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Interviews |
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Stéphane Werba
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Directeur
général France |
Ascential
Software |
"Quand
on parle qualité des données, on parle forcément qualité du
travail de collecte" |
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Informix
n'est plus. Vive Ascential
Software et IBM.
D'un côté, le nouvel éditeur formé
officiellement en mars a repris les activités de l'ex-géant
du logiciel liées à la gestion du capital informationnel/média
et à la business intelligence (lire
article du 15/03/2001). De l'autre, Big Blue s'est emparé
de l'activité restante focalisée sur les bases
de données en avril (lire
article du 25/04/2001). Aujourd'hui, dans le cadre de notre
dossier
sur le décisionnel, nous abordons les aspects historiques
liés à l'extraction de données (ETL), et
les évolutions de l'offre d'Ascential Software avec son
directeur général France Stéphane Werba.
Les problématiques soulevées sont appuyées
par les propos de Stéphane Heckel, chef de produits Europe
du Sud. |
Propos recueillis par François Morel le 19
juin 2001
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JDNet
Solutions: Comment qualifiez-vous aujourd'hui votre activité,
notamment dans le domaine de la business intelligence (B.I.)
?
Stéphane Werba:
La business intelligence
est un terme très large, et nous nous qualifions de fournisseurs
d'infrastructures de business intelligence. Ensuite, nous intervenons
aussi dans un second domaine, qui est celui de l'Information
asset management. Pour en revenir à la B.I., notre premier
produit s'occupe de la gestion des mouvements de données.
Dans ce cadre, nous aidons les entreprises à concevoir
des systèmes décisionnels, qu'il s'agisse de datamarts
ou de datawarehouses. Nous les construisons à l'aide
de DataStage qui prend en compte les mouvements de données
et est un outil d'ETL. Mais au sein du processus décisionnel,
nous n'intervenons pas sur la partie reporting qui n'est pas
notre métier. Pour cela, nous travaillons avec d'autres
éditeurs spécialisés comme Business Objects
et Brio.
Concernant
l'extraction, à quels types de sources vous connectez-vous
de façon native ?
Nous
avons une politique très simple qui consiste à
développer des connecteurs à la demande, en fonction
des besoins particuliers de l'entreprise. Sinon, nous disposons
au minimum d'une quarantaine de connecteurs natifs reliés
à des applications et bases de données du commerce.
Parmi ceux-ci, nous pouvons citer du côté
des données elles-même : ODBC, les fichiers plats
et les fichiers structurés complexes. Concernant les
bases de données, nous avons par exemple des connecteurs
natifs Oracle, Sybase, IBM Terradata et DB2. Enfin, sur le plan
applicatif, nous proposons des liens vers SAP R/3, SAP BW, PeopleSoft,
et la solution CRM de Siebel. Cette liste n'est évidemment
pas exhaustive.
Quels
sont vos avantages concurrentiels par rapport aux autres éditeurs
spécialisés, comme Acta, Informatica et Information
Builders ?
Par rapport à Acta qui évolue autour de l'ERP,
il s'agit de notre capacité à prendre en compte
une problématique non exclusive vis à vis d'un
domaine fonctionnel précis. Notre vision est à
la fois plus large au niveau des sources et des cibles. Par
rapport à ces acteurs, notre offre répond de même
façon aux problématiques ETL, mais nous sommes
les seuls à pouvoir fonctionner tant sur des environnements
client/serveur que mainframe. Et comme vous avez pu le constater,
nous avons signé un partenariat majeur avec IBM qui a
validé notre technologie sur ces deux supports. De plus,
nous avons aussi des modules qui couvrent les aspects liés
à la qualité des données et à la
gestion des métadonnées.
Quelle
place peuvent prendre les technologies web dans le contexte
d'utilisation de DataStage ?
Le mouvement des données peut s'appuyer sur des protocoles
web comme Http et Soap, qui son liés aux Web Services.
En d'autres termes, le flux de données va pouvoir transiter
à travers ces deux protocoles. Au dessus, nous avons
développé une interface graphique pour apporter
une approche non technique de la situation. Le produit DataStage
s'appuie sur des connecteurs qui s'appuient sur des protocoles.
Et l'interface graphique permet de définir la connexion
et le transfert des données, ainsi que leur conversion
éventuelle.
Au
delà de l'extraction, avez-vous l'intention de prolonger
votre offre dans le domaine de l'EAI ?
Nous savons répondre à des problématiques
EAI, mais ce n'est pas notre cheval de bataille. Ceci dit, nous
pouvons intégrer des composants MQSeries pour traiter
des messages applicatifs, ou même des connecteurs XML.
En fait, nous alimentons des schémas préfabriqués
qui sont élaborés par le client ou un partenaire.
Ensuite, nous capturons la source et nous l'écrivons
dans la cible, et ceci quelle que soit la nature de ce réceptacle.
Comment
gérez-vous l'étape de constitution des metadonnées
?
Un système décisionnel est composé de différents
outils. Il faut utiliser un outil pour modéliser la base
et créer les schémas, et un autre comme DataStage
pour organiser les données, puis enfin vient la phase
de reporting. Or, chacun de ces outils utilise son propre vocabulaire
de métadonnées. Pour gérer celles-ci dans
leur ensemble et entre ces différentes parties de la
chaîne, nous fournissons un autre outil, MetaStage, qui
permet d'administrer les métadonnées et de les
consulter en naviguant dans un système d'annuaire ou
de pages jaunes. Mais il faut pratiquer une analyse d'impact
pour définir et mieux comprendre l'utilisation d'un objet
dans son environnement.
De
quelle manière abordez-vous l'analyse d'impact ?
L'entreprise définit une règle métier.
Et elle désire savoir dans quel processus d'extraction
cette règle sera utilisée, puis dans quel projet
elle est stockée, et sur quelle machine tournent ces
processus. Ensuite, il est possible d'effectuer l'analyse d'impact
sur différents outils du marché, comme par exemple
les logiciels de modélisation PowerDesigner de Sybase,
Designer 2000 d'Oracle, ERWin de Computer Associates et
ER/Studio de Embarcadero. Ceux-ci permettent de créer
des schémas de bases de données. Et avec MetaStage,
nous offrons la possibilité d'importer les référentiels
générés par tous ces outils au niveau du
système de pages jaunes. Nous procédons de même
avec DataStage, et avec les outils de restitution comme Business
Objects, Cognos, Brio et Microstrategy. Nous offrons donc la
possibilité d'importer ces objets et de naviguer dans
le référentiel qui devient le principal. Et partir
de celui-ci, l'on peut effectuer l'analyse d'impact et l'analyse
d'usage.
Quelle
sont les problématiques de l'audit et de la qualité
des données ?
Nos clients ont du mal à aborder cette partie car il
s'agit d'un sujet délicat. En effet, quand on parle de
problème de qualité des données, on peut
imaginer que cela aboutit à une remise en cause de la
qualité du travail des personnes chargées de leur
saisie. Mais les systèmes évoluent vite, ainsi
que les contributions fiscales sur certains sujets, et il est
le plus souvent impossible d'obtenir des données avec
une qualité élevée. D'où la pertinence
d'une solution comme la nôtre, qui permet justement d'améliorer
la qualité des données. Et ceci ne prend pas de
temps. En 10 minutes, nous démontrons un problème
de qualité, et en deux semaines la pertinence d'une méthodologie.
Et si l'entreprise souhaite l'effectuer de manière généralisée,
il faut adresser les différentes sources de données
une à une, et répéter ces audits à
différentes échéances pour arriver au constat
que la qualité évolue.
Qui
sont vos clients sur la partie décisionnelle et vous
adressez-vous plus particulièrement à certains
secteurs ?
Nous avons un peu plus de 1 800 clients au niveau
mondial, dont plus de 250 en France. Nous sommes donc le
leader incontesté. En France, notre principal concurrent
sur ce domaine doit être Genio. Quant aux acteurs que
vous avez cités, Informatica doit compter ici une centaine
de clients et Acta seulement une trentaine.
Sinon, nous sommes présents majoritairement sur le secteur
des télécommunications, avec France Télécom
qui est notre plus grand client mondial, mais aussi Kertel,
Bouygues Telecom et plus de 60 autres opérateurs.
Puis, nous adressons le marché du luxe avec notamment
un contrat LVMH au niveau mondial, mais aussi l'Oreal, Clarens,
Yves St Laurent et Yves Rocher. Ensuite, dans la pharmacie,
nous travaillons pour des entreprises comme Aventis, Sanofi,
Synthelabo et les laboratoires Pierre Fabre. Dans l'industrie,
je peux vous citer Alcatel, Airbus, Legrand et Renault. Et enfin,
nous sommes également très présents dans
le secteur de la banque-assurance, avec des clients tels que
le Crédit Agricole, la Caisse d'Epargne, la Société
Générale et le Crédit Lyonnais avec leur
place de marché Seliance.
Votre
offre comprend-elle également des produits situés
plus en aval du processus décisionnel ?
Nous avons d'autres produits comme WebSuccess, qui permet d'analyser
le comportement de l'internaute. Nous constituons un ensemble
de métriques pour mieux comprendre l'utilisation du site
web et le schéma de navigation de l'internaute. Dans
le détail, il s'agit de savoir d'où il vient,
quel est son parcours, etc. En plus de cet ensemble de métriques,
nous livrons un schéma en étoile au dessus duquel
nous installons un outil de reporting comme Business Objects
qui offre une vue des utilisateurs. Dans ce domaine, notre solution
est la seule du marché qui pouvait obtenir la certification
délivrée par Yphise, la seule société
d'étude indépendante à être certifiée
ISO 9001, et qui va publier un rapport très bientôt.
Qu'évoque
pour vous la problématique des données non structurées
?
Celles-ci ne sont pas forcément utilisées par
des systèmes décisionnels, mais le sont souvent
pour alimenter un portail d'entreprise. Et dans ce cadre, nous
avons sorti notre offre de portail Axielle qui constitue un
réceptacle de l'information non structurée comme
les fichiers Word et Excel. Nous nous appuyons par exemple sur
des marqueurs, comme des connecteurs, qui permettent de lire
et d'écrire des fichiers XML. Et au travers de ces marqueurs,
nous savons représenter l'information.
Pouvez-vous
nous présenter votre nouvelle stratégie autour
du Media Asset Management ?
Tant au niveau des hommes que des technologies, Ascential est
né en partie de l'histoire d'Ardent (ETL) et de celle
d'Informix. A l'origine, Informix était éditeur
de bases de données, mais l'évolution a pris corps
tant au travers des ressources en R&D que des autres rachats
qui ont donné lieu à de nouvelles solutions et
technologies.
Donc, aujourd'hui, nous en arrivons au Media Asset Management,
qui représente la gestion du patrimoine vidéo
des entreprises. L'objectif, dans une problématique de
diffusion télévisuelle, est de collecter l'information
numérique par différents biais, de l'indexer,
de la stocker, puis d'enchérir des métadonnées
et de donner la possibilité à l'utilisateur de
retrouver tous les reportages sur un sujet ou une personne.
Lorsque nous parlions de données structurées et
non structurées, nous sommes ici en plein dans ce sujet
et nous procurons un nouvel avantage pour l'entreprise.
ETL,
e-CRM, portail, Media Asset Management... ne donnez-vous pas
l'impression de trop vous diversifier ? Quelle est la cohérence
globale de votre offre ?
Au contraire, tout ceci est bien organisé et tout à
fait complémentaire. Prenons
l'aspect d'analyse du comportement des internautes. Ici aussi,
il faut collecter l'information et la manipuler, ce que nous
faisons avec DataStage. Nous avons donc une vraie complémentarité
sur cet aspect. Ensuite, le Media Asset Management apporte une
solution pour gérer l'information non structurée
de type photos ou vidéos numériques. Et pour prendre
des décisions, l'entreprise a de plus en plus besoin
d'accéder à cette information. C'est pourquoi
il est important de bien la gérer. Enfin, il est nécessaire
de visualiser tout cela au travers du navigateur web, et nous
proposons notre offre de portail Axielle. C'est pourquoi notre
positionnement est pertinent.
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Lorsqu'Informix prend la décision de se scinder en
deux en septembre 2000, Stéphane Werba, 37 ans,
est nommé directeur général France du nouvel
éditeur Ascential Software. Précédemment,
il était directeur commercial d'Ardent Software. Puis,
l'éditeur de la suite décisionnelle DataStage
focalisée sur l'extraction et la consolidation des données,
a été racheté par Informix à la
fin de l'année 1999 (lire
article). Diplômé d'une maîtrise de mathématiques
et sciences sociales et d'un DESS commerce et marketing, il
a démarré sa carrière en tant qu'ingénieur
commercial puis responsable d'agence chez Interleaf. Au bout
de cinq ans, il occupe le poste d'ingénieur d'affaires
chez l'éditeur Compuware (gestion et mesure de performance)
pendant deux années. A l'issue de cette expérience,
il prend la responsabilité du lancement de l'outil DataStage
édité alors par VMark Software, avant le rachat
de ce dernier par Ardent.
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