Depuis le lundi 2 juin, les
salariés de Cinestore, vépéciste
multi-canal de produits dérivés du cinéma,
ont entamé une grève illimitée
pour protester contre la procédure, jugée
"opaque", de la vente du portail AlloCiné.
Racheté en août 2000 par AlloCiné,
Cinestore est tombé sous la coupe de Vivendi
Universal, via Canal Plus, en mai 2001.
Dans
le cadre du programme de cession d'actifs mené
par Vivendi Universal Net, les deux sociétés,
Cinestore et Allociné, sont aujourd'hui amenées
à être regroupées dans dans une
seule et même unité economique et sociale
(UES) afin de faciliter leur vente. Un projet d'intégration
qui ne plaît guère aux trente salariés
de Cinestore, qui ont le sentiment d'être mis
à l'écart du processus de cession et de
perdre leur autonomie.
Dans les faits, cette perte
d'autonomie aurait déjà fait ses premières
victimes, à commencer par les deux cofondateurs
de Cinestore, Olivier Marchal et Dominique Hadjadj.
Olivier Marchal ferait l'objet d'une procédure
de licenciement, tandis que Dominique Hadjadj aurait
perdu son pouvoir décisionnaire au sein de la
société.
Deux "mises sur la
touche" qui refléteraient une tension de
plus en plus forte au sein de l'équipe dirigeante
de la nouvelle structure. Selon des salariés
de Cinestore, Bertrand Stephann, le PDG d'AlloCiné
depuis janvier dernier, souhaiterait écarter
les opposants au projet de reprise en cours d'élaboration.
"On ne peut pas parler de divergence stratégique,
explique l'un deux, mais de tensions dûes aux
égos très forts parmi les dirigeants."
Car sur le front de la
vente en elle-même, les manoeuvres semblent aujourd'hui
engagées. Des salariés de Cinestore ont
été récemment intrigués
par la présence de collaborateurs de L4-Logistics
au sein des locaux de Cinestore. Cette société
est spécialisée dans la logistique et
la livraison de produits commandés sur Internet
et travaille notamment pour CDiscount.
"VU Net cherche à
briser notre mouvement de grève en faisant appel
à des prestataires extérieurs pour livrer
les commandes", estime un salarié de Cinestore.
Un point de vue formellement démenti chezVU Net.
"Nous n'avons pas signé de contrat d'externalisation
de la logistique pour Cinestore", indique Laurent
Mairot, représentant de VU Net. Pourtant,
du côté de L4-Logistics, on affirme humblement
"être en contact" avec Cinestore.
Derrière l'intervention
de L4-Logistics, pourrait surtout se tramer une opération
plus définitive. Certains
salariés de Cinestore affirment que Bertrand
Stephann bouclerait un dossier de reprise pour le compte
du fonds Cita Gestion, actionnaire à 60 %
de L4-Logistics. Contacté par le JDN, François
Veron, directeur associé du fonds Cita Gestion,
admet être "intéressé par l'acquisition
d'AlloCiné".
Malgré ces confirmations
à mi-mots, du côté de VU Net, on
tient à rester le plus neutre possible. "Nous
ne pouvons pas faire de commentaire sur le processus
de cession ou sur les acquéreurs potentiels, indique
Laurent Mairot. La cession d'AlloCiné-Cinestore n'est
pas conclue en l'état actuel, et avant toute décision,
nous devons consulter
au préalable le comité d'entreprise d'AlloCiné."
Cette consultation pourrait
être menée très rapidement. Jean-René
Fourtou, le PDG de Vivendi Universal, aurait exigé
que le dossier de cession d'AlloCiné soit bouclé
d'ici la fin juillet.
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