"Le rapprochement entre AOL et Netscape est un signal fort aux annonceurs pour leur indiquer que le marché du Net trouve ses marques". Alain Lefebvre, directeur d'AuditWeb et expert français de l'Internet, analyse les répercussions du rachat de l'année. Il fait également le point sur le site d'AuditWeb, qui offre des services d'analyse "qualité de sites" et de suivi de projets.

Alain Lefebvre : C'est un signe supplémentaire de mouvement de concentration sur le marché. Ce regroupement est un signal fort aux annonceurs pour leur indiquer que le marché atteint un stade de maturité. Celui-ci se structure autour de marques-repères. AOL en est évidemment une des principales désormais.

Pour Microsoft, c'est plutôt une bonne nouvelle. Ca permet de pérenniser la marque Netscape, conservée par AOL. C'est un véritable rebondissement pour Microsoft. face à ses poursuites judiciaires pour abus de position dominante par la justice américaine. Le premier vendeur de logiciel dans le monde tient à ce que ses concurrents restent visibles. Il est vrai que Microsoft a fait beaucoup de mal dans le passé à Netscape. Ce n'est plus le cas. A long terme, Microsoft auraît tendu la main à Netscape, comme elle l'a fait en faveur d'Apple. Dans la guerre des navigateurs, Microsot a réalisé le plus difficile, c'est à dire de renverser la tendance à son profit. Mais ce n'est pas du tout dans l'intérêt de Microsoft que Netscape disparaisse. Au contraire, il vaut mieux trouver un concurrent. Mais de second plan.

Depuis 18 mois, elles ont donné leur aval à d'autres méga fusions bien plus contestables que celle-ci. C'est plutôt du côté des actionnaires des deux bords que l'on pourrait trouver des complications.

C'est un jeu développé à trois. En décrochant une licence d'utilisation des logiciels Netscape, Sun va devenir en quelque sorte le prestataire technique d'AOL. Il faut dire qu'AOL avait ratissé le marché en établissant de nombreux accords exclusifs avec des sites marchands. En proposant une offre globale de commerce électronique avec Sun en charge de l'aspect technique, AOL devient plus crédible. Internet, ce n'est pas la désintermédiation, c'est la réintermédiation : qui vont être les grands intermédiaires de l'Internet ? Qui va jouer le rôle d'aiguilleur ?

Notre site est ouvert depuis le 14 aoôt dernier. Il y a du trafic (régulièrement 800 cessions par semaine). En revanche, nous avons vendu six prestations d'analyse et de suivi de projets. C'est peu par rapport à notre traffic mais beaucoup par rapport à nos prévisions ! Le chiffre d'affaire est encore faible mais nous sommes en période de construction de marque. Nous avons quelques annonceurs qui sont liés par des partenariats techniques avec nous.

Nos entreprises clientes ont particulièrement insisté sur le respect de l'anonymat. On ne peut pas faire de publicité à ce sujet. C'est dommage, car nous avons plutôt des références prestigieuses, essentiellement des grandes entreprises. Mais c'est dô à un problème de décalage. La France a au moins un an de retard par rapport au Net américain. Par exemple, en France, on n'a toujours pas admis qu'il fallait des pages légères. Je connais un site média qui du jour au lendemain a perdu 90% de son trafic après avoir installé un procédé flash en option sur sa home page.

Je ne pense pas. Ce fut une grande leçon pour nous mais elle reste positive. Nous avons eu beaucoup de mails agressifs concernant notre site et ses bugs. Nous avons eu droit à des "flammes". Ensuite, pour désamorcer le conflit, nous nous sommes expliqués sur notre position. Nous avons répondu au cas par cas, nous avons proposé des prestations gratuites. Certains de nos détracteurs sont même devenus des collaborateurs.

Cnet.com est exemplaire : il y a toutes les informations avec un design très simple. En France, j'aime bien le site de Libération. Récemment, j'ai découvert le site de Télérama : sa fonction de personnalisation est plutôt réussie.

Sans hésitation, amazon.com : j'achète un livre tous les quinze jours sur leur site. C'est génial quand on recherche une référence d'un livre ou quand on veut passer une commande. Tout a été fait pour rendre agréable l'aménagement de la visite du site. Si bien que l'on achète au bout du compte.

Les sites avec des fioritures (flash, les pages lourdes...). Ca me rend fou. Je "switche" tout de suite. En peu de temps, je sais que la volonté de réaliser des pages lourdes a été délibérée.