Vendredi 26 novembre 1999
iPin branche les FAI sur l'e-commerce
Créée en 1997 et lancée l'an dernier, iPin
(prononcer aïpinn) est une start-up née dans la Silicon Valley,
au parcours très international: un de ses confondateurs, Alexandre
Gonthier (vice-président développement produits et directeur
technique), est français, les trois autres dirigeants étant
américain, anglais et franco-israélien. Après une période
d'incubation et un financement originel par Gil Amelio, l'ancien
CEO d'Apple, et des fonds de "seed" (financement très en amont
des start-ups), l'entreprise a entamé la tournée des financiers.
iPin a levé 1,5 million de dollars en octobre 1998, puis 14
millions en 1999 auprès des capitaux-risqueurs Accel Partners
et Sutter Hill Ventures. Elle va lever dans quelques semaines
20 millions de dollars de plus auprès des mêmes, "plus des
partenaires industriels et bancaires".
Son capital est approximativement réparti à 40/60 entre les
actionnaires internes et externes. La start-up a largement
recruté - son VP marketing Bruno Perreault est un ancien d'American
Express et de Visa - et compte maintenant 50 personnes à San
Francisco et 5 en Europe, à Bruxelles.
En quoi consiste ce
projet, opérationnel ces jours-ci -au plus tard la semaine
prochaine pour la France
? iPin se propose comme intermédiaire pour les achats online
de contenu numérique et de services -logiciels, musique en
MP3, articles, informations payantes, etc. L'originalité de
son modèle est "d'exploiter une relation de facturation existante",
explique Alexandre Gonthier, par des accords avec les fournisseurs
d'accès Internet, les banques et d'autres acteurs -des telcos
par exemple. iPin signe parallèlement des accords avec des
sites marchands. L'internaute utilisateur recevra un identifiant
et un mot de passe pour ses futurs achats -il n'aura alors
plus besoin de saisir ses coordonnées- et sera débité mensuellement
sur sa facture Internet, bancaire ou autre. Le business model
repose sur le commissionnement -15% du prix facturé par le
site vendeur pour les petites sommes, ces 15% étant répartis
entre iPin et le FAI. Les échanges sont sécurisés en SSL.
L'utilisateur n'a rien à télécharger. iPin lui envoie un cookie,
l'utilisateur pouvant choisir d'en recevoir un dans une autre
machine - pour permettre notamment l'utilisation au foyer
et au bureau.
Un bêta-test auprès de 15.000 internautes a été fait dans
cinq pays, dont les Etats-Unis et la France, respectivement
avec AT&T et Club-Internet. Le FAI du groupe Lagardère vient
de signer un contrat avec iPin, qui bénéficiera d'une promotion
auprès de ses 300.000 abonnés. Un plafond de dépenses assez
bas -300 francs par mois- est fixé au démarrage: c'est une
précaution pour tout le monde, explique Alexandre Gonthier,
"pour les utilisateurs qui n'auront pas un choc en voyant
leur facture Internet grimper d'un coup, pour les marchands,
les FAI et nous. Nous arrivons sur un marché vierge et il
y a un travail d'éducation à faire." Dans un deuxième temps,
le plafond mensuel sera relevé, puis à terme l'achat devrait
devenir possible sur des sites de produits "physiques". iPin
est crédité par le FAI partenaire, puis il verse l'argent
au site marchand.
iPin insiste sur le
fait que les données sur les achats (qui a acheté quoi, sur
quels sites) resteront exclusivement dans ses disques durs,
le FAI ne recevant que le total à facturer à son abonné. Inversement,
iPin ne connaîtra de ses clients que les codes transmis par
le FAI, et non leurs coordonnées. Une solution "alternative"
par Carte Bleue directement auprès d'iPin est possible pour
les internautes dont le FAI ne sera pas partenaire, mais ce
n'est pas le développement que privilégie l'entreprise. En
France, outre Club-Internet -qui lui ouvre les portes des
sites Grolier (Joystick est le premier annoncé)-, iPin annonce
ses premiers partenariats avec Le Monde (dont Grolier est
coactionnaire), Symantec, Softissimo, les éditions 00h00,
NetBeat et l'association Ensemble contre le sida. Outre-Atlantique,
iPin annonce parmi ses partenaires emusic.com, buymp3.com,
e-cards.com.
Marc Kawam, vice-président
et directeur général pour l'Europe, souligne que les utilisateurs
français pourront acheter de la même façon sur n'importe quel
site partenaire en Amérique ou ailleurs. En France même, l'objectif
est d'avoir signé avec 300 à 500 marchands d'ici fin 2000.
iPin prévoit la rentabilité dans deux ou trois ans.
L'entreprise veut discuter avec l'ensemble des FAI, "les gratuits
compris, car en incluant progressivement des offres téléphonie,
ils entrent aussi dans une logique de facturation avec leurs
clients. Les payants voient leurs marges s'effriter, les revenus
publicitaires étant moins importants qu'on ne l'imaginait,
et les abonnements subissant une pression à la baisse. Or
nous proposons aux FAI un moyen d'être partie prenante dans
l'e-commerce". Une première opération est annoncée pour la
journée mondiale du sida, où les internautes pourront donner
50 à 250 francs, sur Club-Internet, à Ensemble
contre le sida. Ils recevront en remerciement en MP3 la
chanson "Sa raison d'être". [Thierry
Noisette, JDNet]
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