Avec
la déclaration d'intention du plaignant (le gouvernement
des Etats-Unis) de procéder à la scission du N°1 du logiciel,
le procès Microsoft arrive à un point clé
! Vous avez sûrement déjà lu çà et là de nombreux commentaires
pertinents sur cette affaire, son déroulement et ses perspectives,
inutile donc d'en rajouter dans cette veine. Ce que je vous
propose ici, c'est plutôt de vous dévoiler ce qui va se
passer prochainement et pourquoi les choses devraient s'enchaîner
ainsi
Tout d'abord, laissez-moi vous révéler que toute
cette affaire repose sur une double méprise assez savoureuse
: le gouvernement américain était persuadé que la menace
d'un procès allait pousser Microsoft à rentrer dans le rang
alors que, de son côté, Bill Gates est totalement convaincu
que la raison est pour lui et que cela apparaîtra forcément,
tôt ou tard. L'un et l'autre ont tort et c'est à cause de
cette double méprise que cette affaire a pu aller jusque
là. Gates pense sincèrement que Microsoft n'a rien à se
reprocher, que le comportement de sa société se situe dans
le cadre de la loi et qu'il ne s'agit que d'un complot ourdi
par des fonctionnaires incompétents encouragés par des concurrents
mauvais perdants. Tout ce malentendu devrait donc se dissiper
dès qu'il aura en face de lui une administration plus au
fait des réalités du monde du logiciel. Bill Gates se trompe
lourdement car il n'a pas vraiment compris ce que le gouvernement
des Etats-Unis lui reprochait. A sa décharge, cela n'a jamais
été exprimé officiellement. Mais c'est bien dans les vrais
motifs du procès qu'il faut chercher la motivation de l'administration
américaine. Les politiciens américains ne veulent pas d'une
autre super-puissance que la leur, que ce soit à l'extérieur
ou à l'intérieur. Ils sont donc bien décidés à faire en
sorte que Microsoft rentre dans le rang et que ce soit Al
Gore ou W. Bush qui remplace Clinton ne changera rien à
cette détermination. Avec la montée de l'Internet, il était
temps de faire un exemple, Intel l'a compris, pas Microsoft
De leur côté, ni Joe Klein, ni Janet Reno (du département
de la justice américain) ni même le juge Jackson
(en charge du procès actuel) n'avaient bien saisi la mentalité
des dirigeants de Microsoft. Ces derniers ne comprennent
que la force et, jusqu'à présent, les autorités américaines
avaient eu une approche trop "douce" dans leur confrontation
avec l'éditeur de Windows. C'est cette erreur d'appréciation
et de comportement qui explique l'arrogance et l'attitude
inadéquate qu'ont affichées les dirigeants de Microsoft
qui ont été impliqués dans les débats (mauvaise foi, contradictions,
vidéo truquée, etc.).
Bien, nous connaissons tous l'état actuel de ce combat et
les ressorts qui l'ont déclenché et entretenu. La vraie
question désormais est "comment tout cela va-t-il se terminer"
? Tous les professionnels du monde l'informatique savent
bien qu'une éventuelle scission ne serait pas une solution
efficace vis-à-vis du jeu concurrentiel. Mais c'est bien
la seule menace qui puisse faire réfléchir Bill Gates et
le pousser à se soumettre. Viendra donc une période discrète
où les deux parties vont négocier sérieusement de façon
à aboutir à un accord dont le vrai contenu ne sera pas dévoilé.
Ce que veut le gouvernement américain, c'est que ses grandes
puissances économiques (les grandes sociétés américaines)
soient mobilisables à tout moment et pour son service exclusif.
Microsoft peut donc dominer son marché du moment qu'il se
comporte comme Boeing ou comme General Electric qui sont
aussi d'importants intervenants contractuels des agences
gouvernementales américaines. Et s'ils veulent garder un
certain contrôle sur l'évolution de l'Internet, les Etats-Unis
auront certainement besoin, entre autres, de l'appui dévoué
d'un éditeur comme Microsoft. Donc, je pense que ce premier
procès ira à son terme et que le verdict final sera très
lourdement défavorable à Microsoft (avec une sérieuse perspective
de scission comme sanction). Microsoft fera inévitablement
appel de ce premier jugement mais plutôt que d'épuiser tous
les recours possibles (appel, cours suprême), négociera
activement une sortie honorable. L'accord " officiel " mettra
l'accent sur un code de bonne conduite illustré concrètement
par la mise dans le domaine publique des APIs de Windows
(au moment où ce dernier commencera justement à perdre de
sa domination sans partage, ce sera même sera un bon moyen
de le relancer !). En vérité, on l'aura compris, le véritable
accord aura surtout eu pour but de faire comprendre à Gates
qu'il pouvait être l'homme le plus riche du monde (en ce
moment, Larry Ellison est passé devant mais ce n'est que
provisoire) mais qu'il devait quand même allégeance à quelqu'un
[Alain
Lefebvre, vice-président du groupe SQLI]