Chaque
semaine, le JI détaille les étapes de
la construction et de l'évolution de sites Web remarquables.
Pour participer à cette rubrique, contactez François
Morel.
L'entreprise: Bourse
Direct a démarré son activité
de broker en ligne en janvier 1997, d'abord sur Minitel et
par téléphone, avec un capital de 250.000 francs.
Mis en ligne en juillet 1998, le site regroupe à présent
près de 4.000 comptes, plus 1.000 sur le
nouveau site Bourse Discount lancé en février
2000. Au premier trimestre, l'entreprise a traité environ
100.000 ordres de bourse, dont près de 55 %
sur Internet, 20 % sur Minitel et 25 % par téléphone.
Elle a été introduite en bourse en novembre
1999.
Le
responsable du projet: Philippe
Gellman, directeur général de Bourse
Direct, en est aussi l'un des co-fondateurs. A ce titre, il
a piloté le projet et les développements autour
du site jusqu'à l'arrivée d'un responsable informatique.
Chargé de la mise en place de l'architecture et du
choix des prestataires. il s'est également occupé
des aspects liés au cahier des charges. Arrivé
en février 1999, Gwenael Année
est aujourd'hui le responsable du développement Web,
en charge de la définition de ses besoins au sein de
l'équipe interne de 4 développeurs. Il
complète les propos de Philippe Gellman sur un plan
technique.
Quels
ont été les objectifs de départ
du site ?
Philippe
Gellman: "Notre principal objectif
était de devenir le premier broker
français en ligne. En janvier 1998,
l'Internet français en était
à ses débuts en matière
de bourse. Avec le temps, nous avons largement
dépassé nos objectifs. Pour
la fin 2000, nous tablons sur un peu plus
de 20.000 clients. Il s'agit d'une politique
très volontariste car il nous en reste
15.000 à gagner. Nous prévoyons
qu'ils seront répartis à moitié-moitié
sur Bourse Direct et Bourse Discount. Les
études estiment qu'il existera près
de 600.000 comptes en ligne en France
d'ici 2001. Depuis notre introduction en bourse,
nous tablons sur une part de marché
de 7 % à cette échéance,
soit près de 40.000 comptes."
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Quelle
valeur ajoutée proposez-vous au client ?
"Au départ,
la première valeur ajoutée
du site était de diffuser en temps
réel les cours de la bourse, auto-rafraîchis
à l'aide d'applets Java. Cela permet
à notre client de rester connecté
depuis 9 heures du matin jusqu'à
17 heures 30 sans avoir à cliquer
pour rafraîchir les cours. De plus,
nous disposons du système de passation
d'ordres le plus rapide du marché,
qui permet de passer les ordres en quelques
secondes et de recevoir la réponse
dans le même laps de temps.
Le deuxième élément
important tient dans l'information que nous
diffusons à partir de différentes
sources. Sur nos fiches correspondant aux
valeurs, l'internaute peut trouver l'ensemble
des informations synthétisées
en provenance, par exemple, de l'agence
Option Finance et du fil PRLine. Notre partenariat
avec Reuters permet également de
consulter les cours de toutes les places
boursières du monde ainsi que ses
communiqués en temps réel
et sa base de données.
Enfin, troisième élément
distinctif, nous avons offert des points
bourse en WebTV très en avance par
rapport aux autres. Un professionnel commente
le marché et ce qui se passe sur
les valeurs plusieurs fois par jour. L'internaute
peut lui poser des questions par mail, auxquelles
il répond parfois quelques heures
plus tard dans l'une de ses interventions
suivantes. Aujourd'hui, nous en diffusons
trois par jour, accompagnées de tableaux
sur les évolutions des valeurs, des
principales devises ou même des matières
premières. Cette rubrique est très
suivie et enregistre un fort taux de clics."
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Quels
moyens avez-vous investi sur le site et quels résultats
attendez-vous ?
"Notre
chiffre d'affaires était de 4.000 francs
en janvier 1997. Le mois dernier, nous avons
affiché 12 millions de francs.
Pour la fin de l'année, nous tablons
sur un CA de l'ordre de 170 millions
de francs dont 60 % liés au
Web. Aujourd'hui, notre investissement en
matière de liaison Internet et de
sécurité est d'environ 1 million
de francs par an. Le matériel et
les logiciels représentent une immobilisation
de 2 millions de francs. Nous venons
d'acheter un gros serveur Alpha sous VMS
pour 700.000 francs qui devrait nous durer
à peu près deux ans. Ceci
dit, nos investissements les plus importants
ne sont pas techniques, mais en terme de
publicité. Nous allons investir cette
année près de 10 millions
d'Euros dans ce domaine."
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Quels
sont les principaux challenges du site sur un plan
technique ?
"Au départ,
il s'agissait d'arriver à délivrer
l'information le plus rapidement possible,
de la manière la plus conviviale
et synthétique. Nos clients ne disposent
pas de 4 heures par jour pour gérer
leur portefeuille. Donc, nous avons lancé
des fiches sur les valeurs qui permettent
au client d'obtenir toutes les informations
et d'orienter sa décision. Au départ,
le site était conçu en deux
parties et il fallait que l'accès
aux requêtes sur le portefeuille soit
le plus clair et le plus synthétique
possible.
Aujourd'hui, notre nouveau challenge est
d'apporter de la personnalisation en adaptant
l'information spécifique en fonction
du profil des clients. Nous devons donc
faire évoluer notre architecture
de pure base de données vers un système
expert. A l'aide de celui-ci, l'internaute
bénéficiera de conseils d'achat
et de vente sur les valeurs, en fonction
de nombreux critères tels les bénéfices
anticipés, la croissance des bénéfices
et certains aspects techniques."
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Sur
quels outils s'appuie BourseDirect.com ?
"Le
site s'appuie sur deux serveurs, l'un pour la vitrine
et l'autre pour les transactions. Tous deux fonctionnent
sous Unix SCO avec le serveur Web de Netscape. Nous
utilisons aussi Apache pour certaines fonctionnalités.
Quant à notre base de données, il
s'agit d'Oracle 8i. La sécurisation est gérée
par CheckPoint dont le firewall est situé
sur des stations Sun Solaris. Toute notre sécurité
est externalisée auprès d'une filiale
de France Télécom qui la gère
24h/24 avec une station sur site.
Pour les pages dynamiques, nous n'en utilisons pas
dans le sens premier. Nous avons pour l'instant
recours à des requêtes FTP. Une nouvelle
version du site devrait voir le jour fin août
avec une base de données indexable en fonction
de critères personnalisés. Nous n'avons
pas encore finalisé la réflexion sur
les technologies, mais il est probable que nous
ayons recours à des moteurs de Servlets avec
Cold Fusion pour les pages dynamiques."
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Utilisez-vous
des outils de gestion de contenus ? De gestion de
la relation client ?
"La
gestion de contenu est pour nous la grande
question du moment. Nous sommes en phase de
réflexion car chaque produit a ses
avantages et inconvénients. Nous allons
probablement nous orienter vers une solution
propriétaire.
Pour la gestion de la relation client, nous
n'en faisons pas encore pour l'instant. Nous
venons de faire l'acquisition d'un ERP édité
par Navision, que nous comptons dans les semaines
ou les mois à venir interconnecter
avec notre site Web afin d'effectuer de la
gestion de clientèle personnalisée.
A terme, ce système devra représenter
pour nous le vecteur pour arriver au zéro-papier."
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Avez-vous
rencontré des difficultés techniques
?
"Nous
sommes dans une chaîne très complète
d'informations provenant de l'extérieur,
que nous rediffusons à travers une
architecture sécurisée. Tout
est crypté à l'aide de certificats
VeriSign, avec tout un tas de liaisons vers
l'extérieur. Si un simple maillon de
la chaîne tombe en panne, le système
devient inaccessible. Nous avons forcément
rencontré des difficultés de
mise en place, et nous sommes à la
merci de petits dysfonctionnements. En attendant,
nous n'avons pas connu d'énormes soucis
ni de saturation complète du site.
La principale cause des dysfonctionnements
vient du fait que notre système est
relié par liaison spécialisée
à un ordinateur des Banques Populaires,
dépositaire de l'ensemble des comptes
clients. Quand l'un ou l'autre serveur tombe
en panne, et que les sauvegardes sont indisponibles,
ce qui est déjà arrivé,
le client n'a plus accès à son
portefeuille. Pour cela, nous avons été
obligés de revoir l'architecture. A
la fin du mois de mai, nous allons complètement
délocaliser les fichiers clients des
Banques Populaires sur nos ordinateurs pour
pouvoir donner l'information à J-1
au client qui pourra ainsi accéder
à son compte sans qu'il n'y ait de
rupture. Ce chantier devrait être opérationnel
d'ici 15 jours." |
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Et
des problèmes particuliers concernant la
montée en charge ?
"Notre
hébergement s'appuie sur un système
de "multihoming". Cela signifie
que nous avons deux fournisseurs d'accès,
avec derrière un gros routeur Cisco
en BGP4, le protocole de gestion du multihoming
qui permet de passer de l'un à l'autre
en cas de problème. De plus, notre
liaison spécialisée (LS) a été
construite au départ de manière
à ce que nous puissions augmenter notre
bande passante en 24 heures en fonction
de la surveillance des débits en temps
réel. Nous pouvons encore multiplier
notre bande passante par 8 avant de devoir
reconstruire la LS. Nous n'avons jamais eu
de problèmes de montée en charge
et nous sommes encore confortables pour les
deux ans à venir." |
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Comment
gérez-vous l'ergonomie ?
"Notre site existe depuis quelques années,
et nous sommes en phase d'implémentation
de la nouvelle architecture. Grâce à
XML, notamment, le client final aura accès
à des fonctionnalités personnalisées
et personnalisables par lui-même. Il
faut qu'il ait l'impression de se rendre sur
"MyBourseDirect".
Pour faire évoluer le site, nous essayons
de synthétiser l'expérience
des autres par de la veille concurrentielle
et technologique pour aboutir à un
résultat quasi-idéal. L'idée
consiste aussi à réduire au
maximum le nombre de pages pour le client.
Aujourd'hui, chaque fonction appelle une page
différente. Demain, l'internaute trouvera
deux pages essentielles sur le site, celle
pour les passages d'ordres et l'autre pour
les analyses. Il faut que sur ces deux pages,
le client dispose d'un maximum d'informations
sous les yeux en un seul "shot"." |
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Utilisez-vous
des outils de mesure d'audience ?
"Non, car BourseDirect.com n'est pas
un site ouvert. En revanche, nous sommes en
train d'installer des outils sur les machines
des visiteurs." |
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Des
tests ont-ils été conduits ?
"Nous effectuons des tests permanents
sur des fonctionnalités qui évoluent
tous les jours. Mais nous n'organisons pas
de tests sur des groupes d'utilisateurs. Nos
meilleurs systèmes sont nos clients
qui nous apportent leur feedback. Grâce
à notre hotline, nous disposons d'une
remontée immédiate." |
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Quelles
sont les évolutions prévues pour le
site ?
"Nous avons déjà parlé
du système expert. Deux autres défis
techniques sont à prévoir pour
bientôt. L'ouverture aux marchés
étrangers devrait être prête
pour la fin mai. Le client y aura accès
de la même façon que s'il travaillait
sur les marchés français. D'autre
part, il pourra également profiter
de l'ensemble des informations disponibles
sur son assistant personnel, son portable
WAP, et même sur la télévision
grâce à un petit boîtier.
Nous présentons la semaine prochaine
la solution intégrale, qui permet d'avoir
accès aux cours, aux portefeuilles,
aux dépêches et aux informations,
aux graphiques et à la passation d'ordre,
que l'on soit un "pro" d'Internet,
du Palm Pilot ou de rien du tout. Nous avons
refondu l'ensemble de nos sites pour qu'ils
soient compatibles à un outil du marché,
et nous serons les premiers à proposer
une solution adaptée à ce type
d'accès." |
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Quelles
leçons avez-vous tirées de votre expérience,
et quels conseils donneriez-vous à ceux qui
se lancent ?
"Le
fait d'être les premiers permet toujours
d'avoir une longueur d'avance sur les autres.
En ce qui nous concerne, nous gardons cette
longueur d'avance dans le domaine des nouveaux
médias. Nous étions obsédés
par la sur-capacité, ce qui nous a
permis d'offrir une qualité de service
supérieure aux autres. Pour réussir,
il vaut mieux ne jamais "radiner"
sur les investissements au niveau des machines,
des architectures et des backups, car c'est
entre autres ce qui garantit la fidélisation
du client. Enfin, il faut presque toujours
prévoir 3 ou 4 mois de délais.
Car mieux vaut 4 mois d'avance que 4 mois
de retard." |
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Liens
utiles
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