Le numéro
un de la vente en ligne de CD, qui vient de se faire racheter
par le duo Sony-Time Warner, débarque en France. Tous les
partenariats restent à concrétiser. Le site français
devrait faire son apparition en automne et monter progressivement
en puissance, pour arriver à maturité pour Noël
2000. CDNow
attaque le marché européen par l'Angleterre, l'Allemagne
et la France. La politique de tarification fait l'objet d' une
attention particulière.
Propos recueillis par Philippe Guerrier et Thierry Noisette le 23
juillet 1999 .
JDNet : Vous
venez d'être racheté par Sony et Time Warner. Est-ce
que cela signifie que vous allez étendre votre catalogue
de vente?
Clive Mayhew-Begg :
CDNow est une chaîne de distribution pour
la musique. Pour l'instant, il est encore trop tôt pour
savoir comment cela va se passer. Nous sommes totalement dans
le domaine de l'"entertainment business" (business des
loisirs). Nous travaillons dans un cadre supervertical dans ce
domaine. On se concentre sur les CD, les vidéos et les
DVD. Toutefois, d'ici 12 à 18 mois sur le marché
américain, puis sur les autres, nous voulons rajouter tous
les matériels qui tournent autour de la musique et de la
vidéo.
Comment va se passer votre arrivée
en France?
CDNow a déjà une version française mais tout
est installé aux Etats-Unis et les paiements en ligne sont
effectués en dollars. L'an dernier, 80% de nos 100 millions
de dollars de chiffre d'affaires ont été faits sur
le marché américain. Et dans les 20% restants, l'Angleterre
pesait trois fois plus que le marché suivant, l'Australie.
Les marchés suivants sont le Canada, le Japon, l'Allemagne...
et la France. Pour notre site en France, nous voulons traduire
davantage de services. Les fonctionnalités de personnalisation
par exemple. Nous allons développer du contenu, du merchandising
et un catalogue destiné aux consommateurs français.
Allez-vous miser sur une équipe française?
Nous allons nous appuyer sur une équipe d'une dizaine de
personnes, chargée du contenu éditorial et du merchandising
en France. Mais le développement sera effectué aux
Etats-Unis. Nous possédons déjà une grande
expérience en la matière avec notre site centralisé.
Nous avons notre propre équipe de développeurs et
de designers qui travaillent avec nos outils. C'est un facteur
d'économie important. Cela dit, si chacun des pays aura
son propre site, la navigation entre les offres des différents
sites sera facile -contrairement à nos concurrents comme
Amazon ou Boxman qui construisent des sites nationaux bien distincts.
Savez-vous avec qui vous allez collaborer
en France?
Avec tout le monde (rire). Nous voulons générer
du trafic. Nous avons entamé des discussions avec les grands
sites français pour établir des partenariats. Nous
avons un programme d'affiliation, qui est l'un des plus grands
avec celui d'Amazon. CDNow dispose de 230.000 sites affiliés.
Le principe est de placer des bannières sur les différents
sites partenaires. Un système de commission de 7 à 15%
selon le taux de clics vers notre site a été mis
en place.
Quel est l'investissement nécessaire
pour aboutir à ce résultat?
La majorité des dépenses sont consacrées
à l'acquisition de clients. Nous investissons des dizaines
de millions de dollars, online et offline, pour la promotion de
nos services. Nous sponsorisons la remise des Grammies aux Etats-Unis
(l'équivalent des Victoires de la musique en France, NLDR).
Nous sommes également en France pour rencontrer les grands
médias (radio, télévision...).
Quand serez-vous prêt?
La traduction en français sera prête vers le mois
d'août. Le paiement s'effectuera en francs et en cinq autres
monnaies européennes à partir d'octobre. La mise
en place du site sera graduelle. Nous devrions être entièrement
prêts pour Noël 2000. Il est vrai que CDNow a une vue
mondiale mais pour les marchés clés en Europe, c'est-à-dire
l'Angleterre, l'Allemagne et la France, nous voulons avoir une
véritable présence locale.
Et vous allez proposer des téléchargements d'extraits
musicaux en ligne?
Oui, c'est très clair. En tant que chaîne de distribution
en ligne de musique, nous voulons vendre des CD d'une part mais
également offrir la possibilité de télécharger
des chansons. Nous pensons que plus les canaux de distribution
sont développés, plus la demande est forte. Nous
proposerons de plus en plus de titres à partir du moment
où les labels en acceptent le principe et numérisent
leur catalogue. Nous allons bientôt annoncer les chiffres,
mais je peux déjà dire que notre promotion actuelle
[des chansons gratuites, pour 15 jours] a sans doute fait de notre
site le numéro un du Web pour le téléchargement.
A quels modèles économiques réfléchissez-vous
chez CDNow pour assurer votre développement?
Nous explorons tous les modèles économiques possibles.
La musique peut prendre exemple sur la télévision:
en quelques années sont apparus des modèles de paiement
à la séance, par abonnement, en vidéo...
On peut imaginer de la même façon pour la musique
des abonnements par genre, par artiste, par label... On peut également
concevoir un modèle de distribution "gratuite"
de musique financée par la publicité.
Comment considérez-vous la concurrence?
Ceux qui proposent les meilleurs services-clients sont les concurrents
les plus directs de CDNow. En France, la Fnac est montée
sur Internet mais n'a pas fait de différence au niveau
des prix pratiqués dans ses magasins physiques. Ca n'incite
pas les personnes à s'orienter vers le Net. Parmi les chaînes
de distribution classique, le seul bon exemple pour nous est Barnes
& Noble... dont l'équipe Internet est totalement distincte
de celle des magasins et les prix de 50% moindres. En fait, les
deux entités n'ont que la marque en commun. Aux Etats-Unis,
nous proposons des réductions de 30% par rapport au marché.
Le prix n'est pas tout, mais il est très important.
Vous
adopterez la même politique en France?
C'est naturellement un aspect que nous soignerons particulièrement.
Comment
expliquez-vous qu'il y ait peu de sites américains en France?
Pour nous, c'est un véritable challenge. Je pense qu'il
est plus facile pour des produits immatériels comme la
musique de s'exporter. eToys, par exemple, devrait avoir davantage
de problèmes pour des produits physiques comme des jouets.
Quel
est votre site d'information favori ?
Netscape est
mon portail favori.
Quel
est le site que vous consultez pour vos loisirs ?
skysports.co.uk
Qu'aimez-vous
sur le Net ?
Les chambres de chat.
Que
détestez-vous ?
Le manque de bande passante. Et je trouve inacceptable le système
de paiement à la durée en Europe pour les connexions
Internet.
Clive Mayhew-Begg
est un ancien directeur Asie de Network Associates. Il avait pris
auparavant les fonctions de directeur général et
créateur de Netscape Communications en Australie. Il a
également occupé de nombreuses fonctions de manager
chez DEC Australie, GE Information Service Europe et ICL UK.
CDNow en chiffre :
Chiffre
d'affaires 98 |
98,5
millions de dollars
|
CA
six premiers mois 99 |
71
millions de dollars
|
Nombres
d'articles proposés |
500.000
|
Actionnariat |
Sony
: 37%
Time Warner : 37%
Public : 26%
|