d' actifs, ont ainsi
fait machine arrière au fur et à mesure
de l'éclatement de la bulle Internet.
Malgré
cela, le spin-off garderait
pourtant "tout son sens", selon Daniel Lebidois
qui a récemment porté sur les fonts baptismaux,
Spinnove, une structure de conseil dans ce domaine.
Selon lui, la seule erreur dans la politique des spin-off,
aura été de croire que le procédé
pouvait s'appliquer à tous les secteurs. "Dans
la distribution, ou l'e-commerce, il est évident
que le spin-off est un semi-échec notamment
car la filiale reste dans le coeur d'activité
de l'entreprise et vient finalement marcher sur ses
plates-bandes. En revanche, dans le cas de technologie
pure il est plus favorablement accueilli car il ne constitue
pas l'essence même de l'activité",
estime-t-il.
Spinnove vient donc de
s'entourer de plusieurs financiers pour conseiller les
grands groupes sur l'opportunité d'externaliser
certaines innovations. Auriga Partners, Ventech, et
plus récemment la CDC PME et l'Institut français
du pétrole (IFP) ont pris une participation dans
le capital de la société, à hauteur
de 48 %, et auront un "droit de premier regard"
lors d'investissement dans un spin-off identifié
par Spinnove.
Ce recours à des
acteurs extérieurs, pour ne pas supporter seul
le poids de l'investissement, ne devra pas pour autant
être la seule motivation de l'industriel lors
de la création d'un spin-off, selon Daniel Lebidois.
"En externalisant et en misant sur le modèle
start-up, cela permet de protéger l'innovation
des lourdeurs du groupe et d'accélérer
le développement". Mais pour cela, le président
de Spinnove estime que des gardes-fous sont nécessaires
afin d'éviter une cannibalisation du groupe et
permettre à la filiale de s'ouvrir largement
au marché. "Dans notre esprit, l'industriel
initiateur du projet ne doit quasiment jamais détenir
plus de 35 %. Et il doit accepter de se faire diluer
en ne remettant pas de cash au fur et à mesure
des tours de tables."
Si la France n'a pas encore
généralisé ce genre de pratique,
pourtant courante Outre-atlantique, Daniel Lebidois
avance que le terrain n'est pas totalement vierge dans
l'Hexagone. En citant notamment la dernière opération
en date de Thalès qui, avec 6Wind, spécialisée
dans le protocle IPv6, a montré sa confiance
dans le procédé. "La technique
de filialisation est beaucoup plus aisée
dans ces technologies très profondes. Les concurrents
d'un groupe qui a lancé un spin-off acceptent
en effet de travailler avec cette entité car
il n'y a pas de collision frontale avec leurs activités.
Cela permet en outre de définir de nouveaux standard
pour le secteur en amont."
Pour se rémunérer
lors de ses opérations Spinnove compte facturer
ses prestations et, éventuellement, prendre une
participation, en actions, dans la société.
"Cette dernière option n'est pas négligeable :
nous voulons montrer aux grands groupes que nous croyons
au projet et que nous sommes prêts à prendre
le risque avec eux" souligne Daniel Lebidois.
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