Un petit parfum de début
2000 a flotté vendredi sur le Nasdaq après
l'introduction en Bourse de Paypal. La société,
spécialisée dans les paiements via e-mail,
a en effet effectué des débuts tonitruants
en bondissant de près de 60 % lors son premier
jour de cotation. Paypal se retrouve ainsi valorisée
à 1,2 milliard de dollars, alors que ses revenus
sur les neuf premiers mois de son exercice ont atteint
64,3 millions de dollars pour des pertes de 89 millions
de dollars...
L'introduction n'aura pas
été de tout repos toutefois puisque, pour
la seconde fois en quelques mois, la firme a été
poursuivie en justice pour contrefaçon. La société
new-yorkaise Certco l'accuse notamment d'avoir utilisé
son modèle de paiement, et a décidé
de lancer une action en justice, une décision
qui avait retardé l'introduction de quelques
jours. Dans son document d'introduction, Paypal a d'ailleurs
fait état d'une autre plainte de Tumbleweed cette
fois, pour les mêmes motifs.
Ces menaces judiciaires
n'ont pas fait fuir les investisseurs, sevrés
d'introduction de valeurs internet depuis plus d'un
an. La dernière introduction du secteur remontait
à février 2001 avec
Loudcloud, l'entreprise créée par Marc
Andreesen, l'ancien fondateur de Netscape. Pour
arriver à ses fins, Paypal, basée en Californie,
a notamment bénéficié de la très
bonne santé économique et boursière
d'Ebay, son principal pourvoyeur de clients.
Le paiement par e-mail,
développé par la firme californienne est
en effet idéal pour les transactions entre clients
des sites d'enchères. Au 31 septembre, 70% des
10,6 millions de clients de Paypal, étaient ainsi
issus d'Ebay, qui a réalisé sur la même
période plus de 600 millions de dollars de chiffre
d'affaires. Sur neuf mois, le volume de transactions
via Paypal aurait atteint 2 milliards de dollars sur
5,3 millions de comptes.
Avec les 78 millions de dollars levés lors de
l'introduction, Paypal va donc tenter d'accroître
sa part de marché dans le paiement sur internet
alors que les cartes de crédit montent en puissance
et pourraient lui faire de l'ombre à terme. Par
ailleurs, Paypal tentera également de se rendre
moins dépendante d'Ebay dont la stratégie
est loin d'être figée. Le site d'enchères
a en effet développé récemment, avec Wells Fargo,
son propre système de paiement "eBay Online Payments".
La conquête marketing de Paypal sera en tout cas
économique, selon ses dirigeants et s'appuiera
sur l'effet de masse d'Internet. Un consommateur, non
affilié au service, à qui l'on envoie un paiement par
e-mail, doit en effet obligatoirement s'inscrire chez
Paypal pour être réglé
Avec son modèle de revenus,
basé sur le prélèvement d'une commission de 2,5 %
et sur le placement des dépôts des utilisateurs, la
société vise la rentabilité d'ici
la fin de l'année. Un élément essentiel
pour rassurer les analystes car la société
a déjà accumulé 264,7 millions
de dollars de pertes depuis sa création en 1999,
ce qui ne la différencie guère de certaines
dotcoms passées de vie à trépas
quelques mois après leur introduction. La société
bénéfice pour l'instant du soutien d'actionnaires importants
comme Nokia, Goldman Sachs, ING ou le capital-risqueur
Sequoia Partners, qui ont investi près de 200 millions
de dollars dans le projet depuis son origine.
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