Un an après son inauguration,
le Forum des droits sur l'Internet, qui a pour ambition
de "construire la civilité" sur la
Toile, dresse un premier bilan de ses travaux. S'appuyant
sur le principe de la co-régulation entre les
autorités publiques, les acteurs économiques
et les utilisateurs, le Forum des droits sur l'Internet
a publié à ce jour deux séries
de recommandations : "Nature et durée
de conservation des données de connexion"
et "Internet et les modes alternatifs de règlement
des différends". Sous peu, une nouvelle
série de recommandations consacrées à
"Internet et la communication électorale"
devrait être diffusée. La publication du
rapport définitif sur "la relation du travail
et Internet" est également attendue à
la rentrée. Le Forum se penchera ensuite sur
le dossier du "Règlement des litiges et
desadministrations en ligne". Isabelle Falque-Pierrotin,
conseiller d'Etat et déléguée générale du Forum des
droits sur l'Internet, revient sur cette première
année d'activité.
JDNet.
Sur vos trois principales missions qui sont l'information,
la concertation et la coopération internationale,
quels états des lieux dressez-vous ?
Isabelle Falque-Pierrotin. Aujourd'hui, les bases
logistiques du Forum des droits sur l'Internet sont
en place : équipe, financement, mode de fonctionnement
et process. Sur nos trois ambitieuses missions, le bilan
n'est pas uniforme. Sur l'aspect information-sensibilisation,
je pense que nous avons surtout touché un cercle
de spécialistes. En revanche, nous avons encore
beaucoup d'efforts à faire pour sensibiliser
le grand public. Nous devons nous impliquer davantage
au niveau local en allant à la rencontre des
utilisateurs. Pour cela, nous avons signé une
convention avec l'Education nationale mais les contacts
sont encore trop indirects. Pour la mission de concertation,
les process se sont mis en place cette année
de manière satisfaisante. Plus de 90 personnes
participent à nos groupes de travail avec des
compositions extrêmement hétérogènes.
Sur l'axe coopération internationale, cela reste
encore insuffisamment développé. Nous
avons d'abord voulu muscler l'outil au niveau national.
Et puis, les événements du 11 septembre
ont beaucoup handicapé les contacts internationaux
pendant six mois. C'est un objectif majeur pour 2002-2003.
Nous voudrions organiser un réseau européen
autour du Forum avec d'autres organismes partageant
les mêmes centres d'intérêts. En
revanche, je ne crois pas à l'idée d'un
forum centralisé européen. Nous essayons,
au contraire, de nous rappocher des citoyens et de nous
impliquer localement.
Sur
la partie concertation, quel accueil vous ont réservé
les organismes institutionnels de régulation
qui abordent également les sujets Internet ?
Il est vrai qu'au départ, nous avons été
perçus comme un organe concurrent. Mais, je crois
que cette période est révolue. Nous avons
maintenant des relation pacifiées avec les autorités
administratives indépendantes (AAI). Chacune
d'entres elles a nommé un représentant
pour travailler avec nous. Au cas par cas, elles sont
associées à nos groupes de travail. Par
exemple, nous avons travaillé avec la Cnil (Commission
nationale de l'informatique et des libertés)
sur l'aspect Internet et les relations dans le monde
du travail. Nous avons un représentant du Conseil
de la concurrence sur le dossier "liens hypertextes".
Nous ne voulons pas nous substituer au travail fait
par les diverses autorités de régulation.
Au contraire, les activités de notre association
sont totalement complémentaires.
Le
Forum a été créé sous le
gouvernement Jospin. Le changement de gouvernement et
de majorité ne risquent-ils pas de perturber
vos travaux ?
Les premiers contacts avec l'Elysée, le cabinet du Premier
ministre et auprès d'un certain nombre de ministères
comme celui de la Culture, me donnent l'impression que
le Forum des droits sur l'Internet s'est installé dans
le paysage institutionnel français. Le nouveau gouvernement
semble prêt à utiliser le Forum. Certes, le dossier
des nouvelles technologies est peu évoqué dans le nouveau
programme gouvernemental. Toutefois, il entre dans les
prérogatives de Claudie Haigneré dans ses fonctions
de ministre déléguée à la Recherche et aux Nouvelles
Technologies. Auparavant, nous avions comme interlocuteur
un conseiller rattaché à Matignon. Dans tous les cas,
un changement de majorité n'handicape pas le Forum,
car je pense que l'Internet dépasse le clivage gauche-droite.
Le
Forum des droits sur Internet :
mode de fonctionnement
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Crée
sous la forme d'une association de la loi de 1901,
le Forum est une structure juridique autonome de
statut privé. Il est doté d'un budget propre alimenté
par deux sources : publique et privée. L'Etat a
signé avec le Forum une convention triennale et
lui apporte une subvention reconductible, année
par année, de 1, 1 million d'euros. Ces crédits
publics constituent aujourd'hui l'essentiel des
ressources du Forum. Les cotisations des adhérents
s'élèvent à 76 000 euros cette
année. L'adhésion est ouverte à toute personne
morale, association, syndicat, entreprise, publique
ou privée. Actuellement, le Forum recense quarante
cinq adhérents. L'association dispose d'une équipe
de sept personnes pour assurer son fonctionnement. |
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