Interviews
 

Jérôme Lecat
PDG
UUNET Franc
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UUNET est un grand opérateur Internet qui travaille essentiellement pour des clients professionnels. Par conséquent, on le retrouve derrière des ISP ou des entreprises pour soutenir leurs activités en ligne. UUNET France vient de dévoiler son offre d'Internet gratuit, qui peut faire l'objet de multiples déclinaisons en fonction des objectifs des marques intéressées.

Propos recueillis par Philippe Guerrier le 12 juillet 1999 .

Présentez-nous UUNET par rapport à MCI WorldCom Company, votre maison-mère ?
Jérôme Lecat
: UUNET est une filiale du groupe MCI WorldCom, qui elle-même est issu d'une suite de fusions-acquisitions. Le groupe est le quatrième opérateur mondial de télécommunications devant France Télécom. Aux Etats-Unis, MCI WorldCom couvre tous les spectres des télécoms en dehors de la téléphonie mobile. UUNET est chargé de la gestion et de la distribution Internet du groupe. Le chiffre d'affaire de UUNET devrait tourner autour de 2 milliards de dollars cette année au niveau mondial. Nous sommes présents dans 26 pays dont douze au niveau de l'Europe. Nous sommes totalement focalisés dans le B to B, des PME aux multinationales.

De combien de clients disposez-vous actuellement en France?

Nous avons 1.700 clients mais une entreprise peut très représenter entre 50.000 et 100.000 personnes. Nous avons de très grands comptes multinationaux (Cap Gemini, Honda, Ford...) et nationaux. Nous avons des développements avec le secteur public (EDF-GDF, organismes d'Etat divers...), le secteur bancaire et financier. Mais nous misons surtout sur le marché des PME-PMI. Nous avons un mode de distribution indirect qui repose sur des distributeurs. D'une vingtaine, nous devrions passer à 150 d'ici la fin de l'année.

Avec combien d'acteurs du Net français êtes-vous en contact?
Une cinquantaine.

Pourquoi ne pas choisir la cible grand public?
C'est une autre approche. C'est un métier différent en terme d'infrastructure. Nous nous en approchons quelquefois. Par exemple, avec l'offre Planetis de Packard Bell mais là, c'est une relation paneuropéenne.

Des spots publicitaires UUNET sont diffusés à la télévision, comme Cisco l'avait fait auparavant. Ressentez-vous un manque de reconnaissance auprès du grand public?

La télévision nous permet de viser des tendances professionnelles. Nous avons lancé une campagne sur TF1 et LCI, qui est plus orienté cadre. Nous estimons que les consommateurs finaux ne nous connaissent pas. On se bat contre des marques grand public comme Cegetel.

Quelles sont les grandes lignes de votre offre Internet gratuit?

L'idée de fond est que l'Internet gratuit a plusieurs modèles économiques viables. Nous avons un métier d'infrastructure. Nous développons une palette d'offres pour des sociétés en sous-traitance. Nos proposons aux entreprises des accès Internet, des pages personnelles, des alias pour les mails, des accès aux news et aux chats, des portails...Nous proposons tous ces éléments de façon modulaire.

Quel type d'entreprises seraient interessés par cette offre?
Toutes les sociétés de services clients, qui possèdent une marque. La micro-informatique, par exemple. Mais aussi les ISP ou services en ligne. Une dizaine d'entreprises se sont montré intéressées. Nous discutons essentiellement du volume et du schéma économique. Nous ne prenons pas compte des demandes en-dessous de 10.000 abonnés. Notre objectif est d'obtenir 15% de l'ensemble du dial-up (ce terme désigne des connexions temporaires, par opposition aux connexions permanentes sur les lignes louées).

Cette offre est proposée dans quels autres pays européens?
Elle est proposée en Grande-Bretagne et est en cours d'étude dans d'autres pays européens.

Estimez-vous que l'Internet gratuit va doper le Net en France?
Oui, mais je reste perplexe sur certains aspects. Les offres Internet gratuit ne sont pas si gratuites que ça. Il y a encore le coût de la communication qui freine. Je pense que le développement de forfaits sera beaucoup apprécié.

Suite à la parution du rapport Abramatic sur le développement technique, estimez-vous que la France est en retard concernant le développement de l'Internet?
Je ne vois pas où est le problème. En ce qui concerne la technique, UUNET propose 155 mégabits en backbone et nous allons passer à 2,4 gigabits à la fin de l'année. Je ne parlerai pas de retard en terme de technologie mais plutôt en terme de marché.

Quel est votre site d'information favori ?
Direct Way (le site marketing de UUNET), Yahoo France.

Quel est votre site favori en dehors de vos activités professionnelles?
Tous les sites de voyage. Je regarde souvent le petit site de l'endroit où je vais.

Achetez-vous des produits sur le Net ?
J'achète des fleurs en ligne. J'envoie directement un mail maintenant qu'il me connaît.

Qu'aimez-vous sur le Net?
L'aspect mondial, l'absence de notion de géographie.

Que détestez-vous sur Internet ?

Le Web survendu par des "tour operators". Je pense à des journalistes qui sont à la fois trop critiques envers le Net et pas assez réalistes. Finalement, je trouve que le Net est un reflet assez sincère de la vie.

Jérôme Lecat, diplômé de l'Ecole nationale des ponts et chaussées, titulaire d'un DEA en intelligence artificielle. Il a créé le provider Internet-Way, racheté par UUNET.






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