Avec
Alain Bensoussan Avocats
Quelle
réglementation pour les ventes aux enchères sur Internet ?
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par
Eric Barbry, avocat à la Cour, directeur du Département
Internet de Alain
Bensoussan - Avocats, président de l'Association
Cyberlex
|
Le 3 mai 2000, le Tribunal de
Grande Instance de Paris a statué sur la délicate question
de vente aux enchères sur Internet par des personnes autres
que des commissaires-priseurs. (Lire
le commentaire dans la rubrique juridique).
Le 27 juin dernier le Sénat adoptait
pour sa part le projet de loi portant " réglementation
des ventes volontaires de meubles aux enchères publiques
".
Cette nouvelle réglementation
a fait couler beaucoup d'encre dans la mesure ou elle remettait
en cause le monopole des commissaires-priseurs.
C'est donc couvert par un brouhaha médiatique que les dispositions
légales destinées à régir la vente aux enchères sur Internet,
ou une partie d'entre elles, ont été adoptées.
Le texte nouvellement adopté
dispose en son article 3 :
" Le fait de proposer,
en agissant comme mandataire du propriétaire un bien aux enchères
à distance par voie électronique pour l'adjuger au mieux disant
des enchérisseurs constitue une vente aux enchères publiques
au sens de la loi. Les opérations de courtage aux enchères
réalisées à distance par voie électronique se caractérisant
par l'absence d'adjudication et d'intervention d'un tiers
dans la conclusion de la vente d'un bien entre les parties
ne constituent pas une vente aux enchères publiques. Sont
également soumises aux dispositions de la loi à l'exclusion
des articles 7 et 17, les opérations de courtage aux enchères
portant sur des biens culturels réalisées à distance par voie
électronique ".
En son article 7 la loi précise
enfin que
" lorsque l'exposition
ou la vente a lieu dans un autre local, ou à distance par
voie électronique ... ", la société doit en aviser préalablement
le " Conseil des ventes volontaires de meubles aux enchères
publiques " institué par l'article 18 de la loi.
La nouvelle réglementation prévoit
une distinction entre diverses formes de vente aux enchères
sur Internet : celles qui sont réalisées sous la forme d'un
mandat et celles qui relèvent d'une opération de courtage.
La différence entre les deux
formes d'intervention s'avère primordiale, à l'exception de
la vente de biens culturels pour laquelle le texte prévoit
que la loi s'applique quelle que soit la forme d'intervention
en ce compris les opérations de courtage.
Pour les autres biens il sera
nécessaire de s'intéresser au rôle réel tenu par le prestataire
ou l'éditeur du site Web qui souhaitera proposer un espace
de transaction sous forme d'un service d'enchères publiques.
Une analyse au cas par cas n'est pas à exclure et les débats
sont sans doute loin d'être éteints du seul fait de l'adoption
de ce texte. Des travaux parlementaires, il peut être relevé
que la différence entre mandat et courtage semble résider
dans le fait que le premier agit pour le compte du vendeur
alors que le second ne ferait que mettre en relations vendeurs
et acheteurs, les parties disposants seules du pouvoir de
contracter ou non.
Le fait qu'un espace de commerce
en ligne soit ou non qualifié d'espace de vente aux enchères
n'est pas sans incidence car si le monopole des commissaires-priseurs
est bel et bien fini, ce type de vente demeure strictement
encadrée par la loi.
La nouvelle loi ne règle en tout état de cause qu'une partie
des problèmes puisqu'elle semble évacuer d'un revers de main
la problématique de la vente aux enchères de prestation de
services or cette forme de commerce se développe de manière
exponentielle sur le Net.
Cette loi n'aborde pas non plus
la problématique de la loi applicable et la juridiction compétente
s'agissant des ventes sur Internet alors que cette question
avait été abordée et médiatisée autour de l'affaire Nart.
On peut penser que la nouvelle réglementation relative à la
vente aux enchères sur Internet ne soit qu'un premier pas
pour la régulation de cette nouvelle forme de commerce et
que des compléments pourraient être apportés à l'occasion
de l'adoption de la loi sur la société de l'information. [F.B.,
juillet 2000]
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