En ouvrant un service dédié
au spam et en se penchant sur deux affaires de collectes
illicites de données en ligne et via SMS, la
CNIL démontre sa volonté d'être
présente sur le terrain de l'Internet fixe et
mobile. Philippe Lemoine, PDG de Laser, est l'un des
commissaires de la CNIL. Il suit notamment pour la Commission
les dossiers liés à la publicité
en ligne et à la veille technologique. Il revient
sur cette nouvelle orientation prônée par
la Commission.
JDNet.
Après une phase pédagogique sur Internet,
la CNIL semble adopter une attitude proactive. Pourquoi
ce changement ?
Philippe Lemoine. Internet apporte une nouvelle
dimension en matière de protection des données
personnelles. Il est donc normal que la Commission investisse
cet univers, d'autant plus que les internautes sont
devenus très sensibles à la protection
des données. Aux Etats-Unis, qui est pourtant
un pays où la protection des données personnelles
est un sujet moins suivi, les internautes sont désormais
très attentifs à ces affaires. Les utilisations
détournées de bases de données
par des acteurs opportunistes ou au bord de la faillite
ont laissé des traces. Réguler ces aspects,
c'est offrir une plus grande transparence, donc plus
de confiance. Or la confiance est l'un des éléments
clefs pour le développement du Net et du commerce
électronique.
Avec
quels moyens et dans quel cadre la Commission compte-t-elle
agir sur Internet ?
La transposition de la directive européenne de
1995 sur la protection des données va offrir
à la Commission un statut davantage interventionniste.
Pour le spam par exemple, nous aurons la possibilité
de couper les flux, même si ceux-ci sortent de
France ou proviennent de l'étranger. Cela implique
pour nous de nouvelles compétences en interne.
Les recrutements que nous avons menés portent
notamment sur des personnes spécialisées
dans les NTIC et capables de faire du tracking.
Quels
sont les risques majeurs qui planent sur Internet en
l'absence de régularisation sur la protection
des données personnelles ?
Je vois deux risques principaux. Le premier, c'est de
superposer trop de contraintes et de technologies, couche
par couche et isolément, sans insuffler un sens
général. Le second, c'est le risque de
voir l'espace public Internet se réduire au profit
d'espaces privés de plus en plus importants.
Notre action doit permettre de maintenir cet espace
public, en lui assurant un développement selon
des règles de confiance que demandent les internautes.
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