|
DECRYPTAGE
|
|
Au-delà de l'EAI, les systèmes de communication, futur triomphe de XML
. par Alain Lefebvre, vice-président du groupe SQLI (www.sqli.com)
|
Dernièrement,
le Gartner Group a lancé (avec succès, Le
Monde Informatique s'en faisait l'écho la semaine
dernière
) l'expression EAI (Enterprise Applications
Integration) qui symbolise l'effort d'harmonisation nécessaire
pour intégrer véritablement les ERP au sein
du système d'informations. Les analystes s'interrogent
pour savoir quelle technique sera à la base de ces
opérations d'EAI: un CORBA enfin finalisé
avec sa version 3 ? un DCOM plus ouvert sur les systèmes
non-Microsoft ? un panaché de MQ-Series d'IBM et
de BEA ? ou encore XML comme outsider improbable car trop
rustique (par rapport aux solutions mentionnées ci-avant
)
?
Comme d'habitude, c'est la solution la plus simple (car
la plus souple et la plus accessible) qui va triompher !
Dans cette perspective, XML a tout pour lui:
c'est un standard (pas tout à fait finalisé
et comportant bien des dérivés mais, comme
SQL, cela ne va pas l'empêcher de faire une belle
carrière) ;
c'est un méta-format relativement simple et complet
(80% du potentiel de SGML pour 20% de sa complexité,
un bon ratio !).
Mais ce n'est pas que pour des raisons techniques (XML serait
le meilleur choix) que les opérations d'EAI vont
être menées en s'appuyant sur XML, c'est plutôt
parce que c'est la seule solution possible. Car, il serait
absurde de limiter la problématique de l'EAI à
la communication interne des systèmes d'une entreprise
entre eux. Ici le mot-clé est "interne" car il est
désormais clair que l'enjeu de la performance des
entreprises (sur le plan informatique) n'est plus seulement
"interne", c'est à la capacité à échanger
avec l'extérieur que l'on va de plus en plus juger
les systèmes d'informations.
L'échange entre applications est un problème
qui s'est toujours posé en informatique et dont l'enjeu
va encore croître en importance
Tous les responsables
informatiques ont toujours été confronté
à la question suivante "comment faire communiquer
mes différents (et nombreux) systèmes entre
eux ?". C'est pour adresser cette question que l'on a exploré
les différentes déclinaisons du middleware,
de la RPC au Message Queuing en passant par COM et CORBA.
Cette phase d'expérimentation des middlewares mentionnés
a été plutôt décevante: les interfaces
se sont révélées compliquées
à programmer, les environnements spécialisés
sont apparus coûteux en ressources systèmes
et, comble d'ironie, l'absence de standards à rendu
fuyante l'indispensable interopérabilité.
Aujourd'hui, la question est reformulée et elle en
devient encore plus cruciale: "comment échanger rapidement
et facilement avec les partenaires de mon business (fournisseurs,
sous-traitants, distributeurs, etc.) ?". Loin d'être
résolu, le problème s'est désormais
élargi à l'interface vis-à-vis de l'extérieur
du système d'information et il est clair qu'on ne
pourra répondre enfin à ce défi qu'avec
un format d'échange standard.
Parallèlement à cela, le Web poursuivait son
évolution débridée. Pour offrir des
contenus toujours plus riches et à jour, les gestionnaires
des grands sites sont souvent contraints de "fédérer"
sous leur bannière de multiples intervenants. Des
producteurs de contenus différents qui publient sur
un même site utilisent une technique appelée
"syndication".
Ce type de publication collaborative va se multiplier sur
le Web et elle est rendue possible grâce à
la disponibilité d'un format standard et n'imposant
à chacun que des aménagements de surface de
son système. En s'articulant autour de ce tronc commun,
tous les participants d'une "syndication" n'ont qu'un effort
minime à faire pour échanger des contenus.
Ce format standard qui a la publication partagée,
c'est XML.
Depuis environ 2 ans, le standard XML fait l'objet de nombreux
commentaires dans la presse et est le sujet de prises de
positions de la part des acteurs de l'industrie. Tout ce
"bruit" peut faire craindre un effet de mode sans fondement.
Le faux débat "XML va-t-il remplacer HTML" a détourné
notre attention du vrai rôle que peut (doit) jouer
XML côté serveur en focalisant sur la problématique
client alors que cette dernière évolue très
lentement.
Or, il s'avère que les récentes évolutions
de certains éléments du standard d'une part,
et les perspectives ouvertes par certaines offres du marché
d'autre part ont notablement changé la situation...
Pour comprendre ce tournant, voyons quels sont les éléments
qui ont changé la vision qu'on pouvait avoir de ce
sujet ?
Il y a tout d'abord l'achèvement du standard XSL
(XML Style Sheet). A première vue, on pourrait croire
qu'il ne s'agit que d'un concurrent du standard CSS (les
feuilles de style du HTML) alors que ce dernier a déjà
beaucoup de mal à percer !
En fait, la direction prise par XSL concrétise le
rôle complémentaire de XML vis-à-vis
de HTML. En effet, il n'est plus question de remplacer le
format HTML par le couple XML+XSL mais plutôt de générer
une ou des pages HTML à partir d'une sortie au format
XML auquel on aura appliqué une feuille XSL spécialisée
(ce mécanisme de translation de XSL ne se limite
pas à HTML mais peut être utilisé avec
profit en direction d'un Palm, d'un GSM, d'une WebTV, etc.).
Ensuite, le marché s'est enrichi d'une offre de plus
en plus étoffée de serveurs "XML". Ces serveurs
d'applications utilisent le XML comme format de sortie des
requêtes qui leur sont adressées. Les serveurs
d'applications et les bases de données "classiques"
commencent aussi à intégrer un "parser" XML
(mécanisme de base pour interpréter ou générer
des documents au format XML) comme Oracle qui en a doté
la version 4.0 de son Application Server ainsi que son Oracle8.
Progressivement deux domaines d'excellences du XML sont
en train de se dégager:
le XML comme format de stockage des contenus des dérivés
de XML spécialisés dans l'échange de
données entre applications
Le premier cas d'utilisation est très prometteur
car des recherches croisées sur un contenu vaste
et riche seraient particulièrement efficaces grâce
à la présence de balises descriptives entourant
chaque donnée, caractéristique qui rejoint
la nature même du langage XML. Ainsi, les moteurs
de recherches pourraient produire un travail bien plus efficace
qu'aujourd'hui où le HTML impose une approche de
type " texte intégral " (et où une bonne partie
du code n'est présent que pour définir l'apparence).
Mais cela reste encore et pour un certain temps du domaine
de la promesse car les serveurs spécialisés
restent jeunes et très peu utilisés.
En revanche, le XML comme format d'échange est définitivement
la voie à creuser ! Et là, il ne s'agit pas
de vagues promesses mais bien d'une réalité
déjà tangible: tous les acteurs, de IBM à
Sun en passant par Oracle ou Microsoft, intègrent
la génération (et la lecture) de documents
XML dans leurs plates-formes. Microsoft est un de ceux qui
met le plus en avant cette évolution à travers
une initiative appelée " biztalk " (avec même
un site dédié à www.biztalk.org).
Mais pourquoi XML serait-il la solution idéale pour
les opérations d'EAI ?
Tout simplement parce qu'il n'est pas limité, comme
le sont les autres middlewares, à fonctionner à
l'intérieur du réseau d'entreprise mais qu'il
est aussi à l'aise sur l'Internet
En effet, les échanges de documents XML entre applications
peuvent même se faire à travers HTTP ce qui
simplifie encore le processus. L'utilisation du protocole
HTTP comme vecteur des messages XML permet l'envoi de message
standard à travers l'Internet (plus d'obstacle de
type FireWall puisque HTTP est admis à peu près
partout !) et concrétise ainsi la forme d'EDI simplifié
que le marché attendait depuis l'explosion de l'Internet.
Car la capacité à utiliser l'infrastructure
standard de l'Internet est devenue un critère-clé.
Ainsi, après quelques années d'interrogations
dubitatives, il n'y a désormais plus de doute: les
années qui viennent sont celles du "tout-Internet".
Le changement en cours est encore plus structurant que l'irruption
des PC dans l'arsenal technique. En effet, la montée
en puissance d'Internet provoque un bouleversement en profondeur
du fonctionnement même des entreprises !
En fait, il ne s'agit plus de construire ou de moderniser
le système d'informations des entreprises. Ce dernier,
dans sa forme traditionnelle, est quasiment achevé
et ce n'est plus dans ce domaine que les utilisateurs d'informatique
vont consacrer leurs investissements technologiques...
Désormais la vitesse est de plus en plus considérée
comme un facteur essentiel. Dans le contexte concurrentiel
actuel, ce ne sont plus les gros qui mangent les petits
mais les rapides qui avalent les lents !
Et pour obtenir cette vitesse de fonctionnement, il faut
accélérer les échanges entre tous les
intervenants concernés par les processus de l'entreprise.
Il est clair qu'entre deux fournisseurs, vous allez forcément
finir par privilégier celui qui vous permet de consulter
son stock en ligne et qui vous affiche l'état de
vos commandes à la demande
Progressivement, cette
exigence et l'habitude du tout-en-ligne vont se généraliser.
Le bouleversement commercial induit par le Web provoque
une réintermédiation qui n'est pas sans conséquences
sur les entreprises qui produisent et distribuent des produits,
des biens et des services... Pour ces dernières,
l'enjeu prioritaire va être de s'interfacer au mieux
avec ces nouveaux intermédiaires, pivots commerciaux
du Web.
Tout comme les sous-traitants de l'industrie ont dû
s'adapter à la production en flux tendus pour répondre
aux exigences de leurs donneurs d'ordres ou comme les fabricants
de produits alimentaires se sont pliés au mode de
fonctionnement de la grande distribution, toutes les entreprises
vont devoir adapter leur système d'information afin
de faciliter les échanges avec les intermédiaires
spécialisés du Web... C'est donc un tout nouveau
"système de communication électronique" qui
est à construire pour la plupart des entreprises.
Ce dernier n'est pas seulement constitué d'un serveur
Web et d'une messagerie aux normes Internet, en fait, la
plupart des applications devront pouvoir être utilisées
depuis l'extérieur via l'Internet. Et la majorité
des bases de données devront être en mesure
de recevoir ou d'émettre des informations depuis
un format standard afin de faciliter ces échanges
et cette circulation de l'information entre les multiples
intervenants des processus des entreprises. L'entreprise
va devoir flanquer son système d'information d'une
interface dédiée, universelle et standard.
En relation avec ce que nous venons de voir auparavant,
il y a de bonnes chances que cette interface soit basée
sur XML tant pour émettre des données vers
l'extérieur que pour convertir ceux que l'entreprise
recevra depuis l'Internet.
Bref, alors que les conservateurs parlent d'EAI, ceux qui
ont compris que le véritable enjeu était de
se mettre en conformité avec le "tout-Internet" bâtissent
le système de communication
[Alain
Lefebvre, vice-président du groupe SQLI]
|
|
|
|