Archivage et
droit de la preuve
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par
Christiane Féral-Schuhl
avocat associé, Salans Hertzfeld & Heilbronn
Intégrant l'activité de
FG Associés |
A l'heure où la France adopte
un texte visant à assimiler la preuve électronique à la preuve
papier, la question de l'archivage reste entière. On rappellera
que la durée de conservation des actes peut varier, sauf prescription
plus courte, de dix ans en matière commerciale à trente ans
en matière civile. Mais la loi n'apporte aucune précision
concernant les formes de l'archivage. Elle prévoit seulement
la faculté de présenter, à titre de commencement de preuve
par écrit, une copie qui soit une reproduction fidèle et durable
de l'original (article 1348, al. 2 du Code civil). La reproduction
doit être indélébile et entraîner une modification irréversible
du support.
Il convient donc de démontrer
au juge que le support présenté remplit les critères de fiabilité
énoncés ci-dessus, c'est-à-dire que les méthodes d'enregistrement
permettent la restitution du message, sans altération, dans
son format d'origine. Dans ces conditions, les supports magnétiques
sont à exclure puisqu'ils sont réinscriptibles. Pour ce qui
concerne le disque optique numérique, option retenue le plus
souvent, on peut considérer qu'il offre les garanties requises.
En effet, s'agissant d'une perforation au laser (numérisation
à l'aide d'un scanner puis mémorisation des données sur le
disque), l'enregistrement entraîne une modification irréversible
du support. Mais, dans la mesure où il est possible de copier
et de modifier les données gravées sur le disque numérique
puis de les mémoriser sur un autre disque optique, on peut
imaginer deux éditions papier différentes. Il peut donc être
difficile d'identifier la copie fidèle de l'original.
Consciente de cette faiblesse,
l'AFNOR (Association française de normalisation) a travaillé
sur l'identification de l'uvre numérique, en visant l'élaboration
d'un algorithme associé à l'image numérique du document, lequel
constituerait un moyen de détecter de façon logique toute
falsification. Il reste encore à se préoccuper de la lisibilité
du support, laquelle est étroitement dépendante de sa durée
prévisible et des logiciels, matériels et autres éléments
associés qui en permettront la lecture. Espérons que ces interrogations
trouveront des réponses concrètes avec le décret d'application
à venir qui devrait définir les conditions techniques qui
permettront de présumer de la fiabilité du procédé.
C. F.-S.
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