Interviews

Fabrice Nataf
Directeur général
peoplesound.fr

Trois mois après son lancement, peoplesound.fr, site de promotion des artistes et filiale française du britannique peoplesound.com, cherche à se distinguer des autres sites du secteur en misant sur la qualité des artistes proposés. L'équipe française est sur le point de passer une série de partenariats avec des acteurs du Net [NB: le texte de l'interview a été complété et modifié le 01/06/00].

Propos recueillis par Philippe Guerrier le 30 mai 2000 .

JDNet. Etes-vous satisfait du lancement de peoplesound en France ?
Fabrice Nataf. Pleinement. Nous avons enregistré 140.000 visiteurs le mois dernier et ces derniers temps nous atteignons 5.000 visiteurs par jour. Nous avons sélectionné 400 artistes français sur un millier de dossiers reçus. Le catalogue global en comprend actuellement 7.000. C'est un départ qui correspond à celui observé au Royaume-Uni en septembre 1999.

Quand comptez-vous relancer une campagne de promotion après celle du lancement ?
Honnêtement, je ne sais pas, nous sommes en train de consulter des agences. Il est vrai qu'on n'a pas lancé une grande campagne avec des affiches 4X3, etc. Nous comptons d'abord renforcer notre offre et nos partenariats. Notre objectif final n'est pas l'introduction en Bourse puis de partir au Brésil avec nos stock-options. Nous nous engageons sur du long terme pour créer une véritable entreprise.

Comment comptez-vous vous distinguer des autres sites dans le domaine en ligne du type BeSonic.fr, FranceMP3.com ou Vitaminic.fr ?
Nous recherchons d'abord la qualité des artistes en les sélectionnant. C'est la qualité des artistes qui fera la qualité du site. Nous n'avons pas vocation à devenir un site communautaire comme BeSonic. Nous mettons également l'accent sur les partenariats, le contenu et l'événementiel. Par exemple, avec EMI, nous avons monté une opération autour de la sortie de l'album d'Iron Maiden. Nous avons eu l'exclusivité du nouveau clip du groupe. 25.000 personnes l'ont visionné.

Sur quels projets travaillez-vous actuellement ?
Nous allons bientôt annoncer une série de partenariats avec des acteurs majeurs du Net français comme Liberty Surf, Spray, Lycos, AOL entre autres. Nous voulons également faire sortir les artistes de peoplesound du strict contexte du site avec la création de compilations CD ou la promotion d'artistes indépendants dans des titres de presse.

Et des projets WAP ?
Nous rencontrons pas mal de gens dans ce domaine. Sonera, un opérateur télécom scandinave qui travaille pour le compte de Nokia, a récemment pris une participation minoritaire dans le capital de peoplesound. C'est un actionnaire stratégique qui va nous aider dans le WAP.

Avez-vous l'intention de monter un projet dans la lignée de Musiwap, autour de la musique en ligne et l'Internet mobile ?
Je ne connais pas assez ce projet pour en parler. Mais il est prévu que je les rencontre rapidement. Pour travailler sur le téléphone mobile, il faut d'abord du contenu derrière.

Musiwap travaille avec Musique-pro.com...
Il me semble que ce site n'a que du contenu français. C'est un peu court. Nous, dans notre "top ten", nous avons actuellement six artistes anglais et trois français. C'est comme si on comparaît Virgin, à la fois présent au Royaume-Uni et en France, et le Barclay des années 70.

Vous avez débuté la vente en ligne sur peoplesound.fr?
La vente de CD est marginale pour l'instant. Au Royaume-Uni, l'artiste le plus populaire sur peoplesound a dû vendre 2.000 albums. Ca n'a rien de comparable avec les succès du circuit classique. On en est encore à la préhistoire de l'Internet. Côté publicité, en revanche nous commençons à attirer des annonceurs. Mais trois mois, c'est un peu jeune pour parler chiffre d'affaires. On a prévu des pertes pour les deux prochaines années. Nous pensons pouvoir gagner de l'argent dans deux ans.

En terme de financement, où en êtes-vous ?
Le troisième tour de table de peoplesound.com, après ceux d'octobre et de mars, devrait survenir dans trois semaines. Son montant est confidentiel. [NDLR, Europ@web avait investi dans PeopleSound pour son lancement, cf article JDNet du 24/12/99]

Vous considérez-vous comme un label ?
Nous sommes plutôt un diffuseur. Nous n'offrons pas la même gamme de services qu'un label. Nous n'intervenons pas au niveau de la production par exemple. Nous présentons juste des artistes au public. Mais contrairement aux maisons de dique traditionnelles, les artistes qui signent avec nous touchent la moitié des redevances sur la vente de leurs disques, nous proposons des accords non exclusifs et l'artiste est libre de partir s'il le souhaite.

Où en sont les négociations avec la Sacem autour des droits des artistes ?
Pour l'instant, nous n'avons pas signé d'accord. Je n'ai pas envie d'en signer un qui pourrait mettre en danger la pérennité de l'entreprise. Le type de contrat que la Sacem a signé avec FranceMP3.com par exemple, ne nous convient pas. Je trouve que c'est un accord léonin même s'il n'est valable que six mois... Si on comptait vendre peoplesound dans six mois ou un an, alors là oui on aurait déjà signé... Mais on ne crée pas une société sur le long terme en jouant uniquement sur les effets d'annonce. Nous sommes résolus à trouver un accord avec la Sacem mais ce ne sera pas à n'importe quel prix.

Que pensez-vous du développement de Napster [logiciel à télécharger gratuitement qui permet d'élaborer une discothèque personnalisée avec des fichiers mp3] ?
J'ai travaillé quinze ans dans les majors et je me suis battu contre le piratage. On ne peut pas télécharger tout et n'importe quoi, faisant fi des ayant-droits. Je considère Napster comme un site pirate. Mais il est vrai qu'il est difficile d'expliquer à un gamin de 13-14 ans d'aller acheter un CD alors qu'il peut le télécharger gratuitement...

Vous croyez plutôt au streaming ou au téléchargement?
Je crois surtout à la dématérialisation. La notion de "posséder", comme on possédait sa collection de vinyles par exemple, est devenue obsolète maintenant que tout est disponible sur Internet. C'est le plaisir qui va compter.

Quel est votre site d'information favori ?
Libération.fr. Je lis la version en ligne quand je me lève tôt mais je continue à acheter la version papier car elle contient des informations qui ne figurent pas sur le site.

En dehors de peoplesound, quel autre site sur la musique en ligne regardez-vous ?
Je trouve que le site Mcity.fr de Grolier Interactive est complet.

Quels sont vos rapports avec les majors ?
Ils devraient nous voir comme un média plutôt que comme un concurrent potentiel. Nos visiteurs qui viennent pour découvrir des nouveaux musiciens ou des nouvelles musiques devraient les intéresser. Par exemple, le plan marketing de Sony pour Helicopter Girl a commencé sur peoplesound.com...

Quels produits achetez-vous sur Internet ?
Des CD ou DVD sur CDNow, Amazon ou la Fnac.

Qu'aimez-vous sur Internet ?
Le fait de participer à la naissance d'une nouvelle industrie.

Que détestez-vous ?
L'aspect amateur de certains sites et les responsables qui placent des bannières estampillés Sacem sur leurs sites, qui leur servent de fausse caution.

Fabrice Nataf, 44 ans, est titulaire d'un DEUG de science économie. Il a débuté sa carrière en tant que producteur indépendant puis a intégré des grandes maisons de disques, dont Virgin France dont il a été le PDG de 1989 à 1992. De 1992 à 1997, il occupe les fonctions de "managing director" chez Vogue et "general manager" d'Ariola en France (rattaché à BMG). Il a créé ensuite la maison de production Freedonia Entertainment.





 

 

 

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