Vendredi 2 juillet 1999
Deux
grands patrons français
parient sur Internet
Simultanément,
deux des patrons les plus "visibles" de l'establishment
français ont annoncé qu'ils allaient investir
dans le développement de l'Internet en Europe.
Bernard Arnault, patron du groupe de luxe LVMH, a le
premier annoncé la création d'une nouvelle société d'investissement,
Europ@web. Son objectif: prendre des participations dans les
"sociétés du secteur Internet qui possèdent un fort potentiel
de croissance". 3.2 milliards de francs, un des plus gros
investissement de ce type en Europe, sont mobilisés.
Lorsqu'il s'agit de multimédia, Bernard Arnault a pour le
moment agi pour le compte de sa holding personnelle et non
au nom du groupe LVMH. Pris de passion pour Internet, il aurait
déjà investi plus de 2 milliards de francs dans plusieurs
start-ups du Net, essentiellement américaines. Il possède
ainsi des participations dans une trentaine de sociétés. Dans
sa collection, rien ne manque: on retrouve les sites eBay
(ventes aux enchères), Athome
(cablo-provider), eLoan
(crédit), 1-800-flowers
(ventes de fleurs), icollector
(ventes aux enchères), PlantetRx
(pharmacie) ou Webvan
(supermarchés). Par ailleurs, il possède des parts dans Cisco
et dans Datek,
une société de courtage en ligne, sur laquelle il a misé 1
milliard de francs. Il s'est également associé au distributeur
Kingfisher pour créer Liberty Surf, le leader des fournisseurs
d'accès gratuits français. Le fonds Europ@web
pourra accueillir certains de ces investissements mais surtout
en susciter de nouveaux. A terme, le fonds doit être
introduit en Bourse.
De son côté, Jean-Marie
Messier, patron de Vivendi,
a annoncé hier qu'il montait une opération comparable
avec SoftBank.
Cette société japonaise est réputée pour être l'une des plus
actives sur le marché de l'Internet. Elle est le premier actionnaire
de Yahoo
(28% du capital) et possède le plus gros salon informatique
mondial (le Comdex, à Las Vegas). On trouve aussi dans
son portefeuille Geocities, E*Trade, buy.com, ZDNet... La
joint-venture, baptisée @viso et dotée au départ
de 600 millions de francs, aura un "rôle d'incubateur". C'est
à dire qu'elle devrait permettre de favoriser l'arrivée
de start-ups américaines sur le marché européen
et plus particulièrement en France, Allemagne, Italie
et Espagne. Elle assurera la préparation des business plan,
élaborera des stratégies d'entrée, aidera au recrutement,
etc. Fort du succès de Softbank au Japon, les "partenaires
incubateurs" sont de plus en plus utilisés pour exporter les
activités des entreprises américaines à l'étranger. Une structure
de même nature a déjà été montée par
Softbank avec le groupe News Corp. de Rupert Murdoch pour
la Grande-Bretagne et l'Australie. Vivendi, qui contrôle par
l'intermédiaire de sa filiale Cegetel, AOL France ainsi que
le groupe Havas, devrait donc être un "incubateur"
de choix en France. Elle espère grâce à ce partenariat devenir
un acteur européen majeur d'Internet. Et se réserve
de passer des alliances avec d'autres partenaires... dont
le Groupe Arnault.
Au sommaire de l'actualité
|
|