Mardi 19 octobre 1999
Le "group buying" arrive en France avec Clust.com
et Joël Palix
Après Accompany et Mercata aux Etats-Unis et Letsbuyit en
Suède (voir JDNet
du 6 octobre), la France succombe à son tour au
"group buying".
C'est Joël Palix, l'ancien responsable internet des 3
Suisses qui tente l'aventure: il vient d'ouvrir en version
de lancement, Clust.com,
qui démarrera son activité de vente en décembre. Clust (de
cluster, "se rassembler autour de") intègre
tous les ingrédients de l'achat en nombre dans une optique
de bas prix, tout en adaptant ce concept au marché et aux
spécificités françaises. Une sorte d'anti-enchère par excellence
en fait, puisque le prix baisse en fonction du nombre d'acheteurs
et que l'ensemble des consommateurs bénéficient du prix final.
Du côté des similitudes avec les sites américains, on retrouve
l'idée de base qui consiste à tirer les prix vers le bas grâce
au pouvoir du nombre d'acheteurs. Mais là où Accompany se
place en position de simple commissionnaire et là où Mercata
s'appuie sur des stocks, Clust.com se démarque, d'une part
en assumant jusqu'au bout la responsabilité de la vente, d'autre
part en n'ayant aucun stock. Au risque de caricaturer quelque
peu, on pourrait dire que Clust se place beaucoup plus du
côté des consommateurs que ses modèles américains.
L'approche marketing elle aussi diffère sensiblement. Les
sites américains peinent à décoller réellement, du fait des
dépenses marketing très importantes que l'agrégation d'un
nombre suffisant d'acheteurs autour du site suppose. Clust
tente de pallier cette difficulté par la création autour du
site d'une communauté d'individus, par l'ajout d'une dimension
conviviale et surtout par une très grande implication des
consommateurs.
Le pré-site donne une idée assez précise de l'esprit qui anime
les fondateurs: ils cherchent, comme d'autres ont pu le faire
avant eux, à ce que Clust devienne une "tribu". Le site est
jalonné de "à vous de jouer!", "faites passer!", "branchez-vous!",
"on se fait un clust?", "ils en veulent!", "affichez vos envies!"
etc., le tout ponctué d'un nombre impressionnant de points
d'exclamation. De façon assez fine au plan stratégique et
commercial, le pré-site vise à cerner les envies des internautes
et à se donner deux mois pour négocier avec les fournisseurs
en fonction de ces envies. Le site définitif devrait donc
en décembre être le reflet de ces envies exprimées en amont.
Enfin, le site propose de réaliser vos projets, c'est-à-dire
de produire votre idée si elle séduit la tribu clustienne.
L'équipe fondatrice de Clust a une forte expérience de la
vente à distance, de l'organisation de la chaîne logistique
et plus largement de la qualité du service. Les deux frères
Palix tout d'abord. Joël, ancien directeur du développement
des 3 Suisses, a supervisé avec d'autres les différentes versions
du site du vépéciste, dont la dernière, présentée il y a moins
d'un mois. Joël Palix continue d'ailleurs ponctuellement à
assumer quelques missions auprès des 3 Suisses. Son frère
Christian a fondé par le passé deux sociétés, l'une de sport
informatique et de chronométrage de précision, la seconde
-Néovision- de fourniture de bornes interactives à destination
des offices de tourisme en particulier. Il était encore récemment
chez le prestataire Icor. Au sein de Clust, le directrice
des achats vient elle aussi des 3 Suisses, le directeur technique
d'Easynet. 404
Found a participé à la définition du concept et à la création
du site, tandis que GFI
assure l'hébergement et le développement technique. L'équipe
devrait s'étoffer puisque Clust propose pas moins de douze
offres d'emplois sur son site. Le projet a nécessité un investissement
supérieur à 10 millions de francs, et Clust est en négociation
avec des capitaux-risqueurs pour lever des fonds.
Le modèle économique de Clust.com se fonde lui aussi sur le
développement d'un fort esprit communautaire. En dehors des
revenus liés aux ventes réalisées sur le site, Clust veut
proposer sa solution de e-commerce à toute communauté virtuelle
ou thématique porteuse. Des programmes d'affiliation seront
mis sur pied ainsi que des partenariats avec des intranets
d'entreprises (comités d'entreprises), des pages personnelles
(parrainage), des créateurs et designers (production de l'idée),
des fabricants, des collectivités locales etc. Des contacts
avancés ont déjà été noués avec supersecretaire.com, Desfemmes.com,
Spray et Multimania, ainsi qu'avec des portails. Enfin, si
une campagne publicitaire sera lancée en ligne, Clust compte
également beaucoup sur le off line et sur le bouche à oreille
pour pénétrer toutes les micro communautés potentiellement
réceptives, des associations aux clubs jusqu'aux cours d'écoles.
Clust tente en fait de réellement capitaliser sur ce qu'est
Internet en développant un modèle non duplicable dans le monde
réel. [Rémi
Carlioz, JDNet]
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