L'agence de
communication interactive vient de sortir un "livret blanc"
consacré aux stratégies Internet des entreprises.
WCube cherche à mettre en valeur le conseil dans la conception
de sites. Un aspect trop souvent éludé, selon Christophe
Chatillon. WCube boucle actuellement un tour de table pour une
augmentation de capital. L'agence annonce prochainement le lifting
du site de la Croix Rouge française et le site du magazine
"Ciel et Espace".
Propos recueillis par Philippe Guerrier le 01
mars 1999 .
JDNet : A quelle demande voulez-vous
répondre en lançant vos "livrets blancs"
consacrés aux stratégies Internet ?
Christophe
Chatillon : Nous avons entamé la diffusion d'une série
de livrets blanc : le premier est consacré aux stratégies
internet, le deuxième, qui devrait paraître dans
les trois mois, portera sur le commerce électronique puis
sur les "process". Nous essayons de répondre
à une véritable demande en conseil. Des clients
viennent nous voir avec beaucoup d'idées reçues
sur l'Internet. Etant donné que WCube veut mettre en valeur
son activité conseil (parallèlement à la
conception et l'ingénierie), nous avons pensé que
la diffusion de ce livret nous permettra de prendre du recul et
de rétablir la vérité sur certains aspects
de l'Internet. Nous avons ressenti le besoin d'être neutre
devant l'offre pléthorique concernant l'Internet.
Nous avons envoyé ce document, qui est une sorte de mise
à niveau, à nos clients, à des "prospects
froids". Nous avons un retour de mailing de 8%, ce qui est
intéressant. Il existe une demande forte d'idées
en la matière.
Quelles idées sont ancrées
dans l'esprit des entrepreneurs à propos du Net ?
Des
clients viennent nous voir avec des idées toutes faites,
par exemple, "l'Internet est quelque chose de simple et pas
cher". Certains estiment qu'ils vont pouvoir casser des réseaux
de distributeurs physiques via le Net. Ce n'est pas si évident.
Dell est souvent cité comme un bon exemple mais, parallèlement,
Compaq qui a observé une levée de boucliers sur
cette question, a fait marche arrière. Et puis, beaucoup
de personnes mettent de côté l'aspect logistique,
l'évolution du site et sa maintenance. Le livret blanc
doit être considéré comme un manuel, destiné
à sensibiliser l'interlocuteur avant de s'engager davantage.
Quelles
difficultés rencontrez-vous pour établir une stratégie
Internet ?
Tout
dépend du type de projet. Certains clients arrivent avec
des cahiers des charges assez contraignants, d'autres ont des
projets Internet préétablis. Des clients viennent
avec leurs propres idées ou ils nous demandent de faire
des recommandations. L'un des principaux problèmes que
nous rencontrons est celui des interlocuteurs mis à notre
disposition. La création d'un site web fait appel à
plusieurs directions différentes (communication, marketing,
informatique). La formation de comité de pilotage est l'idéal
pour travailler. Par exemple, les clients veulent généralement
beaucoup de fonctionnalités "one to one", qui
nécessitent un apport marketing et informatique complémentaire.
Cela nécessite également un budget important. Les
rallonges budgétaires en matière de conception de
site sont monnaie courante.
Dans
le livret blanc, vous indiquez que moins de 40% des stratégies
interactives atteindront les objectifs fixés. Comment expliquez-vous
ce phénomène ?
Ce sont des chiffres tirés d'études de Forrester
Research et de Jupiter Communications. Honnêtement, nous
sommes proches de ce taux en France. Il faut voir au cas par cas.
L'aspect "raz de marée" est assez courant. Une
entreprise n'est pas sur le Net, contrairement à son concurrent.
On a toujours tendance à voir un "Amazon" en
puissance dans son jardin. Il vaut mieux calmer le jeu. Pour commencer
sur le Web, il vaut mieux s'appuyer sur une bonne promotion marketing
que des fonctionnalités "one to one" trop poussées.
Quant au contenu en ligne, il faut toujours se demander ce que
l'utilisateur recherche. Face à la multitude des intervenants
(SSII, agences de création de sites...), il faut faire
la part des choses et en tirer le meilleur. Bâtir une stratégie
Internet nécessite du temps et de la recherche.
Mais le marketing "one to one" n'est-il pas l'apanage
de l'Internet ?
Non. Tout dépend des cas. Il est clair que l'Internet est
un bon outil pour affiner les messages en fonction des cibles,
mais il est inutile de se ruer sur ce genre de statégie
même si les médias ne parlent que de vous. Ce n'est
qu'une facette, qu'une piste de réflexion.
Actuellement,
sur quels projets travaille WCube ?
Nous travaillons sur une quinzaine de projets en parallèle.
Nous faisons de l'engineering pour France Télécom,
un Intranet pour EDF. Nous travaillons beaucoup en co-traitance
ou sous-traitance. 50% pour des grands comptes sur un aspect précis
et 50% sur des comptes globaux PME-PMI. Nous avons ouvert un site
Bouygues Offshore. Nous élaborons un grand site de commerce
électronique pour Universalis Britannica et un autre pour
la Croix Rouge avec la possibilité de faire des dons en
ligne. Nous allons ouvrir prochainement le site du Moulin Rouge
et celui du magazine Ciel et Espace. A l'occasion du Salon de
l'agriculture à Paris, nous ouvrons un grand site rassemblant
des céréaliers.
Quel est votre site d'e-marketing
favori ?
Internet World.
Sinon,,je suis abonné à différentes mailing
lists. Pour les médias, je regarde le site des Echos
et celui de La Tribune.
J'ai adopté les fonctions de personnalisation de Yahoo.
Je préfère les éléments qui se rapportent
au mode push. Voila fonctionne bien avec l'actualité AFP
derrière.
Avez-vous déjà acheté
des produits sur le Net?
J'achète des livres souvent sur Amazon.
Je n'ai jamais été déçu. Sauf une
fois : nous avions commandé des tee-shirts, casquettes
et porte-clés métalliques sur Yahoo, qui alarmaient
les détecteurs de métaux de la douane américaine.
Des problèmes d'automatisation pas toujours faciles à
résoudre !
Qu'aimez-vous sur le Net ?
On a du mal à imaginer les progrès
en matière d'e-mail. Par exemple, j'ai jadis connu des
grands problèmes de transferts de fichiers et des modems
très lents. La puissance de diffusion du Net me fascine
toujours autant. On est resté de grands enfants en la matière.
Qu'y détestez-vous ?
L'aspect opportuniste de certains acteurs du Net,
qui y voit un moyen de vendre autre chose. Le spam m'irrite également.
J'en reçois une quinzaine par jour. Je ne sais plus comment
m'en débarrasser. Et puis, nous manquons de personnes compétentes
sur le marché. Ceux-là sont recherchés à
prix d'or par des chasseurs de tête. Le Net est entré
dans une logique de société industrielle et commerciale
alors qu'à l'origine, nous étions une communauté
de petits prestataires. Maintenant, les entreprises se battent
à coup de croissance externe pour accroître leur
chiffre d'affaires et leur marge. Quand je pense que notre première
passion sur le Net, Netscape, s'est fait racheter par une société
commerciale (AOL, ndlr)...