Une
cyberattaque, dans les douze prochains mois, causera
la paralysie totale des systèmes d'information
des Etats-Unis. Immédiatement après, une
nouvelle offensive, utilisant avions, colis piégés,
ou bactéries, s'en prendra cette fois-ci physiquement
aux "citoyens"... Un possible scénario
pour un film d'actions, mais également pour 49%
d'Américains informaticiens et professionnels
des réseaux sondés par Ipsos-Reid pour
le compte de la Business Software Alliance. Encore plus
alarmiste, neuf sur dix d'entre eux anticipent l'ampleur
des dégâts "au moins égale"
à celle du 11 septembre 2001.
Pour
George W. Bush et son administration, ce risque signifie
surtout que les Etats-Unis doivent se défendre.
Or, pour plus de 70% des informaticiens interrogés
début juin, le système de défense
américain n'est rien moins "qu'inadaptée"
face à une telle menace. Comme de l'huile jetée
sur le feu, une récente étude du Federal
Bureau of Investigation (FBI) démontre comment
les experts des terroristes du réseau Al-Qaïda
pourraient s'introduire à l'intérieur
des systèmes. "Les visiteurs", en empruntant
différents reroutages par les switches de télécommunication
en Arabie Saoudite, en Indonésie et au Pakistan,
iront s'introduire dans les centres d'appels d'urgence
téléphoniques, les générateurs
d'électricité, les réserves et
de distribution d'eau, ainsi que les centrales nucléaires
et les installations de gaz.
Paranoïa légitimitant davantage les demandes
du lobby industriel ou danger imminent ? Sur ce point,
les responsables des treize agences de sécurité
et de renseignement sont unanimes. Roger
Crossey, chef du President's Critical Infrastructure
Protection Board et un des conférenciers réunis
le 12 juin dernier, précise que "Al Qaïda
passait plus de temps que nous le pensions à
surveiller nos points faibles dans le cyberspace. L'attaque
n'est qu'une question de temps, non plus de possibilité".
Pas
étonnant avec toutes ces annonces que 86% de
professionel de la high-tech, plus ou moins 5% d'après
la méthode, demandent à ce que le gouvernement
consacre "plus de temps et de moyens pour renforcer
la sécurité des réseaux qu'il ne
l'avait fait pour le problématique passage à
l'an 2000 des ordinateurs". Tout appareillage de
régulation dans les secteurs du transport ferroviaire,
de circuits d'eau des barrages hydroélectriques,
ou des manettes d'ouverture de tuyaux de gaz, est maintenant
devenu "infrastructure critique", concept
sorti d'une directive fédérale.
Au
vu de l'urgence et du déploiement que le problème
de la protection des réseaux demande, il n'y
aura qu'une collaboration intense et durable entre public
et privée qui pourra alléger la pression
actuelle. Avant d'en arriver là, les multiples
attaques des hackers constitueront bien plus qu'une
victoire d'individus en soi, ils seront autant de freins
psychologiques pour les entreprises qui voudraient bénéficier
des réseaux pour gagner en productivité.
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