Real Media,
c'est d'abord la force d'un grand logiciel de gestion d'espaces
publicitaires: Open AdStream. Mais la société, fondée
sur de l'ingénierie, compte aujourd'hui 60% de commerciaux
qui représentent plus de 40 sites français dont
les plus grands de la presse quotidienne régionale au travers
de Web 66... L'art de la pub en ligne par son patron français.
Propos recueillis par Corinne
Delaporte et Alain
Steinmann le 26
mars 1999 .
JDNet
: Comment est
née Real Media?
Philippe
Paget : En fait, lorsque Dave Morgan a créé
Real Media, il avait la volonté de lancer un réseau
de gestion de publicité qui aurait permis la planification
et le ciblage de la publicité en ligne et la création
de rapports. Ce logiciel, AdStream, a d'abord été
utilisé par le New York Times et le Washington Post. Puis,
les éditeurs ont désiré un logiciel qu'ils
puissent installer sur leurs propres machines, ce qui leur permettait
de garder chez eux toute leur base statistique.
La
régie publicitaire est venue après...
Oui,
RealMedia s'est rapproché de PubliGroupe qui est une des
régies leader dans le monde (elle couvre une trentaine
de pays). A Paris, PubliGroupe est présent sous le nom
de Publicitas. Nous pouvions alors proposer aux sites web éditoriaux
la force d'une grande régie et un logiciel exploité
par plus de 700 sites. En France, nous avons démarré
en septembre 97 en vendant tout d'abord Open AdStream à
TF1, France 2, France 3 et d'autres. Le prix de la licence de
notre logiciel a beaucoup joué: 60 000 francs contre les
600 000 de NetGravity. Nos clients ont vite choisi.
Quels
sont les sites que vous détenez en régie?
Plus de 40 sites français utilisent Open AdStream. Mais
nous pouvons aussi représenter des sites qui n'utilisent
pas notre logiciel. Nous nous adaptons s'ils utilisent un logiciel
reconnu. C'est d'ailleurs le cas d'un ou deux de nos clients.
Vous avez été à
l'origine de Web 66, pouvez-vous nous le présenter?
Web
66, c'est une offre qui permet d'annoncer sur une trentaine de
sites de presse quotidienne pour un seul prix en une seule opération.
C'est une première en France qui n'a pas d'équivalent
même si Acessite a essayé de créer un mini
web 66...
Comment
développez-vous la gamme de sites que vous représentez?
Nous
suivons la demande des annonceurs. Par exemple, nous recherchons
actuellement des webs jeunes et des radios parce que les annonceurs
veulent aller sur ces sites. En fait, nous n'essayons pas de vendre
des bouquets, c'est difficile. Nous préférons parler
de pôles. Nous avons en portefeuille un pôle PQR avec
Web 66, un pôle financier (Qualisteam, Journal des finances),
un pôle technologie (IDG, éditeur du Monde Informatique)
et un portail: Excite.
Vous
arrivez à vendre votre stock?
Cela
dépend des éditeurs. Sur Excite, ça dépend
même des chaînes de contenus. En général,
nous vendons 50% du stock des chaînes mais nous montons
jusqu'à 100% du stock de certaines chaînes thématiques.
IDG par exemple vend 100% de son stock.
Quelle
évolution avez-vous remarqué sur le marché
?
Nous voyons apparaître les premières
campagnes qui frisent le million de francs. C'est une réelle
progression. Dans leurs plan médias, les grandes entreprises
consacrent en moyenne 2% de leur budget à Internet. Ca
peut faire rêver quand on sait qu'il y a quelques mois,
les grandes sociétés inscrivaient la pub on line
dans leur budget informatique! Nous avons eu 60 annonceurs l'année
dernière et ce chiffre va augmenter très sensiblement
dans les mois qui viennent.
Comment expliquer la frilosité
des annonceurs?
Le problème qui se pose, c'est celui du
passage d'un média à un autre. Ils cherchent de
la créativité et sont très attentifs aux
taux de clic. En tant que régie, nous ne pouvons pas nous
désolidariser de l'annnonceur et de son taux de clic. Le
problème de la langue est aussi très difficile à
gérer. Nous pouvons vendre les sites que nous représentons
à des annonceurs américains ou allemands comme Opel
mais l'inverse est difficile. Aller voir un annonceur français
et lui promettre des résultats avec des publicités
aux Etats-Unis, c'est impossible. Prenons l'exemple typique du
Parisien: aux Etats-Unis, on achète Le Monde. Une campagne
en ligne pour le Parisien n'y changerait rien...
Qu'est-ce-qu'une bonne campagne alors?
Une bonne campagne, ce n'est pas un seul bandeau,
c'est la succession de 3 ou 4 bandeaux. Il n'y a pas de bonne
campagne type, il faut une bonne stratégie globale. En
France, nous avons quelques annonceurs très mûrs,
comme Sofinco ou la Banque Directe, mais la plupart des annnonceurs
passent encore trop leur temps à compiler des données.
Pour l'instant, nous n'avons que 40% de nos clients qui traitent
en direct avec nous (Microsoft par exemple), les autres sont représentés
par des centrales, même IBM est dans ce cas.
Qu'aimez-vous sur le Net ?
J'aime les sites déconnants, les Virtual
Baguette, Fluide Glacial ou Nirvanet.
Que détestez-vous sur le Net
?
Les sites qui n'ont pas compris la spécificité
du média, qui s'en servent mal. Par exemple, les journaux
qui reproduisent leur contenu en ligne tel quel. Et puis, il y
a tous ces sites lourds, remplis de Java qui font planter ma machine
tout le temps. Ceux là, je ne les aime vraiment pas...
Philippe Paget a débuté sa carrière au service
marketing et commercial du magazine Le Point. Avant d'être nommé
directeur général de Real Media France, il a passé une
grande partie de sa carrière comme responsable commercial en agence
de communication et de promotion (Reco, Ensemble Conseil). En
1993, il a créé sa propre agence "Présence d'Esprits",
où il a développé notamment des outils de communication
on line et off line pour ses clients.
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