Marie-Christine
Levet (Club Internet) : "La télévision sur ADSL nécessite une régulation
immédiate"
Par le Journal
du Net (Benchmark Group)
URL : http://www.journaldunet.com/0312/031210tvadsl.shtml
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Mercredi 10 décembre 2003
Dans une lettre ouverte diffusée dans les
Echos du 9 décembre, cinq dirigeants du monde des télécommunications
et de l'Internet (Marie-Christine
Levet pour Club-Internet, Charles Rozmaryn pour Cegetel, Jacques Veyrat
pour LDCom, Philippe Besnier pour UPC France et Olivier Anstett pour Télé2
France) s'inquiètent du contexte d'émergence de la télévision
sur ADSL. Avec le lancement de Free TV et l'arrivée imminente de
l'offre TPSL alliant T¨PS et France Télécom, ils demandent
aux pouvoirs publics de "se saisir immédiatement des nouvelles
offres afin de les apprécier au regard du droit de l'audiovisuel,
des télécommunications et de la concurrence". Marie-Christine
Levet revient sur les enjeux de la télévision ADSL qui semblent
déterminants à ses yeux.
JDN.
Que craignez-vous avec l'apparition des offres de télévision
sur ADSL ?
Marie-Christine Levet. Lorsqu'un nouveau marché apparaît,
il faut qu'une concurrence puisse s'installer avec des règles de
concurrence saines. Nous ne voulons pas que le schéma du lancement
des offres d'accès ADSL se répète avec le développement
des offres de télévision sur ADSL. Or, selon les premiers
éléments dont nous disposons, il apparaît que l'offre
TPSL ne sera pas accessible aux internautes haut débit clients
d'un FAI qui développe des offres d'accès dégroupées
en option
1. C'est notamment le choix de Club-Internet mais aussi d'autres fournisseurs
d'accès. Cette situation est inacceptable car nos abonnés
haut débit ne pourront pas souscrire à l'offre TPSL. Nous
craignons un effet de churn (ou perte d'abonnés au profit
d'un autre), ce qui constituera un détournement fort de clientèle.
A l'origine,
nous pensions que l'offre TPSL ne comprenait pas de couplage automatique
et que l'utilisateur pourrait accéder à l'offre de télévision
ADSL quel que soit le choix de son FAI haut débit. Mais on nous
indique maintenant que l'offre TPSL n'est pas techniquement compatible
avec les offres des FAI qui développent le dégroupage. Secundo,
il n'y a pas d'homologation des tarifs d'accès Internet haut débit
via TPSL de la part de l'Autorité de Régulation des Télécommunications
(ART). Toutes les pratiques de libre concurrence entre opérateurs
sont bafouées.
Pourtant,
la concurrence a déjà commencé : Free vient de lancer
son offre, LDCom et le groupe Canal + travaillent ensemble sur le
sujet...
L'offre de télévision
ADSL de Free est un coup marketing qui s'adresse aux abonnés Freebox.
Ce qui nous inquiète, c'est que l'offre TPSL soit vendue dans des
agences France Télécom. De facto, ce mode de commercialisation
évince tous les autres clients Internet haut débit n'ayant
pas choisi une offre d'accès émanant de l'opérateur
historique. Nous avons l'impression d'évoluer dans un contexte
de Far West, avec un environnement flou en terme de régulation.
L'année prochaine, nous estimons que 1,1 million de nouveaux abonnés
ADSL vont arriver sur le marché avec un développement du
taux de churn en parallèle. C'est une logique de marché
mais, avec l'offre TPSL commercialisée dans les agences France
Télécom, nous craignons que le churn ne tourne trop
en faveur de Wanadoo. Pour l'instant, nous évoquons ce sujet par
le biais d'une lettre ouverte pour alimenter le débat public sur
ces nouveaux sujets technologiques, mais nous n'excluons pas de déplacer
le débat sur le terrain juridique.
Cette
accélération de la cadence dans le domaine de la télévision
ADSL modifie-t-elle la stratégie Internet haut débit de
Club Internet ?
C'est un sujet novateur
que l'on regarde avec intérêt. En France, il existe deux
bouquets satellites. Les accords signés entre opérateur
télécom et opérateur de bouquets satellite ne sont
pas exclusifs mais nous ne voulons pas être évincé
de prime abord de ces marchés émergents. Cependant, cela
ne bouleverse pas en profondeur notre stratégie Internet haut débit.
Ceux qui sont les plus directement touchés par ce développement
technologique sont les câblo-opérateurs. En Allemagne, notre
maison-mère T-Online a choisi une voie différente : au premier
trimestre 2004, elle va lancer l'offre T-Online Vision on TV, qui tourne
autour d'offres d'accès Internet haut débit autour du poste
de télévision et un énorme catalogue audiovisuel
pour développer la vidéo à la demande.
Free interpellé sur les droits de propriété intellectuelle
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La stratégie de "First Mover Advantage" a quelques inconvénients,
notamment celui d'essuyer les plâtres. Avec le lancement la
semaine dernière de son offre de télé Asdl (lire
l'article
du JDN), Free se voit reprocher par les producteurs audiovisuels
d'enfreindre le Code de la Propriété Intellectuelle. Dans une lettre
co-signée adressée à la direction du groupe FAI,
sept organisations de professionnels de la production audiovisuelle
soulignent que "la plupart des contrats individuels des producteurs
avec les chaînes de télévision n'ont pas prévu une telle reprise intégrale
et simultanée des chaînes sur lesquelles sont diffusés leurs films."
Du coup, elles en déduisent que "la question de la propriété
intellectuelle et donc de la libération des droits des oeuvres n'est
pas réglée. A notre connaissance, cette retransmission simultanée
et intégrale de chaînes de télévision conventionnées par le CSA ou
déclarées auprès de lui n'a donné lieu qu'à la signature de contrats
entre Free TV et les éditeurs de chaînes", rapportent les organisations.
Celles-ci souhaitent rencontrer la direction de Free pour rendre l'offre
Free TV "conforme à la loi." |
[Philippe Guerrier, JDNet]
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