Les Web agencies et le CRM tirent la croissance des SSII

Parmi les valeurs de la net économie cotées à la bourse de Paris, les SSII spécialisées sur Internet ont affiché en 1999 des performances largement supérieures à la progression du CAC 40 (+ 43,66 %). C'est ce qu'affirme e baromètre IDC du marché français des services pour les deux premiers trimestres 2000. Plus précisément, ce sont surtout les "pure plays", les sociétés de services Internet de type Web agencies, qui ont connu la plus forte progression de leur valorisation. En progressant de 496,76 % en moyenne, elles devancent très nettement les SSII spécialisées (+ 148,03 %) et les généralistes comme Cap Gemini ou Steria (+ 88,99 %).
Plus généralement, comment se sont déroulées les activités des SSII en 1999 ? Après un ralentissement important des commandes d'ERP à partir de la fin du premier semestre 1999, la fin de l'année dernière a été principalement marquée par le bug de l'an 2000, privilégiant les activités de support, de maintenance et d'infogérance au détriment du conseil et de l'ingéniérie. Par ailleurs, l'année 1999 aura connu le changement des priorités applicatives dans les entreprises, qui ont eu tendance à délaisser les projets classiques de type PGI/ERP (progiciels de gestion intégrés) au profit de la mise en place et du déploiement d'applications pour leurs intranets. Cette nouvelle orientation profite avant tout aux Web agencies. Les SSII généralistes, de leur côté, ont d'abord bénéficié du développement de l'infogérance en rapport avec le recentrage des entreprises sur leur métier.
Cette année, prévoit IDC, après un premier trimestre calme comme tous les ans, les investissements devraient redémarrer principalement autour du CRM et de l'e-business, en particulier le SCM (gestion de la chaîne logistique) dans les 3 mois qui suivent. Le troisième trimestre devrait, quant à lui, constater la reprise des projets ERP en particularité dans les PME/PMI. L'un des éléments clefs qui feront la réussite des SSII généralistes sera la connectivité et l'interopérabilité entre les différents progiciels du système d'information. Constatant une demande très forte de conseil et d'intégration dans le domaine de l'Internet, alliée à une croissance très rapide du nombre et de la taille des projets intranet, IDC prévoit que le marché des services informatiques pourrait représenter près de 150 milliards de francs à la fin de l'année. A titre comparatif, le CA total réalisé par la profession a atteint 129,3 milliards de francs en 1999.
Seule ombre au tableau, la pénurie d'informaticiens rencontrée depuis 2 ans par les SSII risque de s'aggraver en 2000 avec le passage aux 35 heures. L'accord de branche du Syntec, sur lequel s'appuient de nombreux accords signés en interne dans les entreprises, peut encore être rejeté par le Tribunal de grande instance de Paris devant lequel les délibérations ont lieu en ce moment, suite à la plainte déposée par les syndicats CGT et CFTC. Ces derniers participent actuellement à un mouvement de grève du personnel des SSII à Toulouse afin de réclamer le rejet du texte de la branche. Si celui-ci venait à être rejeté, la croissance en 2000 des sociétés de services pourrait sérieusement en pâtir.