Le
numéro un allemand Pixelpark
fait partie de ces "web agencies" européennes,
avec IconMedialab, dont les prétentions sont mondiales.
L'agence est déjà présente en Allemagne,
mais aussi en France (27 personnes), en Grande-Bretagne, en Suisse,
en Autriche et aux Etats-Unis. Elle compte s'appuyer sur la Bourse,
où elle est entrée il y a un an et demi, pour devenir
leader sur les marchés où elle s'est implantée.
Propos recueillis par Jérôme
Botiba
le 20 janvier 2000
.
JDNet:
Vous
vous présentez comme organisé en trois pôles.
Quels sont-ils?
Christophe Geier:
Nous sommes un concepteur de solution Internet intégrées.
Ce qui signifie que la majorité de nos prestations engloberont
trois domaines:
- le conseil ("Strategie
Beratung"), d'abord. Nous aidons à déterminer
la place de l'Internet au sein des stratégies des entreprises
ainsi que le positionnement de l¥activité Internet de l¥entreprise
auprès du public. Au delà de la conception, notre
souci principal et notre avantage concurrentiel, c'est de veiller
à ce que l¥application du plan d¥action retenu se fasse
le plus vite possible. Dans un secteur où les cycles de
vie de certains produits ne dépassent pas trois mois, il
est difficile de commander une étude en qui dure six!
- l'agence de service ("Service Agentur") se
charge des travaux classiques de design, de conception de l¥interface
et du mode de navigation etc... Tout ce qui concerne la réalisation
pure. Par ailleurs ce département va se soucier de savoir
quelle place le e-commerce va prendre dans le "mix marketing"
de l¥entreprise. Prenez le cas de Bank
24 et vous comprendrez comment on peut travailler sur ce thème.
Ces réalisations doivent "parler" au client et
garantir sa fidélité. Autre tache de ce département:
assurer le trafic sur le site créé via des actions
de promotion online et offline.
- Le
Département systèmes et technologie ("Systeme
und Technologie Abteilung"),
enfin traite l¥environnement technique. On y intègre les
solutions retenues à l¥environnement informatique de l¥entreprise.
Les applications actuelles du type SAP notamment prennent leur
sources très profondément dans le système
informatique de l¥entreprise et il faut faire cohabiter des systèmes
très modernes avec des systèmes d¥un âge parfois
avancé. Pour intégrer en général,
nous implémentons des logiciels qui existent déjà
du type Intershop en les personnalisant et en leur donnant ce
"plus" qui fait la différence pour notre client
par rapport à ses concurrents.
Voila. C'est un peu schématique bien sûr:
tous les départements sont en général présents
depuis le début du processus par exemple.
Et
le "plus" de Pixelpark, c'est quoi selon vous?
Je
pense que nous nous posons les bonnes questions, de façon
très pragmatique: qu'avons nous appris? quel est le meilleur
positionnement? quel est le meilleur fonctionnement pour l'entreprise?
pourquoi telle chose a-t-elle fonctionné ou pas? Nous tentons
toujours d¥avoir un peu d¥avance dans notre réflexion. Pour cela
nous essayons au maximum de réutiliser notre expérience
et notre savoir faire. Nous dégageons des acquis standards dont
nous estimons que nous pourrons les réutiliser pour d¥autres clients.
Ce sont naturellement des éléments qui sont reproductibles. Dans
un projet type par exemple, vous trouverez 30% ou 40% de réutilisation
d¥une plate-forme déjà existante, puis le cadre constituera 20%-30%
et enfin, le reste sera totalement spécifique et apportera au
client un avantage concurrentiel.
Faites-vous
de la Recherche & Développement?
Oui, mais cela reste très près de la recherche appliquée.
Nous intervenons et subventionnons des projets bien déterminés,
sélectionnés sur une base européenne. Nous les réalisons avec
d¥autres partenaires puissants ainsi qu'avec l'Union européenne.
C¥est bien sur un moteur essentiel d¥innovation pour nous.
Sur
quoi travaillez vous en ce moment par exemple?
Oh,
il y a des thèmes comme la télévision interactive, les nouvelles
formes du knowledge management, les algorythmes de recherche intelligente,
la bande large... Evidemment dans cette recherche de long terme
nous tentons de retirer certain fruits à court terme, ce que comprennent
très bien les sponsors de ces programmes. Cette dernière
fonction échoit à une autre de nos structures, le Solutioncenter.
On y traite des domaines relativement restreints: knowledge management,
e-Commerce, convergence, marketing électronique. Cette structure
essaie de déterminer quelles solutions nous devons offrir à nos
clients, lesquelles nous avons déjà offertes et comment le portefeuille
de solutions de PixelPark doit se développer. Ils permettent à
l¥entreprise de savoir sur quoi il est important de se concentrer.
Ces
besoins technologiques vous guident-ils dans votre stratégie d¥acquisitions?
Tout à fait. Notre première exigence, c'est d'offrir des solutions
intégrées. Les entreprises que nous acquérons doivent donc au
minimum se plier à cette exigence. C¥est aussi une question de
culture. Car notre environnement de travail est hétérogène. Il
faut pouvoir s¥y adapter. Pour cette raison, nous n'irons jamais
acheter une pure agence Internet. Cela serait trop dur à
assimiler pour nous. A coté de ce principe, nous poursuivons aussi
une politique de réseau. C¥est- à-dire que nous nous nourrissons
collectivement de l'expertise dont nous disposons dans un quelconque
endroit de la planète. Le système fonctionne grâce à l'utilisation
d'outils communs mais aussi grâce à l'utilisation d¥un échange
massif de ressources. Par exemple, les sites qui disposent de
grosses capacités comme Berlin mettront des graphistes ou des
designers à la disposition d¥autres sites dans le monde. De la
même façon l¥organisation est intégrée. Le client de l¥agence
parisienne disposera de tout le "know how" du réseau
lui même constitué de particularités, chacune des agences ayant
son point fort.
Quelle
est la taille moyenne de vos équipes?
Difficle à dire. En général, nous mettons
deux personnes en contact avec le client: un consultant en stratégie
et un représentant de l¥agence de services qui vont développer
le concept. Tous les autres intervenants seront disséminés dans
le réseau. Etre un prestataire mondial est en réalité une obligation
pour nous car beaucoup de nos clients veulent des solutions mondiales.
Comme
Adidas, Lufthansa, Conrad ?
Exactement. Conrad par exemple est très en avance
en termes de e-Commerce et gagne vraiment de l'argent sur Internet.
Nos interventions chez Conrad sont d¥ailleurs un très bon exemple
de notre travail. Il ne s'agit pas de faire une fois du conseil,
une fois une mise en place et de s'en tenir là. Non, nous intervenons
de façon régulière dans le temps. Il y a toujours du nouveau.
Ne serait-ce par exemple que les nouvelles localisations avec
la Suisse et la France ces derniers temps. Et nous faisons régulièrement
des points pour savoir ce qui a marché ou non.
Qui
sont vos principaux concurrents ?
AXL,
Icon Medialab, Razorfish sont ceux que l'on rencontre le plus
souvent. En Allemagne, on peut rajouter Kabel Numedia. Et tous
essaient d'ailleurs de s'orienter sur notre position. Mais nous
sommes là depuis deux an déjà. Ca fait une différence.
Nous avons une bonne avance. Nous pensons que notre modèle
de fonctionnement finira par être reconnu comme le bon.
Que
vous a apporté votre entrée en Bourse d'octobre
1998 ?
Il y a d'abord eu l'arrivée de Bertelsmann dans
notre capital en 1996 (partenaire majoritaire actuel à un peu
plus de 50% via des participations directes et indirectes ndlr).
Il est obligatoire pour une entreprise qui veut être la première
de se trouver des partenaires puissants. Ensuite seulement est
arrivée l¥entrée en Bourse. Nous en sommes très fiers. Peu avant
notre arrivée, le Nouveau marché allemand connaissait énormément
de problèmes et surtout un manque de confiance dans les valeurs
Internet. A tel point que six ou sept introductions précédentes
avaient été reportées. Et nous, en incarnant
une entreprise Internet saine et en solide croissance, nous avons
fortement contribué à relancer le marché. On peut dire
que le marché avait besoin de titres comme le nôtre. Ce
n¥est pas de l¥orgueil mal placé, c¥est l¥avis de n¥importe quel
expert boursier. Nous sommes une vraie Blue Chip.
Une
augmentation de capital est en vue ?
Comme toutes les entreprises cotées, nous
devrons à moment ou à autre procéder à une augmentation de capital.
Il faut bien financer notre croissance. Pour obtenir des résultats
probants, il faut investir de façon massive.
Parlons
de vos rapports avec Bertelsmann...
C'est
notre actionnaire majoritaire. Il nous apporte une aide précieuse:
ce sont les équipes de Bertelsmann qui ont sécurisé nos
systèmes informatique pour le passage à l¥an 2000. C'est aussi
un de nos gros clients (16% du chiffre d¥affaires du premier trimestre
99/2000). Mais nous ne sommes pas dépendants d¥eux et nous n'avons
pas d¥obligation à travailler avec eux. Ce serait cependant plus
que dommage de ne pas le faire: de très bons projets viennent
de chez eux.
Quels
sont vos chantiers en cours ?
A ce niveau, je dois être plutôt prudent. Ce que je peux dire,
c¥est que nous avons des groupes sur lesquels nous nous concentrons:
dans l¥industrie pharmaceutique, les services financiers, la high-tech,
la distribution... Dans ces secteurs, nous allons consolider notre
portefeuille de grands comptes.
Vos
actions à venir ?
Nous voulons nous développer dans les zones
à fort potentiel: l'Allemagne, la France aussi. Développer nos
relations clients et notre visibilité. Dans certain pays nous
sommes déjà premiers. Dans d¥autres, c¥est encore un objectif
à atteindre. Et nous allons investir pour y arriver.
Comment
voyez-vous l'évolution de l'Internet?
Ca n'est plus un terrain de jeu. L'aspect purement ludique a disparu.
Ce secteur représente une grande partie de la création de valeur
pour les entreprises et sa croissance va augmenter massivement.
L¥intérêt augmente d'autant plus que l¥on voit enfin les bénéfices
que le Net peut apporter.
Qu¥aimez-vous
-et que détestez-vous- sur Internet?
Les deux sentiments se concentrent sur le même sujet,
le flux d¥informations. Le Net est une source fantastique d¥information.
Mais c'est aussi un défi, celui de la diffuser d¥une façon qui
puisse inspirer la confiance. Dans le monde classique, c¥est simple.
Vous lisez "Le Monde" et vous savez -avec
un fort pourcentage de certitudes- que c¥est
de la qualité. Sur Internet, une multitude d¥autres sources d¥informations
vont se présenter comme fiables et on ne saura pas comment en
être sur. Mais c¥est une question de temps.
Christophe
Geier a une formation de commercial chez BHF-Bank à Frankfurt.
Il a fait des études de Wirtschaftsinformatik (informatique d¥entreprise)
à Mannheim, a été manager au Boston Consulting Group,
membre du Praxisgruppen Informationstechnologie, promotion à la
chaire de Wirtschaftsinformatik à Hohenheim, membre de l¥équipe
de direction de Pixel Park depuis mi-99, responsable des départements
Systems & Technology et R&D.
Pixelpark
en chiffres :
Effectifs
|
400
personnes
|
Clients
|
Lufthansa,
Conrad, Adidas... En France : Yves Rocher, Habitat...
|
Chiffre
d'affaires 98
|
42,4
millions de DM
(140 millions de francs )
|
Bureaux
|
Allepagne
(281 personnes), Suisse (70), Grande-Bretagne (14), Autriche,
Etats-Unis (17) et France (26)
|