Désenclaver le marché
européen, développer les échanges
transfrontaliers, renforcer la concurrence, accorder
des avantages au consommateur final, harmoniser les
prix d'achats... La nouvelle réglementation liée
à la distribution automobile de véhicules
neufs, que la Commission européenne vient de
rendre publique, va entraîner une nouvelle donne
sur un marché marqué jusqu'ici par des
cadres juridiques nationaux hétérogènes
et par un encadrement strict des pratiques commerciales
existantes. La réforme touche essentiellement
les relations entre un constructeur automobile et un
concessionnaire, qui devra signer un accord de distribution
exclusive (un distributeur = un territoire géographique
de vente) ou de distribution sélective (le distributeur
doit respecter un ensemble de critères qualitatifs
et quantitatifs). Autre nouveauté : un concessionnaire
pourra proposer à ses clients plusieurs marques
de voitures neuves. Ces nouveaux axes vont avoir sur
les services Internet qui gravitent autour de la distribution
automobile des répercussions favorables à
moyen terme, estime la Commission européenne.
Dans
son communiqué de presse diffusé mercredi,
cette dernière indique que le "règlement
ouvrira la voie à une utilisation accrue de nouvelles
technologies de distribution telles que les ventes par
Internet". La Commission prend le cas concret d'un
distributeur agréé qui peut développer
la vente en ligne ou passer des accords de partenariat
avec des sites de reférence afin de promouvoir
son activité et donc l'étendre sur l'ensemble
de l'Union Européenne. Les consommateurs pourront
ainsi profiter des écarts de prix du fait que
le distributeur pourra également établir
des points de livraison dans le pays du client.
Maitre Thibault Verbiest,
du cabinet franco-belge d'avocats Ulys, apporte toutefois
des nuances sur l'exploitation du Net. "Dans le
cadre d'un accord de distribution sélective,
un concessionnaire pourra se lancer dans des ventes
actives dans d'autres régions ou d'autres pays",
précise l'avocat. En clair, un distributeur aura
la liberté de prospecter par mail au-delà
des frontières, ce qui était impossible
jusqu'ici. Autre avantage : le site web d'un concessionnaire
pourra être décliné en plusieurs
langues. "Dans le cas d'un accord de distribution
exclusive, le distributeur pourra effectuer des ventes
actives uniquement sur son territoire déterminé
et jouer le rôle de fournisseur pour des acteurs
indépendants situé sur sa zone",
indique Maitre Thibault Verbiest. En revanche, la vente
passive n'est pas exclue : si un internaute/consommateur
situé en dehors de la zone de référence
d'un concessionnaire soumis un accord de distribution
exclusive trouve sur le site Web du professionnel un
véhicule qui l'intéresse, la transaction
pourra être finalisée. Mais tant qu'il
n'existe pas de démarche volontaire de prospection
de la part du professionnel automobile en dehors de
son pré-carré territorial...
.L'aspect multimarques est
également intéressant dans le cadre d'un
site Internet : un distributeur d'un pays de l'Union
européenne pourrait très bien décider
de monter en ligne un catalogue multi-marques de véhicules
neufs. L'une des conditions serait dans ce cas de réserver
des espaces clos pour chaque constructeur automobile
au nom du respect des marques.
Du côté des acteurs
Internet impliqués sur ce marché, on se
montre plutôt satisfait par l'évolution
du cadre juridique paneuropéen, qui va faciliter
leur activité, même si elle ne boostera
pas les chiffres d'affaires de manière significative
. "Ce n'est pas une révolution, estime Jean-Philippe
Cartier, PDG du service Autoreflex.com. J'estime surtout
que ce texte permet d'officialiser ce qui se fait déjà
dans le secteur. Les règles du jeu vont être
éclaircies : on va travailler différemment
et acheter mieux."
Le patron d'Autoreflex joue
d'ailleurs sur deux tableaux avec son service en ligne
: il achète d'un côté des véhicules
chez des concessionnaires pour les vendre directement
en ligne et, de l'autre côté, propose aux
distributeurs de monter tout ou partie de leurs catalogues
de véhicules sur Autoreflex. Avantage pour le
concessionnaire : une visibilité accrue de son
offre. "Nous montons des opérations d'imports
et c'est suffisant, estime Jean-Philippe Cartier. Décliner
Autoreflex.com dans d'autres pays européens serait
inutile, car les prix d'acquisition des véhicules
vont s'harmoniser rapidement dans la zone européenne."
Actuellement, Autoreflex.com
affirme finaliser "200 affaires" par mois
en s'appuyant sur un réseau de 500 concessions
partenaires. En 2002, la société prévoit
un chiffre d'affaires de 3 millions d'euros et la vente
de véhicules neufs représenterait un quart
du résultat final. L'année dernière,
cet acteur indépendant du Net a racheté
son concurrent Onlycar.com, qui appartenait au groupe
Ixo et avait ouvert ses portes en 1998.
Autovalley.fr, qui a pour objectif
de jouer les intremédiaires entre concessionnaires
et internautes, se montre également optimiste.
"Ce nouveau cadre harmonisé devrait faciliter
un développement européen, explique-t-on
du côté de la direction d'Autovalley. Toutefois,
si l'intermédiation pour l'achat de véhicules
(neufs et occasion) est notre coeur de métier,
nous avons un positionnement de portail. Nous voulons
proposer des services complémentaires à
l'achat d'un véhicule autour de l'assurance ou
de l'entretien." En février dernier, le
site, créé par BNP Paribas il y a deux
ans, s'est rapproché de Arval PHH, son pôle
location de services.
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