Il
en fallait de la détermination pour entreprendre de mesurer
la quantité d'information diffusée et stockée sur tout
type de support, dans le monde entier, durant toute l'année
2002. Deux chercheurs américains de l'Université de Berkeley
en Californie, Peter Lyman et Hal Varian, et une équipe
de cinq assistants ont relevé le défi.
Selon
eux, la quantité d'informations nouvelles stockées sur
papier, bandes, disques durs, CD et DVD a atteint 5
exabytes (soit 5 billions de mégabytes) en 2002, soit
deux fois plus qu'en 1999, date de la première édition
de cette étude.
Cette
montagne d'information, qui ne correspond pas à du savoir,
comme le souligne Peter Lyman dans un communiqué, mais
à des données, si on la ramène à la quantité produite
par habitant sur terre, revient à 800 mégabytes par
personne, soit une pile de livres haute de plus de neuf
mètres.
Bien
entendu, les différences selon les régions sont significatives.
Les Etats-Unis seraient à l'origine de 40% de l'ensemble
des nouvelles données stockées. Par ailleurs, un Américain
consomme 24 rames de papier par an, soir près de 12.000
feuilles, contre 15 rames seulement pour un résident
de l'Union européenne.
Outre l'information stockée,
les recherches ont également porté sur l'information
nouvelle transmise via les réseaux électroniques (radio,
télévision, Internet et téléphone). 18 exabytes ont
ainsi transité en 2002, dont une grande partie par téléphone.
Ensuite vient l'e-mail.
Concernant les réseaux
électroniques, les deux chercheurs se sont même penchés
sur le contenu des disques durs d'un certain nombre
d'internautes, afin d'étudier leur consommation d'information
en ligne. Il en ressort que sur les disques durs des
internautes pratiquant l'échange de fichiers peer-to-peer,
70% de l'espace disque utilisé est occupé par les fichiers
musicaux et vidéo.
"Aujourd'hui, quasiment
tous les aspects de la vie de par le monde sont enregistrés
et stockés sous une forme ou une autre", indique Peter
Lyman dans le communiqué diffusé par l'Université de
Berkeley. Cela ne serait pas possible sans la mise à
disposition pour un coût toujours moindre de nouveaux
moyens de stockage, comme les disques durs. Selon l'étude,
90% de l'information créée est stockée sur disque dur,
7% sur bande et une fraction marginale sur papier, CD-Rom
ou DVD. L'essentiel de l'information stockée sur papier
émanant de documents professionnels, et non de livres,
de journaux ou de magazines.
Pour réaliser cette étude,
les chercheurs se sont appuyés sur des recherches antérieures,
diverses sources d'information comme la base de données
ISBN ou les études de marché sur les serveurs d'entreprise,
et ont mené une enquête auprès de 10.000 sites web afin
de déterminer la taille des données stockées et leurs
sources. Pour analyser le contenu des disques durs,
ils ont réalisé un sondage.
On peut bien sûr se demander
à quoi sert cette étude, à part réussir un morceau de
bravoure et satisfaire une curiosité purement intellectuelle.
C'est sans compter ses applications professionnelles.
L'étude a en effet été sponsorisée par des acteurs du
marché des serveurs de stockage et des systèmes d'information
: Microsoft Research, Intel, Hewlett-Packard et EMC.
Ces dernières comptent
se servir de ces recherches pour convaincre leurs clients
de la complexité des problématiques actuelles de stockage
d'information, due au développement d'Internet, aux
nouvelles contraintes réglementaires et aux nouveaux
besoins de communication. Ce qui conduit évidemment
à privilégier de nouvelles infrastructures de stockage
évolutives et capables de traiter une masse d'information
si considérable.
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