Comment rendre les Mooc (encore) plus attractifs ?

C'est un fait. Les Mooc révolutionnent en profondeur l'apprentissage et la formation professionnelle. Mais ils pourraient encore davantage séduire les apprenants en misant encore plus sur la personnalisation et l'intelligence artificielle.

En matière de Mooc, la qualité du contenu joue un rôle majeur dans l’expérience d’apprentissage. Mais la manière de transmettre ce contenu est tout aussi importante, au même titre qu’un professeur passionné saura faire aimer son cours. Il existe donc de bons et de mauvais Mooc, comme il existe de bons et de mauvais professeurs. Le grand point de différentiation du digital learning avec l’e-learning traditionnel est l’approche centrée sur l’apprenant qui se concrétise par :

La prise en compte de la motivation de l’apprenant

Peu de participants à des Mooc suivent l’intégralité d’un cours. En réalité, ils sélectionnent souvent les parties qui leur sont utiles, ou bien suivent un cours dans le désordre alors que d’autres optent pour une posture plus consumériste en ne regardant que quelques vidéos. 
Le Centre pour l’éducation à l’ère digitale de l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL) constate qu’un tiers des participants à leurs Mooc sont des "viewers" qui ne se soumettent pas aux exercices. Comment interpréter cela ? L’apprenant qui suit uniquement une partie choisie d’un Mooc ne doit pas être considéré comme un "décrocheur" mais comme un apprenant construisant son propre parcours d’apprentissage. Un apprenant va suivre un cours sur l’urbanisme et la mobilité ou le Big Data durant son temps libre parce qu’il est intrinsèquement motivé à le faire. Les entreprises doivent exploiter la motivation des apprenants et non pas l’ignorer.

Des sessions très courtes

Un apprentissage efficace nécessite des unités brèves pouvant être utilisées indépendamment les unes des autres afin de pouvoir concilier les moments disponibles pour l’apprentissage et les contraintes de la vie professionnelle. Le format vidéo s’est imposé comme le format principal pour offrir un contenu de micro-learning. Les recherches ont confirmé le besoin d’unités brèves : les apprenants ne regardent pas les vidéos de plus de trois minutes dans leur intégralité.
 
Une expérience d’apprentissage mobile

Si les apprenants doivent être en mesure de vivre leur parcours d’apprentissage où et quand ils l’entendent, il est essentiel de proposer une bonne expérience d’apprentissage mobile. Cependant, seul 12 % du contenu de formation d’entreprise est "mobile" ; alors que 77 % des français âgés de 18 à 75 ans déclarent posséder un smartphone, 49 % l’utilisant dans les transports en commun et 42% s’en servant pour envoyer des mails professionnels (enquête Deloitte 2016). Si l’apprentissage est censé être source d’efficacité au travail, alors l’expérience d’apprentissage doit s’adapter à la façon dont les gens travaillent et non l’inverse.

Une dimension sociale

De manière générale, la dimension sociale n’existe pas dans le cadre de l’e-learning traditionnel. Cela reste vrai alors même que les sciences de l’apprentissage ont prouvé l’efficacité de l’apprentissage collaboratif en tant que mécanisme pédagogique depuis les années 90. Le social learning fonctionne grâce au tutorat entre pairs, à la facilitation sociale, au conflit socio-cognitif et à la co-construction des connaissances, entre autres. Les Mooc innovants exploitent le potentiel de l’apprentissage par les pairs. Ils développent même de nouvelles opportunités, telles que l’utilisation du crowdsourcing en tant qu’approche sociale de l’enrichissement et de la génération de contenu, voire même de la création de l’innovation.
 
Le jeu pour apprendre en s’amusant

Beaucoup de plateformes de Mooc utilisent les mécanismes de la gamification, du moins jusqu’à un certain point. La gamification de l’expérience d’apprentissage consiste à utiliser les mécanismes du jeu, c’est-à-dire les principes de fonctionnement des jeux tels que les niveaux, les statuts, les comptes à rebours ou encore les récompenses et les bonus, afin d’impliquer et de motiver les utilisateurs pour qu’ils achèvent leurs objectifs d’apprentissage. La plupart des plateformes de Mooc, cependant, n’offrent que des badges et un tableau des scores. Les fournisseurs de Mooc les plus avancés proposent des mécanismes plus élaborés tel que des mini-jeux, des compétitions ou des systèmes de vies.

Vive la personnalisation

Les apprenants ont non seulement des niveaux de connaissance différents, mais ils sont également très différents dans leurs pratiques d’apprentissage et leurs préférences. Leur permettre d’être plus indépendants en proposant une plus grande flexibilité n’est pas l’unique réponse à ce défi. Les Mooc doivent innover pour pouvoir offrir le parcours d’apprentissage le plus adapté, efficace et plaisant possible à chaque individu. La problématique majeure ici est de trouver le juste milieu entre l’Intelligence Artificielle et l’autodétermination des apprenants. L’Intelligence Artificielle la plus puissante ne pourra pas améliorer l’apprentissage si les apprenants ne comprennent pas et ne peuvent pas influencer leur parcours d’apprentissage. Nous devrons donc chercher à appliquer aux Mooc la notion d’"Intelligence Augmentée" telle qu'introduite par IBM.