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Avril 2006

La mondialisation du vivant

Les espèces invasives sont la deuxième cause de disparition de la biodiversité après la destruction de l'habitat. Deux tiers de mammifères pourraient ainsi disparaître ces prochaines années. Mais pourquoi cette invasion sans précédent ?

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» La négligence
C'est la cause la plus fréquente, surtout lorsqu'il s'agit d'espèces invisibles. Le phylloxéra, redoutable ravageur de la vigne, a été introduit par des cultivateurs désireux d'implanter une nouvelle variété américaine. Idem pour le varroa, un parasite des abeilles qui a accompagné les transhumances des ruches.

» L'agriculture et l'élevage
Importées pour les usages de l'homme, les espèces s'évadent facilement dans la nature. Sur l'île d'Hawaï, on cultive de la canne à sucre (de Nouvelle Guinée), de la noix de Macadamia (d'Australie), des ananas (d'Amérique du Sud)… mais plus aucune trace d'espèce autochtone ! En France, on a planté des pins sur la côte Méditerranéenne, qui ont supplanté les chênes sauvages. Les huîtres portugaises ont pris la place des huîtres plates, qui ont quasiment disparu.

Les parasites, comme le varroa, sont souvent transportés avec les marchandises. Photo © Scott Bauer, USDA Agricultural Research Service, forestryimages.org

» La mondialisation
L'essor des échanges commerciaux a considérablement augmenté le nombre "d'invasions". Des moustiques se baladent par avion, des moules squattent les coques de navires, des insectes voyagent par camion…Tous les produits sont potentiellement suspects : le moustique tigre asiatique a par exemple été transporté dans des pneus usagés.

» La préservation des espèces
Si l'intention est louable, ses effets peuvent être inverses de ceux désirés. En Afrique, les éléphants protégés depuis 1980 se trouvent en surpopulation dans de nombreux parcs. Le koala, introduit sur l'ïle Kangourou pour empêcher sa disparition, a dévoré les forêts d'eucalyptus.

» La pollution
Les phosphates rejetés dans l'eau provoquent par exemple l'eutrophisation de l'eau, c'est-à-dire sa fertilisation, ce qui entraîne une prolifération d'algues normales ou microscopiques. L'étang de Berre a par exemple été infesté par une algue rouge toxique, rendant les coquillages impropres à la consommation.

» Les fausses bonnes idées
La lutte "biologique", qui consiste à introduire une espèce prédatrice pour en éliminer une autre, peut parfois tourner au fiasco. En témoigne cette histoire édifiante. Dans les années 40, plusieurs îles du Pacifique veulent se débarrasser du rat, arrivé clandestinement sur les navires des marins du 18ème siècle. Ils décident donc de faire venir de varans, prédateurs du rongeur. Le problème, c'est que les varans chassent le jour, alors que les rats sont actifs la nuit. Non seulement les varans ne capturent pas les rats, mais en plus ils s'attaquent aux poules des élevages. Il faut donc de toute urgence chercher de quoi les nourrir autrement. On importe donc une troisième espèce, le crapaud buffle. Hélas, celui-ci est toxique et finit par exterminer les varans… et les chats. Ces derniers étaient pourtant parmi les rares animaux à chasser le rat… qui continue lui de prospérer.

Des livres pour en savoir plus

Algues, lapins, termites... Quelles espèces nous menacent ? (Michel Lamy - Le Pommier - 4,28 euros)

Les arbres voyageurs (Andrée Corvol - Robert Laffont - 19,95 euros)


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