A 21 ans,
Jérémie Berrebi, président de la branche
française de l'Association internationale des webmasters,
est également un jeune netentrepreneur. Sa société
Central Cast
a développé un nouveau service d'alerte sur Internet
à partir d'un moteur de recherche, baptisé Net2one
et qui est actuellement en phase de test. Il est présenté
en exclusivité sur le Journal du Net.
Propos recueillis par Romain de Monza le 09
juillet 1999 .
Net2one,
c'est quoi ?
Jérémie
Berrebi : Net2one.com
est un nouveau service qui repose sur une technologie développée
par Central Cast (société fondée en juillet
97, sous le nom de Push Contact et qui a changé de nom
en 98). Il
est actuellement en test. Net2one
comprend un moteur de recherche sur l'actualité et un système
d'alerte multi-supports. Ce système permettra de recevoir des
informations en temps réel sur des sujets que l'internaute aura
préalablement déterminé.
Pouvez-vous
donner un exemple concret ?
Admettons que votre chanteur préféré soit Jean-Jacques Goldman.
Grâce à Net2one, vous pourrez recevoir en temps réel toutes les
dernières informations le concernant. Ces informations vous seront
envoyées sur votre e-mail mais également, sur votre téléphone
mobile, sur ICQ ou par le biais d'un logiciel qui s'appelle Central
Flash. Ce petit logiciel, développé par nos soins, pourra être
téléchargé à la fin du mois. Une fois installé sur l'ordinateur,
il clignotera dès qu'un événement survient.
En cliquant dessus, vous prendrez connaissance de l'information.
Nous travaillons également avec un constructeur de PDA ("Personnal
Digital Assistant" assistant électronique, NDLR), qui devrait
fournir ce service à ses utilisateurs à partir du mois
d'octobre.
Comment
un site marchand peut-il exploiter Net2one ?
Un exemple : Alapage vend des disques, il
pourrait intégrer notre moteur de recherche. Ainsi, la personne
qui souhaiterait recevoir les dernières informations sur Jean-Jacques
Goldman pourra recevoir sa revue de presse et recevoir des alertes
au sujet de sa star favori via Net2one.
Quelles sont les origines
du projet ?
De nombreux clients nous demandaient
ce genre de services. Par exemple, une direction juridique d'une
société hôtellière souhaitait être avertie à chaque
fois qu'une nouvelle loi tombait dans son domaine.
Qu'est-ce
qui vous différencie des autres moteurs de recherche ?
Le moteur, qui a été complément développé en interne depuis un
an et demi, se balade sur Internet et extrait non pas des pages
web mais des éléments de pages web. Nous avons donc un moteur
de recherche qui est uniquement orienté sur l'actualité. Nous
pouvons comparer Net2one à NewsBot aux Etats-Unis, ce service
édité par Lycos qui ne dispose que de 24 sources.
D'où
sont extraites les informations ?
Elles proviennent de tous les sites d'actualité sur Internet.
Pour le moment, le moteur s'appuie sur 120 sources.
Comment pouvez-vous
exploiter ces sources ?
Aucun partenariat n'a été nécessaire pour utiliser les sources.
En pratique, nous utilisons le droit de citation qui nous permet
de citer les articles comme une revue de presse. Nous ne présentons
pas le contenu comme le fait l'annuaire Yahoo ! par exemple. Les
utilisateurs recevront une liste de liens. En cliquant sur les
liens, ils arriveront directement sur le site d'où provient l'information.
L'alerte a uniquement pour fonction de prévenir l'utilisateur,
qui est redirigé vers l'éditeur d'origine.
Quels
rapports entretenez-vous avec la presse et les services de revue
de presse ?
La source provient uniquement de l'Internet. Voila pourquoi le
service s'appelle Net2one. Notre revue de presse est donc entièrement
numérique. Nous sommes en quelque sorte le "Courrier International
" du Net. Les articles payants seront signalés par un petit dollar
près du titre. Le procédé va être utilisé
avec le Wall Street Journal.
Allez-vous
mettre en place des fonctions de portail ?
Nous sommes en réalité une des briques qui compose les portails.
Net2one a vocation a remplir la fonction "revue de presse"
ou "actualité en temps réel" du portail. A l'heure actuelle,
sur les différents portails, on ne trouve que l'AFP. Notre service
permettra de diversifier les sources. Le portail Francité devrait
nous intégrer d'ici quelques semaines. Nous ne sommes donc en
concurrence avec absolument personne.
En
somme, vous générez de l'audience pour les autres sites ?
Oui. C'est un élément de notre offre. Notre vrai but est d'être
la mailing list des mailing list. A ce titre, nous préparons un
service de gestion de mailing list gratuite avec des systèmes
de personnalisation. Nous allons être également les spécialistes
du " Net warning ". Ce système permet à un webmaster d'être
alerté dès que son site a planté. En fait, le champ des
possibilités est très large et peut s'étendre à d'autres domaines
que l'Internet.
Envisagez-vous
des partenariats avec des opérateurs télécom pour
les mobiles ?
Pas encore. Il est vrai que le service est très attendu par les
opérateurs de téléphonie mobile. Il y a six mois, nous devions
réaliser le site de l'un d'entre eux. Mais nous ne l'avons pas
fait ; techniquement ils ne pouvaient pas encore suivre. Les partenariats,
s'ils se mettent en place, se feront alors autours de services
exclusifs. Différents opérateurs téléphoniques
pourront les adopter mais il n'y en aura pas d'identiques.
Allez-vous
proposer ce service aux particuliers en accès payant ?
Non. Notre modèle économique est d'être 100% gratuit. Il n'y aura
pas pour le moment de services payants.
Même
pour la bourse ?
Si cela ne tenait qu'à nous, la bourse, nous la diffuserions gratuitement.
Mais les sources sont très chères , ce qui nous ne permet pas
encore de proposer de la bourse en temps réel. Il est clair que
nous allons le faire. Mais, nous allons encore attendre un peu.
De toutes façons, il y a déjà trop de concurrence sur ce créneau.
Comment allez-vous gagner de l'argent ?
Pour l'instant, nous allons perdre de l'argent pendant une année
au minimum. Mais trois types de revenus sont envisagés pour le
site : la publicité, l'affiliation et "l'alert shopping", qui
permettra aux internautes de recevoir des informations sur les
achats qu'ils veulent réaliser. Par exemple, vous voulez une Volkswagen
à moins de 200.000 francs. Le moteur cherchera alors sur le Net
toutes les offres qui se rapprocheront le plus de ce prix. De
notre côté, si la vente se réalise, nous toucherons une commission.
Actuellement, quel est votre mode
de financement ?
A la fin du mois, nous allons recevoir dix millions de francs.
Sept millions de capitaux-risqueurs et le reste de "business angels".
De la publicité sera-t-il inséré
dans les alertes ?
Oui. Mais elle sera ciblée en fonction des mots-clefs, en fonction
de la recherche. Elle se présentera sous la forme de 3 lignes
ou d'un bandeau classique. Ainsi, on aura la chance d'envoyer
des messages pertinents à des gens qui l'auront demandé. Si les
publicités n'étaient pas liées à ce que les internautes recherchent,
le service ne tiendrait pas.
Comment éviter que l'internaute ne soit débordé
par l'information ?
L'internaute pourra d'abord effectuer une simulation du nombre
d'informations reçues en fonction des critères sélectionnés. En
cas de surnombre, il pourra limiter le nombre d'informations qu'il
veut recevoir par jour. La modification des critères sera très
facile.
Commet
allez-vous promouvoir Net2one?
Nous avons un budget communication mais nous ne savons pas si
nous allons l'utiliser avant la fin de l'année. On attend que
le service soit parfait. Pour l'instant, nous n'allons pas encore
faire de promotion autours du site car nous n'avons pas encore
suffisamment de sources. A l'heure actuelle, nous intégrons dix
sources par jours. A la fin du mois, nous intégrerons plus d'une
cinquantaine de sources par jour. Cependant, de nombreux partenariats
existent déjà. J'ai l'avantage d'avoir des amis qui ont de très
gros sites : Pagefrance, Caramail...
Combien de personnes
travaillent sur ce projet ?
17. Elles ont, en grande majorité, un profil
technique. Le directeur technique de la société est un ancien
d'Allociné, qui a monté les serveurs vocaux. Le directeur du contenu
vient du monde de la télévision. Il y aura de nombreux
rédacteurs. En effet, même si le robot va tout gérer, des journalistes
vont réaliser des dossiers thématiques en fonction des informations
qu'ils jugeront pertinentes. A la fin de l'année, nous serons
43 personnes en tout.
Vous êtes également à l'origine d'un autre projet
moins sérieux : Radionaze, une radio qui répertorie les chansons
ringardes...
J'ai crée ce site pour m'amuser avec Florian Gazan. Très rapidement,
c'est devenu un gros succès. Avec 6.000 visites par jours, le
site semble être la première radio française qui diffuse uniquement
sur Internet. C'est une bonne surprise.
Achetez-vous des produits sur
le Net ?
Oui, énormément. J'ai commencé avec des logiciels. Maintenant,
j'achète surtout des livres, des DVD et des places de cinéma aussi
sur Allociné.
Qu'aimez-vous
sur le Net?
Jouer en réseau et être informé en permanence.
Que
détestez-vous sur Internet ?
Le spam ! J'ai récemment cherché un développeur informatique sur
un forum et ma boite a été submergée de mails commerciaux. Le
lynchage anti-Microsoft devient assez pénible. Je pense qu'il
faut tester un produit avant de le descendre de façon systématique.
Jérémie
Berrebi, 21 ans, est également le président de la
branche française de l'Association internationale des webmasters.