Une
misère pour tout ceux qui cherchent à
trouver un logement en location. Depuis 1997, le marché
du locatif n'a pas cessé de se réduire,
au point de tomber depuis l'année dernière
dans un véritable état de pénurie.
Selon le réseau Century 21, les rotations sur
les logements locatifs ont diminué de 28 %
en 2001 et les loyers ont grimpé, en moyenne,
de 5 % au plan national et de 7,1 % en Ile
de France. Les causes de cette rareté ?
Des propriétaires-bailleurs, servis pas des taux
d'intérêt attractifs, qui voient plus d'avantage
à vendre leurs biens plutôt qu'à
les relouer et d'affronter les impayés. "Le marché
normal est d'une offre locative pour dix prétendants,
explique Grégoire Berthou, directeur de la communication
De Particulier à Particulier. Aujourd'hui, nous
sommes sur un ratio d'une offre pour 45 candidats. D'ici
la fin de l'année, nous devrions atteindre une
offre pour 60 demandes."
Le
monde virtuel n'échappe à cette réalité.
Sur Internet, les sites immobiliers ressentent les effets
de cette pénurie sur le locatif. "Nous assistons
clairement à un glissement du marché des
offres de location vers les offres de vente", indique
Guillaume Laporte, directeur marketing d'Immostreet.
Une analyse confirmée par Stéphane Scarella,
directeur général d'Explorimmo : "En deux
ans d'activité, c'est une véritable bascule :
nous sommes passés d'un marché constitué
de 80 % de petites annonces locatives et de 20 %
de petites annonces de vente, à l'inverse."
Problème :
les offres locatives sont incontournables pour les sites
immobiliers généralistes et représentent
une part importante de l'audience. "Avoir moins d'offres,
c'est avoir moins de visites, confirme Fabrice Moro,
responsable marketing d'123immo. Donc moins de crédibilité
sur le marché." Pour tenter d'enrayer cette déflation
sur les offres locatives, chacun y va aujourd'hui de
sa petite recette. De Particulier à Particulier,
victime d'une baisse moyenne depuis 1998 de 30 %
sur les PA locatives, a par exemple décidé
de soigner les propriétaires-bailleurs. "Pour la
rentrée 2001, nous avions proposé aux
propriétaires-bailleurs la parution gratuite d'une petite
annonce locative, explique Grégoire Berthou. Cette opération
a permis d'augmenter notre portefeuille de PA locatives
d'environ cinq points. Nous comptons la renouveler après
l'été."
D'autres
sites ont décidé d'accentuer leurs efforts
envers les agences immobilières, autres sources
de PA locatives. Ici, les portails immobiliers jouent
la carte du charme en tentant de démontrer les
attraits du Net. "Les PA online permettent d'effectuer
une meilleure présélection des candidats, estime Stéphane
Scarella, directeur général d'Explorimmo. Sur Internet,
les particuliers disposent d'informations complémentaires
comme les photos, le financement ou la localisation
géographique. S'ils répondent à
une PA, c'est donc en meilleure connaissance de cause.
Les mises en relation sont alors plus efficaces pour
les agences."
Cet
avantage a très été compris par
les agences immobilières qui représentent,
désormais, 60 % des petites annonces publiées
sur Explorimmo. Une clientèle que le portail
compte fidéliser en développant, par ricochet,
de nouvelles fonctionnalités destinées
aux internautes comme le moteur de recherche multicritère,
les newsletters ou les alertes paramétrables.
Ces dernières sont accueillies avec enthousiasme
par les particuliers : le nombre d'inscrits à
leur service augmente de 20
à 25 % par mois. Mieux
guidés, les
candidats se retrouvent également, au grand plaisir
des agences, mieux filtrés.
Chez
Seloger.com, la pénurie sur le locatif a été
l'occasion de promouvoir un nouveau service à
valeur ajoutée. Pour garantir la fraîcheur
des offres et la mise en relation directe avec les agences
immobilières, les PA du site ne mentionnent plus
aucun contact direct. L'internaute qui souhaite prendre
rendez-vous doit alors composer un numéro Audiotel
grâce auquel il est mis en relation avec l'agence.
"Etant donné l'empressement actuel des candidats
à la location, ce service payant est parfaitement
accepté, explique Yves Derriennic, directeur
marketing de Seloger.com. C'est la certitude pour les
internautes de répondre à une petite annonce
encore valable."
Car
en période de pénurie, la durée
de vie des PA est des plus réduites. "Aucun propriétaire-bailleur
qui passe une annonce ne prend un forfait au-delà de
la semaine, indique Grégoire Berthou de PAP. Il faut
savoir que dans 90 % des cas, nous retirons l'annonce
au bout de 48 heures." Même tonalité chez
Explorimmo, même si la durée de vie des
PA y est un peu plus longue. "Vu la conjoncture, on
donne deux semaines maximum à l'annonce pour trouver
preneur, après on l'enlève, souligne Stéphane Scarella.
Garder les PA plus longtemps, et risquait l'obsolescence,
pourrait nuire à notre audience et à notre
image."
Reste
que malgré cette situation de pénurie
sur le marché du locatif, les sites immobiliers
continuent d'avoir le vent en poupe en grignotant, étape
par étape, de nouvelles parts de marché
grâce à la réactivité et
aux services à valeur joutée. Une conquête
confirmée par les progressions atteintes sur
les audiences. Seloger.com a par exemple vu son trafic
augmenter de 70 % en un an. "Avant l'été,
nous sommes dans une période clef pour le marché
immobilier, indique pour sa part Grégoire Berthou de
PAP. Selon Cybermétrie, nous sommes passés,
de mars à juin 2002, de 9 millions à 13 millions de
pages vues." Pour les sites qui ont réussi à
passer le cap 2000-2001, le principal problème
serait donc devenu la conjoncture du marché de
l'immobilier. Pas si mal.
Ce que
les Français pensent des sites immobiliers...
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L'institut Skopos
estime que les Français ont de plus en
plus recours aux annonces en ligne pour trouver
un logement. Selon une étude réalisée
au second semestre 2001 sur 875 personnes, 86,7 %
des Français estiment que le Net est désormais
devenu un "outil parmi les autres" pour trouver
une location ou une vente. En se rendant sur des
sites immobiliers, les internautes veulent surtout
s'informer : 52,5 % utilisent la Toile
pour collecter des informations sur le marché,
les prix et les offres. Vient ensuite la recherche
d'un logement à l'achat (51,3 %, réponses
multiples) ou locatif (50,0 %). Pour ceux
qui se sont servis du Net pour chercher un logement,
l'expérience apparaît concluante :
27,1 % ont trouvé un bien après avoir visité
un ou plusieurs sites et 79,5 % ont l'intention
d'utiliser à nouveau le Web lors de leur prochaine
recherche immobilière.
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