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LES CONSEILS DE L'AVOCAT
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Télécommunications: présélection du transporteur et sélection appel par appel
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Rubrique
animée par Christiane Féral-Schuhl
du Cabinet SHH
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Depuis l'ouverture du marché des
Télécommunications en France, au 1er janvier 1998, les abonnés
de France Télécom jouissent de la possibilité de sélectionner
un autre opérateur qui acheminera leurs appels, en composant
le préfixe de cet opérateur à chaque appel (sélection "appel
par appel"). Le décret n° 99-922 du 27 octobre 1999, modifiant
l'article D. 99-16 du Code des Postes et Télécommunications
et relatif à la présélection du transporteur, récemment entré
en vigueur, autorise la présélection de l'opérateur de télécommunications
par le consommateur. Ce texte a des conséquences importantes
sur le service offert aux consommateurs et crée des droits et
obligations nouveaux pour les autres opérateurs.
Parallèlement à la faculté de sélection appel par appel, et
donc à l'obligation de saisir un préfixe, qui représente une
certaine contrainte pour le consommateur et un frein au développement
du marché, le décret précité, en instaurant le mécanisme de
présélection, offre au consommateur la possibilité de "sélectionner"
directement un autre opérateur sans composer de préfixe. A compter
de sa présélection et à l'exception de certains appels locaux,
l'opérateur choisi acheminera systématiquement et automatiquement
les communications de l'abonné. L'opérateur ainsi "pré-sélectionné"
deviendra de fait l'opérateur par défaut de l'abonné.
La mise en place du mécanisme de présélection a donc pour but
de créer plus d'égalité entre les différents opérateurs et de
stimuler la concurrence en tachant de faire évoluer le comportement
du consommateur. En effet, dans le cadre de la sélection appel
par appel, les opérateurs bénéficiant d'un préfixe à un chiffre
(dit " E ") sont plus spontanément choisis que les opérateurs
ayant un préfixe à quatre chiffres (dit " 16 XY "). L'introduction
de la présélection est susceptible de diminuer cette inégalité.
De plus, malgré la faculté offerte aux abonnés de France Télécom
de s'adresser, par le biais de la sélection appel par appel,
à d'autres opérateurs offrant des services plus compétitifs
ou plus adaptés à leur besoin, France Télécom continuait à bénéficier
de sa position d'opérateur par défaut.
En pratique, la mise en uvre de la présélection reste inachevée.
En effet, l'Autorité de Régulation des Télécommunications (ART)
n'a pas encore pu mettre en uvre de solution définitive. D'une
part, le catalogue d'interconnexion de France Télécom pour l'année
2000 (article 3.1), approuvé par l'ART le 16 décembre dernier,
précise que la présélection sera introduite en France, dans
des conditions acceptables pour tous les opérateurs, le 1er
avril prochain. Toutefois, durant une période transitoire allant
du 17 janvier au 1er avril 2000, une présélection partielle
est possible pour les opérateurs disposés à fournir à France
Télécom le nom de leurs clients (ou du moins les trois premières
lettres de ce nom). Ces opérateurs devront en outre bénéficier
d'un mandat signé du titulaire de la ligne afin de demander
la présélection en son nom. Ces contraintes sont de nature à
augmenter les coûts administratifs et les délais de mise en
uvre de la présélection pour les opérateurs. D'autre part,
la sélection du transporteur vers les mobiles n'est toujours
pas prévue et devrait intervenir à partir de juillet 2000, lorsque
les cahiers des charges des opérateurs mobiles (GSM et DCS 1800)
seront alignés sur le régime de l'interconnexion appliqué à
la téléphonie fixe, laissant aujourd'hui plus de 20 millions
de numéros inaccessibles par le biais de la présélection.
Par conséquent, les disparités entre opérateurs restent importantes
et France Télécom, "opérateur par défaut", bénéficie de l'application
partielle de la présélection. La France est en retard sur plusieurs
autres pays européens, pour la mise en place de la présélection
et de la sélection appel par appel vers les mobiles, ce qui
la met en porte à faux avec les dispositions du droit communautaire
(Directive 99/61/CE du Parlement Européen et du Conseil du 24
septembre 1998, modifiant la directive 97/33/CE, pour ce qui
concerne la portabilité du numéro et la présélection de l'opérateur),
énonçant notamment que la présélection doit encourager une réelle
concurrence entre les opérateurs sur le marché des télécommunications.
Jeroen Luchtenberg et Olivier de
Baecque
Avocats à la cour
Salans Hertzfeld & Heilbronn
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