Interviews

Mark Tiarra
PDG
TiarraCorp

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Mark Tiarra est le PDG-fondateur de TiarraCorp, une web-agency américaine spécialisée dans la réalisation clé en main de sites Web pour adultes. En parallèle, cette société édite pour son compte quelques sites X. Précurseur sur le marché de l'eX-business, Mark Tiarra a également fondé en 1996 United Adult Sites (UAS), le plus important lobby américain de l'industrie du X sur Internet. Cette structure a notamment combattu en 1996 le CDA (Communication Decency Act), dont l'un des objectifs était la protection les enfants sur Internet. Grâce au fameux Premier amendement, le CDA a été déclaré anticonstitutionnel par la Cour Suprême des Etats-Unis en 1997. UAS a cessé ses activités début 2001 face à un secteur d'activité où la concurrence et l'e-krach ont passablement avivé les tensions. Mais les récentes prises de position de l'administration Bush, avec notamment le Children's Internet Protection Act (nouvelle mouture du CDA), pourraient bien aboutir à la naissance d'un nouveau lobby des acteurs de l'eX-business.

          

Propos recueillis par Stéphane Gigandet le 21 mars 2001 .

JDNet. Pouvez-vous présenter TiarraCorp en quelques mots ?
Mark Tiarra. TiarraCorp est une entreprise de création de sites Web pour adultes. Nous construisons des sites Web de A à Z, c'est-à-dire que nous nous occupons aussi bien du graphisme que de la gestion du contenu. Aux Etats-Unis, nous avons ainsi créé cinq des dix plus importants sites pour adultes, comme par exemple Kara's Adult Playground.

Comment votre entreprise a-t-elle débuté ?
Il y a six ans, je travaillais dans le graphisme mais dans le monde de l'édition "papier". Certains clients m'ont alors demandé de leur construire un site Internet, ce que j'ai accepté de faire. Puis, de plus en plus de clients m'ont demandé d'intégrer sur leur site des images érotiques. C'est comme cela que tout a commencé... Aujourd'hui, TiarraCorp a développé un réseau de graphistes à travers le monde entier. Nous travaillons avec environ 60 personnes, dont une grande majorité de graphistes indépendants.

Est-ce plus profitable de construire des sites pour adultes que de s'en occuper ?
Nous sommes également éditeurs de plusieu
rs sites. Les deux activités sont en fait très profitables. Il y a même une réelle synergie entre les deux métiers : créer des sites pour des clients nous apporte de l'expérience et des relations qui nous aident pour nos propres sites.

Les sites que vous créez font-ils un usage poussé des technologies multimédia comme le Flash ou la vidéo ?
Nous intégrons du Flash pour certains clients mais cela reste une utilisation ponctuelle. En ce qui concerne la vidéo, nous mettons en relation nos clients avec les entreprises qui produisent et fournissent du contenu. Dans ce domaine, de façon générale, les sites pour adultes sont à la pointe de la technologie. Cela s'explique par le fait qu'ils forment la source de profits la plus stable sur Internet. Les sites pour adultes ont donc très souvent tendance à utiliser les technologies les plus récentes.

Quelle est la principale différence entre un site pour adultes et un site traditionnel ?
La différence principale porte sur le business-model : celui des sites pour adultes est basé sur un abonnement récurrent, comme pour un FAI. Pour les sites médias traditionnels et les portails, malgré les différentes tentatives de passer en modèle payant, pratiquement aucun n'a réussi à s'appuyer financièrement sur des abonnements. A ce jour, leurs revenus sont majoritairement constitués de la publicité ou, pour les sites marchands, des produits et services qu'ils vendent. Les sites pour adultes sont donc les seuls à réellement bénéficier du modèle payant.

Quelle est la taille de l'industrie du X sur Internet aux Etats-Unis?
C'est une question que l'on me pose souvent, mais c'est très difficile d'estimer la taille du marché. Personne n'a jamais reussi à recenser tous les sites tant le nombre d'acteurs est important et tant leur taille financière est variable. Mais les annuaires de sites pour adultes comme SexTracker peuvent donner une idée du nombre de sites. Je dirais qu'il existe aujourd'hui environ 50.000 sites différents. Le chiffre d'affaires est encore plus difficile à cerner : les entreprises qui éditent des sites pour adultes sont privées et ne publient pas leurs chiffres. Certaines ont des revenus de quelques milliers de dollars par mois, d'autres de plusieurs millions.

Combien de visiteurs et d'abonnés possède un site pour adultes important aux Etats-Unis ?
Aux Etats-Unis, il y a un peu près sept très gros sites X, comme Kara's ou CyberErotica. Un site important a entre 300.000 et 1 million de visiteurs par jour, et entre 50.000 et 75.000 abonnés. Mais il faut savoir que l'internaute qui consomme du X change souvent de sites, il recherche la nouveauté.
Généralement, sur ce marché, à partir de 50.000 abonnés, le nombre de personnes qui se désabonnent et le nombre de nouveaux abonnés s'équilibrent. Il y a un seuil et les sites ne grandissent plus. Les grosses entreprises ouvrent alors d'autres sites pour élargir leur audience mais seules les très grandes atteignent ces chiffres. Le reste du marche est composé de milliers de petits sites qui ont quelques centaines d'abonnés. Entre les deux, il n'y a pas de sites à moyenne audience.

Ces dernières années, comment l'industrie du X sur Internet a-t-elle évolué ?
D'un point de vue technique, la vidéo a vu sa qualité s'améliorer très nettement. On obtient des images plus belles et plus grandes avec un rafraîchissement plus rapide. Du point de vue commercial, le gouvernement et les consommateurs ont désormais une meilleure connaissance de l'industrie. Les sites sont plus responsables. Avant, un site pouvait avoir un avantage sur les autres en utilisant des méthodes déloyales vis-à-vis des consommateurs ou des autres acteurs. Maintenant, c'est plus rare.

Avec quel genre de clients travaillez-vous ?
Nous travaillons avec tout le monde, les plus grands sites comme les petits sites gratuits. Il y a beaucoup d'acteurs sur ce secteur. De nombreuses entreprises proposent par exemple des vidéos et du contenu en direct
.

Est-ce que la fraude est un problème ?
C'est un énorme problème. La fraude la plus courante concerne les cartes de crédit. La plupart des sites payants donnent des commissions aux autres sites qui leur envoient du trafic avec des reversements qui sont en moyenne de 45 dollars par abonnement. Certains sites utilisent donc des programmes de génération de numéros de cartes de crédits pour envoyer des faux abonnements. D'autres sites piratent les mots de passe et les publient sur le Web. Mais on peut s'en prémunir avec des blocages logiciels. Enfin, quelques entreprises débitent les consommateurs sans leur autorisation. Il y a aussi les entreprises qui distribuent des images dont elles ne possèdent pas les droits. Le piratage de contenu est plutôt pratiqué par les étudiants qui diffusent des images de célébrités.

Pensez-vous qu'à terme, certains acteurs de l'industrie du X sur Internet vont s'introduire en Bourse ?
Quelques-uns essaient. Mais cette industrie est un très gros centre de profits. Les entreprises s'introduisent en Bourse lorsqu'elles recherchent des fonds pour développer une activité ou se lancer dans une autre. Pour un gros acteur de l'industrie des sites pour adultes, ce n'est pas nécessaire. Si nous voulons lancer une nouvelle activité, nous avons suffisamment d'argent pour nous autofinancer.

Quels sont aujourd'hui les problèmes les plus importants pour l'industrie du X ?
En ce moment, je pense que c'est la nécessité d'un code éthique et d'un standard des pratiques de l'industrie, afin notamment d'établir clairement la façon dont les utilisateurs sont facturés. Cela permettra d'éviter les problèmes avec la FTC (Federal Trade Commission, organisme gouvernemental américain qui réprime les fraudes, NDLR). Il y a également la protection des mineurs sur Internet. Sur ce problème, le secteur doit être capable de structurer pour garantir ses activités dans le respect des lois.

Comment pensez-vous que l'industrie va évoluer dans les prochaines années ?
Cela dépendra du temps nécessaire avant que l'accès haut débit se développe. Je pense qu'à terme, la télévision et Internet ne formeront plus qu'un seul produit. Les contenus en live prendront alors une toute autre importance par rapport aux images fixes.



 

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